Alors que la Chine est accusée d’avoir utilisé Twitter et Facebook pour discréditer les manifestations à Hong Kong, ce sont maintenant des publicités diffusées sur YouTube qui sont dénoncées.

Facebook et Twitter ne sont pas les deux seuls vecteurs dont la Chine est accusée de faire usage pour saper les manifestations pro-démocratiques à Hong Kong. Un autre levier de désinformation est également dénoncé, cette fois sur les réseaux sociaux : il s’agit de YouTube, la plus vaste plateforme de diffusion de vidéos. Plus exactement, ce sont les publicités qui s’intercalent pendant la lecture qui sont mises en cause.

Publicités orientées

« Je reçois des publicités de la CCTV sur YouTube sur la façon dont les Hongkongais aiment la mère patrie », écrit James Griffiths, auteur d’un livre sur le Grand Pare-Feu (Firewall) de la Chine, dans un tweet publié le 9 août. CCTV (de l’anglais China Central Television) désigne la télévision nationale de Chine, qui est entièrement contrôlée par le pouvoir central.

« Les publicités de CCTV comparent directement les manifestants de Hong Kong à des terroristes. Et si tu interdisais ces publicités comme Twitter l’a fait, YouTube ? », écrit un autre, le 20. Sur Reddit, un internaute se plaint que « YouTube est maintenant infesté de publicités des médias chinois disant que les manifestants sont des émeutiers violents, tout en disant que la police fait un excellent travail ».

https://twitter.com/jgriffiths/status/1159796353884536832

YouTube, comme de nombreux autres sites occidentaux (Facebook, Twitter, Wikipédia, Instagram, les grands sites de médias), est inaccessible depuis la Chine continentale. La seule façon de s’y rendre est de se servir d’un réseau privé virtuel (VPN) pour contourner les restrictions de Pékin. En conséquence, ces publicités visent manifestement à toucher les Hongkongais et les ressortissants chinois à l’étranger.

Ces encarts publicitaires poussent aujourd’hui des internautes à demander à Google, le propriétaire de YouTube, à prendre des mesures, relève The Verge. « La CCTV montre de la propagande contre les manifestants. Pourquoi aidez-vous le gouvernement chinois à saper la liberté des Hongkongais avec votre plateforme ? », dénonce un autre internaute. « Don’t be evil », réagit l’un d’eux, en citant l’ancien slogan de Google.

La chaîne YouTube de la télévision centrale chinoise.

La chaîne YouTube de la télévision centrale chinoise.

Règles publicitaires strictes

Google accepte la diffusion sur YouTube de publicités ayant trait à la politique. Néanmoins, ces annonces doivent respecter un certain nombre de règles, de façon à éviter la diffusion de contenus inappropriés, par exemple pour intimider un groupe d’individus, et la tenue de déclarations trompeuses. « Les utilisateurs ne doivent en aucun cas douter de la véracité et de la bonne foi des annonces que nous diffusons », écrit Google.

Sur YouTube, la CCTV dispose d’une chaîne principale réunissant 564 000 abonnés. Sous chacune de ses vidéos, YouTube précise qu’elle est financée entièrement ou partiellement par le gouvernement chinois — une mention que la plateforme ajoute pour chaque média, y compris français, afin d’aider l’internaute à savoir qui parle et mieux lutter contre les théories du complot, en s’appuyant sur Wikipédia.

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