Il est 18 heures passées ce 10 octobre 2018. Je suis devant un supermarché Casino, au bout de l’avenue Franklin Roosevelt, tout près des Champs-Élysées à Paris. Dans mon tote bag, j’ai glissé un pot de miel et du pain trouvés sur les étagères, à l’intérieur de l’enseigne. Avant de sortir de la boutique, je ne suis pas passée devant un caissier ni par une caisse automatique. Pourtant, le vigile qui surveille les lieux m’a laissée sortir de la boutique sans sourciller.
Ce supermarché s’appelle « Le 4 Casino » : comme son nom l’indique, il est la propriété de Casino, le groupe de distribution français qui détient aussi Monoprix ou Franprix. Ouvert au grand public depuis le 3 octobre 2018, ce magasin sans caissier ni caissière permet de payer via une application mobile. Le concept n’est pas nouveau : Amazon a déjà lancé deux enseignes automatisées dans la ville de Seattle aux États-Unis sur un modèle bien plus avancé où le client n’a même pas à scanner ses produits. Apple propose également ce type d’interaction depuis bien longtemps dans ses Apple Store.
Une app pour payer la facture
Avant de partir y faire quelques emplettes, j’ai téléchargé l’application Casino Max sur iOS (elle est aussi disponible sur Android) afin de me créer un compte — ce qui active simultanément une sorte de carte de fidélité virtuelle. Il a également fallu que j’y intègre le moyen de paiement que je souhaitais utiliser pour faire mes courses.
Lors de cette étape, Casino propose de scanner sa propre carte bancaire par l’intermédiaire de l’appareil photo, afin de faciliter son enregistrement dans l’app. La manœuvre fonctionne du premier coup. Il est temps de préparer la liste des courses.
En entrant dans le magasin, les premiers portiques à passer sont sur la droite. À côté de chacune des trois entrées, une borne lumineuse invite à ouvrir l’application Casino Max sur son propre téléphone, puis à scanner le code-barre qui s’affiche sur l’écran en direction du lecteur placé sous la borne. Ce jour-là, les portiques sont étonnamment ouverts. Je m’exécute quand même, avant de pénétrer dans le supermarché.
Sur mon écran, l’application précise que je dois présenter le code barre à l’entrée de la boutique « en mode Nuit ». Un peu plus tard, Teddy Provin, chargé de mission au sein du groupe Casino, m’explique que seul le rez-de-chaussée est ouvert 24 heures sur 24. « De minuit à 7 heures, le sous-sol et l’étage sont fermés », précise-t-il. J’en déduis que le fameux mode Nuit correspond au laps de temps entre ces horaires.
Ambiance startup et marché couvert
Le terme de supermarché est-il vraiment adéquat pour décrire Le 4 Casino ? Un premier coup d’œil aux alentours me laisse interrogative : face à moi, le rayon des fruits et légumes est impeccable, les bouteilles sont soigneusement alignées dans des étagères fermées. Mais le regard est surtout attiré par les différents stands (fromages, vins, jus d’orange, pâtisseries, cave à vins, ainsi qu’un espace pour se restaurer) qui donnent l’impression d’être dans un lieu à la croisée d’une startup et d’un marché couvert.
Un supermarché premium
Le tout semble viser assez clairement une clientèle urbaine, avec un certain niveau de revenus. La présence de nombreux produits estampillés comme caractéristiques de la gastronomie française laisse également peu de doutes quant à la volonté de Casino d’attirer des touristes à l’intérieur de sa nouvelle boutique.
Un escalier situé au fond du magasin permet d’accéder au sous-sol, que Casino a élégamment renommé en « cellier ». Cette partie de la boutique est celle qui ressemble le plus à un supermarché classique : une dizaine de rayons permettent d’acheter de l’épicerie, des produits de beauté ou d’hygiène. C’est ici que je récupère les deux produits de ce test.
L’app reconnaît facilement les articles scannés
Cela s’avère plutôt simple et rapide : il faut trouver le code-barre de l’objet, le passer dans le scanner de l’application Casino Max (accessible via un gros bouton sur l’onglet d’accueil) et le produit est reconnu avec le prix correct. Vous avez encore le choix de le retirer de la liste avant de passer « en caisse », à condition de le reposer sur son étagère évidemment.
On ne peut pas dire que je sois dérangée par le monde pendant cette excursion : la plupart des personnes présentes dans la boutique semblent travailler chez Casino, ou sont peut-être d’autres journalistes en train de tester cette nouvelle manière d’acheter du beurre, du lait ou du miel.
Un salon cozy et du coworking à l’étage
Mes deux produits scannés, je reprends l’escalier pour découvrir le dernier étage du 4 Casino. L’enseigne lui a donné le nom de « salon » : c’est ici que sont exposés les meubles, objets décoratifs et quelques gadgets high-tech vendus sur le site Cdiscount, dont Casino est le propriétaire. L’ensemble est disposé de manière à former un vaste espace où l’on trouve une zone de coworking, un « bistrot » et des tables basses et fauteuils installés en petits espaces confortables.
Sur chaque objet, Teddy Provin me fait remarquer qu’une étiquette équipée d’un QR Code est apposée : chacune affiche en temps réel le prix du produit sur le site marchand. « Si son prix baisse ou qu’une promotion est appliquée, vous le verrez également dans la boutique », m’explique-t-il. Si je suis tentée par cet achat, je peux à nouveau scanner le code dans l’application, afin d’être livrée chez moi.
Il est temps de redescendre pour régler mes achats. Sans doute par habitude, je m’attelle à cette tâche juste avant de passer les portiques de sortie : pourtant, rien ne m’oblige à le faire puisque je peux payer n’importe où dans la boutique, depuis mon smartphone. À la sortie, Casino a installé quelques caisses automatiques, pour permettre de régler la facture de manière plus traditionnelle.
Casino Max me demande de confirmer que j’ai bien scanné tous mes articles et que je souhaite payer mes courses. « N’oubliez pas de scanner vos sacs », souligne l’application lorsque je passe (virtuellement) en caisse. Puisque j’ai enregistré avec succès ma carte dans l’interface, je peux régler facilement ma facture. Pour terminer, je dois utiliser le code-barre qui apparaît à l’écran, que je présente à la borne de sortie. Le portique s’ouvre, ça marche : je viens de payer mes courses par l’intermédiaire d’un smartphone (toujours sous la surveillance d’un vigile).
C’est facile (mais cela reste cher)
Verdict ? Il n’est pas certain que je revienne rapidement faire mes courses au 4 Casino, et ce n’est pas seulement en raison de l’éloignement géographique entre mon logement et l’enseigne. Les produits sont faciles à scanner dans l’application et le paiement est rapide. Je n’ai rencontré aucun problème pour entrer et sortir du magasin, que j’ai trouvé particulièrement rangé et propre.
Néanmoins, il semble assez évident, après presque une heure passée dans ses rayons, que Le 4 Casino n’est pas destiné aux portes-monnaie qui cherchent à faire des économies. La boutique se veut volontairement « premium » : vous n’y trouverez pas de produits au rabais si c’est ce que vous recherchez. Lors de la visite, Teddy Provin ne s’en cache pas : « Nous avons volontairement misé sur des articles hauts de gamme, avec des produits que vous ne trouverez pas dans les autres Casino », m’a-t-il assuré.
Pas sûr que vous puissiez y faire toutes vos courses du dimanche matin
À titre d’indication, les articles les moins onéreux pourraient correspondre aux articles aux prix intermédiaires dans une grande surface classique. Le 4 Casino permet surtout d’acheter des produits haut de gamme : reste à savoir si cela permettra de démocratiser le paiement sans caisses dans un premier temps.
En dépit de ces réserves, l’enseigne ouvre la voie à d’intéressantes perspectives. Il est encore tôt, quelques jours après l’ouverture, pour présager de l’accueil que le grand public réservera à ce nouveau type de supermarché. Il faudra peut-être revenir faire une course dans cet endroit d’ici quelques mois.
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