Au sein d’un établissement scolaire, le choix de surveiller les faits et gestes des élèves se fait rarement sans soulever des questionnements et susciter des réticences. Ainsi, des écoles britanniques ont opté pour une solution controversée en permettant aux professeurs d’utiliser des BodyCam dans leurs classes.
Désormais, l’université de l’Arizona tente une expérience similaire auprès de ses étudiants. L’établissement a annoncé le 7 mars 2018 qu’il allait analyser « les interactions sociales et les routines quotidiennes » des personnes qui y suivent des cours, par l’intermédiaire de leur CatCard, soit leur carte étudiante.
« Les interactions sociales et les routines quotidiennes » des étudiants
Le document, équipé d’un capteur, permet notamment aux élèves d’accéder aux différentes salles et bâtiments, en plus d’être un portefeuille électronique. À chacun de leurs déplacements, les détenteurs de cette carte doivent la faire glisser dans un lecteur, laissant ainsi une « trace numérique » de leur passage.
Or, des chercheurs de l’université vont désormais utiliser lesdites traces pour voir ce qu’il serait possible d’en apprendre sur la vie quotidienne des étudiants. Ce travail revient notamment à Sudha Ram, professeure spécialisée dans les systèmes informatiques de gestion.
Une atteinte à la vie privée ?
Comme l’explique l’université sur son site, l’objectif est « d’aider les établissements d’enseignement à réutiliser les données déjà saisies sur les cartes d’identité des étudiants afin d’identifier les personnes qui risquent le plus de ne pas revenir après leur première année d’université ».
Pendant trois ans, l’université a recueilli des données sur des étudiants de première année, afin d’établir des prédictions pour savoir lesquels étaient les plus susceptibles d’abandonner leurs études.
Le procédé pose inévitablement la question de savoir s’il peut porter atteinte à la vie privée des élèves, dont les déplacements sont ainsi surveillés en permanence sur le campus. Quant à l’efficacité de la méthode, elle est probablement discutable.
« Nous vivons dans une époque où il ne faut pas tirer de généralités à propos d’un groupe de personnes. Il faut personnaliser les solutions à l’échelle individuelle », reconnaît Sudha Ram. La chercheuse préfère ainsi décrire les données analysées par l’intermédiaire des cartes étudiantes comme des « signaux », et non des preuves irréfutables que les étudiants vont quitter l’université.
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