En 2017, Ford a décidé de mettre ses technologies de conduite et d’infodivertissement les plus avancées sur ses petites Ford Fiesta. Un choix judicieux, tant ces subtilités sont souvent réservées au haut de gamme. Nous avons pu essayer ces nouveaux véhicules.

C’est sur le Circuit Jean-Pierre Beltoise, à une petite demi-heure de Paris, que nous avons essayé les nouvelles Ford Fiesta avant de partir sur les routes autour de Trappes. Dans les colonnes de Numerama, l’automobile a pris une bonne place, mais il faut reconnaître que notre biais de lecture du marché tourne autour des nouvelles technologies embarquées dans les véhicules qui en font, de l’expression de certains constructeurs, des sortes de smartphones sur roues. Alors pourquoi nous intéressons-nous à la Ford Fiesta une citadine bien connue qui, a priori, ne bouscule pas les lignes ?

Simple : cette année, Ford a décidé de faire de sa voiture iconique une vitrine pour ses technologies. Le tout, à un prix très compact : nous parlons ici d’un véhicule qui démarre à 13 950 € et qui ne dépasse pas les 21 800 € dans ses versions les plus haut de gamme et les mieux équipées. On est loin, pour l’entrée de gamme, d’une Model 3 de Tesla, sans parler des Model S ou X. Mais alors, est-ce que ces technologies sont au point ? Réponse dans notre essai.

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Une voiture bien équipée

La première chose qu’on remarque quand on s’approche de la voiture, c’est à quel point elle est équipée matériellement pour accueillir différentes technologies d’aide à la conduite ou au parking. Trois radars ont été installés à l’avant et à l’arrière, 12 émetteurs d’ultra-sons sont placés tout autour du véhicule et deux caméras voient la route à l’avant et à l’arrière. En termes de matériel pur pour l’assistance à la conduite, une petite Fiesta n’a plus grand-chose à envier à une Tesla au niveau des capteurs qui est à peu près équipée des mêmes composants pour se repérer dans l’espace.

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Caméra avant…

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… et capteurs tout autour du véhicule

 

Cela dit, Ford est encore très loin de son nouveau concurrent américain et va proposer sur sa gamme de Fiesta des technologies qui sont loin d’être à couper le souffle : elles impressionnent plutôt par leur présence sur un véhicule aussi peu onéreux. Par exemple, la Fiesta de 2017 est équipée d’un régulateur de vitesse adaptatif qui lui permet de se synchroniser à la vitesse du véhicule qui vous précède, avec une distance de sécurité réglable. Nous l’avons testé sur des nationales et une portion d’autoroute et il faut reconnaître qu’il ne nous a pas fait la moindre frayeur : la technologie est éprouvée.

À côté de lui, la caméra avant sert pour reconnaître les panneaux sur la route qui seront alors affichés sur le tableau de bord — hyper pratique quand on en a manqué un, ce qui nous est arrivé de nombreuses fois. Un système logiciel vous permet de régler un signal sonore si vous dépassez la vitesse reconnue par la caméra d’un certain seuil.

Plus intéressante, la caméra avant permet à la voiture de revendiquer une technologie de maintien dans la voie. Cela signifie que, à partir de 75 km/h, la Fiesta est capable de se maintenir sur sa voie tant que vous en mettez pas de clignotant. Cette technologie, combinée au régulateur de vitesse adaptatif, est particulièrement agréable sur autoroute : même si vous restez seul maître à bord de la voiture et qu’elle ne sait pas dépasser seule, vous aurez bien plus tendance à être un copilote attentionné qu’un conducteur surconcentré.

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Tout ce temps de cerveau rendu disponible vous permet d’être plus efficace sur la route et moins fatigué : on aime, d’autant que la technologie de Ford est vraiment bien intégrée. Encore loin du confort d’une Tesla, elle donne un avant-goût de l’autonomie d’un véhicule et le fait bien : encore une fois, la voiture a réagi exactement comme nous l’imaginions à chaque fois que nous l’avons utilisé.

Ces capteurs servent également dans des situations de conduite désagréables : par exemple, quand vous cherchez une place. La Fiesta est équipée d’une technologie nommée Active Park Assist qui repère pour vous une place en créneau ou en bataille et fait la manœuvre entièrement seule : vous n’aurez qu’à reculer ou à avancer quand le panneau vous le demande. Nos tests ont été plutôt concluants : la voiture se gare au millimètre près et de manière bien plus efficace qu’un humain et a le luxe d’aider également à la sortie d’une place un peu trop serrée.

Deux points faibles ont cependant retenu notre attention : une fois, la place qui a été repérée par le module était nettement trop étroite pour la voiture — à vous de vérifier les intuitions de la techno. L’autre fois, la fonction de freinage d’urgence qui doit se déclencher si vous reculez trop vite en vous garant ne s’est pas déclenchée… car nous étions trop lents. Elle a fonctionné parfaitement à une vitesse à laquelle nous n’aurions jamais osé nous garer en conditions réelles. Signe, encore une fois, que Ford développe ses technologies petit à petit et que cette génération a encore besoin d’humain.

Sur la route — nous en avons fait un peu plus de trois heures — nous nous sentons bien assistés au volant, ni trop peu, ni trop mal. C’était déjà le constat que nous faisions lors de notre essai du Edge, bien plus haut de gamme. Le choix du constructeur d’amener ces techno sur des gammes plus modestes est donc à saluer.

Infotainment

Si on omet la conduite qui sera bientôt une pratique devenue ringarde et qu’on se concentre sur les dispositifs d’infodivertissement et de contrôle, on remarque aussi que Ford a levé la barre. Là où on trouvait un tableau de bord simple accompagné d’un petit écran dans une grotte sur les précédents modèles, la Fiesta 2017 embarque un tableau de bord paramétrable à l’envie et une tablette tactile centrale.

La solution Sync 3 proposée par Ford sur ses modèles n’est pas un exemple d’ergonomie. Elle fait le strict minimum et on s’en contente parfois — quand elle ne bug pas, comme dans notre essai où elle ne voulait plus du tout afficher le guidage GPS par exemple. Cela dit, Ford a pensé confort des utilisateurs de smartphone et permet à toutes et à tous d’utiliser la Fiesta comme un support Android Auto / CarPlay. Les technologies d’Apple et de Google que nous vous présentions ici et là fonctionnent extrêmement bien une fois le smartphone branché au bord USB du véhicule.

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En plus d’être bien fichus, ces deux environnements hérités de l’expertise des deux entreprises dans le mobile sont familiers et s’affichent bien sur la tablette centrale de la Fiesta qui — chose rare dans l’automobile même en 2017 –, est plutôt réactive. L’utilisateur pourra pincer et zoomer sur l’écran sans mal et passer d’une app à l’autre en un tap. Siri ou Google Assistant se déclenchent au volant et les micros de la voiture sont suffisamment bons pour que les assistants ne se plantent pas, même lors d’un énoncé complexe.

En option à 350 €, Ford propose à ses clients de transformer une Fiesta en ghetto blaster avec un système sonore B&O Play. Avec cette option, le son du véhicule se diffuse sur 10 haut-parleurs et un caisson de basse placé dans le coffre, le tout transitant par un amplificateur placé sous le siège avant. Le résultat, c’est que le son peut être très — très — fort, avec une puissance totale de 675 watts. Est-ce bien utile pour autant ? Nous n’avons pas réussi à dépasser la valeur de 10 sur les 30 gradations possibles. Et si le son est net et vraiment satisfaisant, il n’empêche que, malgré tout, il reste incapable de nous sortir de son environnement de diffusion — une voiture, avec son cloisonnement. Les ingénieurs de Ford ont tout de même fait des efforts pour minimiser les vibrations dans les portes (et donc les accoudoirs) qui ne se sentent quasiment pas.

L'égaliseur B&O Play

L’égaliseur B&O Play

Le résultat, in fine, est qu’on se retrouve avec un équipement très correct et plaisant à utiliser sur une citadine d’entrée de gamme. Celles et ceux qui comme nous n’apprécient pas plus que cela Sync 3 seront ravis de retrouver l’interface de leur smartphone et ses possibilités en termes d’applications. Le tout, sur un bel écran tactile.

Le futur, mais pas trop

Finalement, le seul reproche que l’on pourrait faire à cette gamme 2017 extrêmement bien équipée et agréable à conduire est plus macro : Ford continue à faire des voitures comme au XXe siècle. Cela signifie que le constructeur ne récolte toujours pas de données de conduite pour enrichir les algorithmes qu’il utilisera dans le futur pour sa conduite autonome et n’imagine pas faire évoluer ses véhicules déjà en circulation — les Fiesta 2017 ont, à vue d’œil, le hardware pour monter dans les niveaux d’autonomie, mais les ingénieurs présents lors de l’essai nous ont affirmé que ce n’était pas prévu.

Cela pose un petit souci idéologique à l’ère des mises à jour over the air des véhicules qu’un Tesla peut pratiquer et qui ajoutent des fonctionnalités de divertissement ou liées à la conduite : mécaniquement, les Fiesta sont parées pour l’avenir, mais la manière de faire de Ford ne suit pas, pour le moment. Dans le même ordre d’idée, on sent un retard du constructeur sur l’aspect qu’il maîtrise historiquement le moins : le logiciel, malgré le milliard investi récemment et les outils récents pour le faire tourner — on pense aux processeurs puissants comme ceux de Nvidia.

Ford

Peut-être avons-nous trop d’attente depuis qu’un acteur comme Tesla existe sur le marché de l’automobile, peut-être que Ford a raison et que ces nouvelles manières de concevoir un véhicule comme un smartphone ne seront mainstream que dans 10 ans — le temps pour un renouvellement du parc installé.

Pour l’heure, la Fiesta de 2017 remplit son contrat et a l’audace d’amener des technologies encore réservées aux modèles les plus onéreux sur un segment marché qui les connaît peu. Et rien que pour cela, la citadine de Ford dans sa dernière édition peut être saluée.

Le verdict

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8/10

Ford Fiesta (2017)

Une petite citadine qui cache une démonstration technologique complète ? C'est bien la Ford Fiesta de 2017, vendue par l'Américain sous la barre des 14 000 € dans ses premières versions. Cette année, Ford a décidé de rendre ses technologies les plus avancées accessibles au grand public et on ne peut que reconnaître que, à défaut d'avoir des fonctions d'autonomie complètes, la Fiesta 2017 embarque des fonctions bien maîtrisées. 

À la route s'associe l'infodivertissement qui  reçoit un lifting bien mérité, prenant la forme d'une tablette tactile centrale compatible CarPlay et Android Auto. Bref, Ford vous laisse le choix. 


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