Le logiciel libre, c’est bien. Mais le logiciel libre pérenne, c’est mieux. Or en la matière, tous les projets ne sont malheureusement pas logés à la même enseigne. Certains de ces programmes — dont une partie est cruciale — ont besoin d’un peu plus que de la simple reconnaissance de la communauté. Il faut parfois davantage : en clair, mettre les mains dans le cambouis ou, carrément, donner de l’argent.
C’est dans ce deuxième cas de figure que se place GNU Privacy Guard (GnuPG). Les responsables de cet outil de cryptographie — qui sert à chiffrer les communications entre deux individus de façon à les protéger des regards indiscrets — ont lancé une campagne de dons pour collecter un montant aussi élevé que possible. Le but ? Permettre de verser un salaire décent à ceux qui s’occupent de son développement.
Ce n’est pas la première fois que GnuPG fait appel à la générosité des internautes. En 2015, quand il était seul à bord du navire pour développer ce projet, Werner Koch a failli jeter l’éponge. Fort heureusement, ses proches l’ont convaincu de se tourner vers le public pour leur demander de l’aide. La réponse a été plus qu’au rendez-vous puisque c’est un total de 250 000 euros qui a été récolté par ce biais.
En outre, le service de paiement en ligne Stripe, Facebook ainsi que la Fondation Linux se sont engagés en 2015 à verser chacun environ 50 000 euros chaque année à GnuPG. Résultat des courses, Warner Koch n’est plus seul : il a maintenant autour de lui cinq autres développeurs. En deux ans, ils ont par exemple simplifié la découverte des clés, soutenu le projet Gnuk et apporté quelques améliorations à Enigmail.
Si la réaction des internautes a été forte en 2015 à l’appel à l’aide de Werner Koch, sera-t-elle à la hauteur en 2017 ?
Beaucoup comptent sur GnuPG pour protéger leurs communications
L’intéressé, évidemment, l’espère : « les activistes, les journalistes, les avocats et bien d’autres comptent sur GnuPG pour protéger leurs communications. Et presque tous les systèmes d’exploitation libres (utilisés par les deux tiers des serveurs faisant fonctionner Internet) s’appuient sur GnuPG pour vérifier l’intégrité des mises à jour du système », écrit-il sur la page de l’appel aux dons.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, la campagne a déjà permis de sécuriser 3 174 euros par mois ainsi qu’un abondement unique de 25 496 euros de First Look Media, la société qui chapeaute le site d’investigation The Intercept fondé par le journaliste Glenn Greenwald ainsi que la société Field of Vision appartenant à la réalisatrice de documentaires Laura Poitras.
Le montant récolté est pour le moment assez faible mais il faut noter que la campagne de dons est un peu différente de celles qu’on a l’habitude de voir : ici, il ne s’agit pas en effet d’effectuer un versement unique. Il s’agit de s’engager à verser le même montant chaque mois afin de sécuriser la source de financement qui permettra de payer les développeurs. Objectif ? Assurer un montant de 15 000 euros par mois.
« Pour continuer à soutenir et à améliorer GnuPG, nous, ses principaux développeurs, sollicitons des dons auprès du grand public. Notre objectif principal est de lever 15 000 euros par mois pour financer pleinement 3 développeurs ; notre objectif suivant est deux fois plus élevé, à savoir 30 000 euros par mois », poursuivent les responsables. L’idéal, en fait, serait de dépendre du public et non d’entités comme Facebook ou Stripe.
À l’heure actuelle, les membres de GnuPG poursuivent quatre objectifs :
- la maintenance du projet : « notre première priorité est de nous assurer de la maintenance continue de GnuPG. Cela implique de réagir aux rapports de bugs, de traiter les problèmes de sécurité et de rester au courant des meilleures pratiques de cryptographie ».
- Gnuk : « Gnuk est un logiciel entièrement gratuit et un jeton de sécurité à schéma ouvert développé par Niibe. Nous voulons investir davantage dans sa production et sa distribution ».
- Littérature : « nous voulons améliorer la documentation ». Il est notamment question d’un guide introductif à GnuPG pour un public initié, afin d’expliquer comment ça marche et quelles sont les meilleures pratiques en la matière.
- Écosystème : « peu nombreuses sont les personnes à se servir directement de GnuPG. À la place, elles interagissent avec à travers certains outils. Nous espérions mieux aider les développeurs de ces outils pour améliorer l’intégration de GnuPG ».
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