Coup de colère par Alban Martin : Comment ça 8 millions de français ne paient pas la musique ?!

Dans le figaro du 16 janvier 2006, on pouvait lire page 31, dans l’article intitulé  » Les majors placent leurs espoirs dans les nouveaux talents « , une déclaration que je ne pouvais pas laisser passer. Tenez-vous bien :

 » On estime qu’en France huit millions d’internautes ne paient pas la musique « . Et le journaliste d’en rajouter dans la fausse information :  » L’industrie du disque considère que ce piratage lui a fait perdre 40% de ses recettes en trois ans « 

Qu’est ce que ça veut dire ?! Quelle est donc cette désinformation dans les pages du Figaro ! Depuis quand télécharger signifie ne pas payer la musique (car les 8 millions font référence aux nombres d’utilisateurs de réseaux P2P) ? Sans doute les téléchargeurs achètent-ils peut-être moins de CDs (ce qui reste à démontrer…) mais le CD est-il LA musique (la seule et unique !?!?), quid des sonneries, des concerts, des produits dérivés ?

Page 30, c’est-à-dire juste à côté de cette fausse information, on trouve l’article avec le titre suivant :  » Les concerts, la nouvelle cash-machine des artistes « 

Et là, je me dis qu’il ne faut vraiment pas être journaliste au Figaro Economie pour peut-être voir une relation de cause à effet entre le développement du Peer-to-Peer, et le fait que les revenus des concerts explosent : et DONC QUE LES MILLIONS D’INTERNAUTES PAIENT LA MUSIQUE JUSTEMENT (et même encore plus qu’avant), mais pas forcément sous le format qu’on cherche à nous imposer par tous les moyens (DRM and co).

D’ailleurs cet article sur les revenus des concerts cite Jean Edouard Maurice, fan de Mylène Farmer, qui explique que «  Certains de mes amis claquent sans broncher 300 euros alors qu’ils ont déjà payé leur billet entre 54 et 132 Euros  » ! De même, l’organisateur d’un fameux festival en Normandie me confiait récemment qu’en un an les cachets des artistes avaient augmenté de 20% ! Ce qui s’est traduit par une hausse du prix des billets, et donc qu’au final, c’est le public qui paie l’augmentation de revenus des artistes (vous savez, les 8 millions d’internautes en France qui ne paient pas LA musique…)

Allez, comme si le Figaro n’avait pas assez l’esprit de contradiction, il cite Cédric Blondel, responsable des musiques actuelles à la Fnac Billeterie : «  Les Français vont de plus en plus aux concerts. Avec 25000 concerts en 2005, l’offre tout comme nos ventes de billets ne cessent d’augmenter « . Mais là, ils ne doivent sans doute pas parler des mêmes 8 millions de français qui NE paient PAS LA musique…

Les revenus de la musique se diversifie, il y a aussi sans doute un report de l’argent qui était dépensée, avant le P2P, pour découvrir l’univers des artistes, directement vers les billets de concerts, là où l’émotion est la plus forte. Et alors, soit on peut crier au loup, soit on peut faire comme Johnny Hallyday : Six mois avant le début de sa tournée Flashback 2006, ses fans peuvent déjà s’offrir tout le merchandising sur le site officiel du rocker : 54 Euros le T-shirt, et plus de 80 produits disponibles selon le Figaro. Au fait, Johnny détient 80% du capital de Limited Access, la PME qui gère son fan club…

Alban Martin
Auteur du livre  » The Entertainment Industry is Cracked, Here is the Patch ! « , aux éditions Publibook, il édite un blog dédié à la cocréation de valeur.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !