Dans la perspective d’une possible invasion de Taïwan en 2027, la Chine pourrait tenter « d’aveugler » l’île en coupant ses liaisons Starlink. Ce scénario repose sur le déploiement d’un essaim de drones stratosphériques capables de créer un couvercle électromagnétique hermétique au-dessus du territoire.

La Chine attaquera-t-elle militairement Taïwan en 2027 ? C’est un scénario sombre, mais très sérieux sur lequel travaillent les autorités de l’île, selon un document préparé par le ministère de la Défense taïwanais. Si l’invasion reste encore incertaine, ce scénario est aujourd’hui lié à un risque élevé par Taipei, Pékin jugeant la réunification inéluctable, y compris par la force.

S’il était enclenché, le plan de bataille de la Chine impliquera certainement de très nombreux moyens offensifs, dans tous les champs (informationnel et électromagnétique) et dans tous les milieux (terre, air, mer, espace et cyber), afin que l’offensive soit aussi foudroyante et efficace que possible. Et l’un de ces volets pourrait consister à « aveugler » Taïwan.

Recouvrir Taïwan par de puissants brouilleurs volants

Plus exactement, l’approche dont il est question vise à couper la connectivité spatiale de l’île en la « recouvrant » d’un essaim de drones évoluant à haute altitude. Leur but ? Brouiller les communications montantes et descendantes afin de priver les soldats taïwanais d’un appui satellitaire pour la défense.

Un visuel généré par IA, et relayé par le compte SemiVision, basé sur les éléments du journal chinois South China Morning Post, illustre un projet de recherche simulant une guerre électronique à grande échelle contre Starlink, la constellation de satellites promue par Elon Musk. Selon une carte de couverture opérée par Starlink, le service arrivera bientôt à Taïwan.

Source : Capture d'écran
Le schéma général du plan généré ici par IA. // Source : Capture d’écran

Aujourd’hui, les milliers de satellites Starlink déployés dans l’espace évoluent sur une orbite terrestre basse, à quelques centaines de kilomètres d’altitude. Le principe général du plan chinois consisterait donc à placer des drones endurants à une altitude de 20 km (c’est la stratosphère) pour entraver les signaux.

Les drones HALE (Haute Altitude Longue Endurance), comme le modèle américain RQ-4 Global Hawk de Northrop Grumman, ont la capacité de grimper jusqu’à 20 km d’altitude. Et les Chinois ont aussi des aéronefs sans pilote de cette classe, comme le Guizhou WZ-7 (Soaring Dragon) et le Shenyang WZ-9 (Divine Eagle).

Par ailleurs, une autre approche complémentaire existe, matérialisée par les ballons stratosphériques chinois. Ceux-ci avaient défrayé la chronique début 2023 en survolant le territoire des États-Unis. Finalement, ils avaient été abattus par des avions de chasse — et l’affaire avait convaincu les capitales, dont Paris, de faire plus attention à la très haute altitude.

Un couvercle électromagnétique toutefois vulnérable

Pour fonctionner, ce « couvercle électromagnétique » destiné à couper les liaisons satellitaires de Taïwan nécessitera de pouvoir protéger et défendre les drones et ballons le constituant. Dans ce scénario, cela veut dire que Pékin aura besoin d’imposer sa supériorité aérienne et de neutraliser le plus gros de la défense anti-aérienne de l’île.

Dans le cas contraire, des missiles à autodirecteur électromagnétique sont des options potentielles crédibles pour trouer ce couvercle. En effet, les drones et les ballons doivent émettre un puissant signal pour brouiller largement l’île ; or, pour les missiles, et dans ce contexte, ces engins seront aussi visibles qu’un phare dans la nuit — sauf contre-mesures.

Le ballon d'espionnage aperçu par un citoyen américain dans l'État du montana. // Source : Chase Doak
Un ballon chinois vu depuis le sol. // Source : Chase Doak

Malgré l’existence de parades à ce « couvercle électromagnétique », il est hautement probable que la Chine travaille quand même à un scénario qui le mobilise. La guerre en Ukraine, lancée par la Russie, a montré à quel point les liaisons satellitaires, et en particulier le soutien de Starlink, ont permis à Kiev de résister à l’invasion et de reprendre parfois l’avantage sur le terrain.

Dans les premières semaines de l’attaque russe, des milliers de terminaux Starlink ont été dépêchés en Ukraine, permettant au commandement de garder le contact avec les troupes et de conserver la possibilité de faire des opérations tactiques complexes et d’ampleur. Une liaison que Moscou n’est pas parvenu à briser, en presque quatre ans de guerre.

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