Uber ne s’intéresse pas qu’aux voitures autonomes. Via sa filiale Otto, l’entreprise de covoiturage teste aussi la conduite sans chauffeur pour les camions. Un premier test concluant a été effectué aux USA.

Lorsque l’on parle de conduite autonome, c’est-à-dire quand le trajet du véhicule est dirigé par l’ordinateur de bord, la toute première image qui vient en général à l’esprit est celle des voitures. Forcément, la communication de l’industrie automobile sur ce sujet est pour le moins soutenue. Pourtant, cette technologie va aussi très largement se déployer dans d’autres moyens de transport.

C’est le cas des camions. D’ailleurs, cela fait maintenant plusieurs mois qu’on assiste à des tests visant à expérimenter sur la voie publique la conduite autonome dans des conditions aussi réalistes que possible sur des engins de plusieurs (dizaines) de tonnes. C’est le cas de Daimler qui a fait la démonstration de son savoir-faire sur une autoroute ou du challenge European Truck Platooning.

camion

CC 500photos

On peut désormais aussi mentionner Otto, la récente filiale du service de taxi et de covoiturage Uber, qui est spécialisée dans le transport routier de marchandises. En effet, celle-ci a réussi à boucler avec succès un trajet de 200 km aux États-Unis pour livrer sa cargaison à bon port. Il s’agissait ici d’acheminer 50 000 canettes de bière, mais le contenu de la remorque nous intéresse en réalité assez peu.

Le magazine Wired, qui consacre un reportage sur ce sujet, raconte que le système utilisé par Otto n’est pas encore mesure de gérer seul la totalité du parcours. S’il est capable d’opérer sur les autoroutes sans l’aide de personne, il lui faut encore le concours d’un chauffeur pour négocier les parties les plus délicates du parcours, qu’il s’agisse de l’insertion sur une voie rapide ou de la conduite en ville.

C’est pour cette raison que la cabine du camion n’était pas déserte. Un professionnel se trouvait à bord non seulement pour superviser le comportement du véhicule et parer à toute éventualité — on n’est jamais trop prudent — et pour gérer les passages complexes du trajet. Dit autrement, les chauffeurs ne sont pas (encore) obsolètes même si la conduite autonome est en train de se développer à grande vitesse.

Quid des emplois de chauffeurs ?

Mais à long terme, ce sont des millions d’emplois qui sont menacés par ce nouveau mode de déplacement. Si celui-ci présente des avantages indéniables, il pourrait mettre sur le carreau des millions de salariés. Le bureau américain de l’économie du travail et des statistiques compte rien qu’aux USA près de 6 millions de conducteurs professionnels (camions, bus, taxis, livraisons).

Comme le pointe Quartz, cela pourrait représenter jusqu’à 6 millions de chômeurs en plus aux USA dans les 10, 15 ou 20 ans à venir. Même en temporisant afin d’éviter une trop grosse vague de licenciements et une énorme casse sociale, en décidant  de garder par exemple des chauffeurs dans les véhicules afin qu’ils supervisent la conduite autonome, l’échéance ne serait que ralentie.

Uber-drivers

Dans le cas d’Uber, les intentions de l’entreprise sont assez claires. Le groupe voit son avenir dans les voitures autonomes et il recrute en conséquence. « La raison pour laquelle Uber peut coûter cher c’est que vous payez pour l’autre gars dans la voiture », mais que «quand il n’y (aura) plus d’autre gars dans la voiture, le coût pour prendre un Uber (sera) plus faible », expliquait en 2014 le patron de la société.

Depuis, Uber a mis un peu d’eau dans son vin en nuançant son discours. En octobre, la firme a expliqué qu’elle continuera d’embaucher de nombreux chauffeurs même avec des voitures autonomes sur les routes (qui sont d’ores et déjà testées). De quoi rassurer les chauffeurs qui pourraient travailler pour le compte d’Otto, qui devrait en toute logique suivre la politique de sa maison-mère ? Cela reste à voir.

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