Ce mercredi 24 septembre 2025, Donald Trump inaugurait, dans l’aile ouest de la Maison Blanche, une galerie de portraits en noir et blanc de tous les présidents américains. Un personnage manque cependant à l’appel : son prédécesseur Joe Biden, dont le portrait a été remplacé par la photo d’un stylo automatique. L’« autopen » devenu, depuis le second mandat de Donald Trump, une des obsessions de la sphère pro-Trump.

Les clichés ont été partagés le 24 septembre 2025 par le compte X officiel de la Maison Blanche, qui n’hésite plus à adopter le ton provocateur de son locataire.

Sur la première photo, diffusée à 13h26 heure de Washington, on aperçoit Donald Trump déambulant dans le couloir dédié aux présidents américains, de George Washington à aujourd’hui. Le 47ème président semble se pencher pour attirer l’attention sur l’un des cadres fraîchement installés.

Dix minutes plus tard, nouvelle publication, cette fois accompagnée d’un emoji « yeux », histoire de s’assurer que la dernière provocation de Donald Trump n’a échappé à personne.

Là où devrait figurer le portrait de Joe Biden, c’est la photo d’un stylo automatique qui trône : l’« autopen », devenu emblème des attaques de Trump contre son prédécesseur, qu’il accuse régulièrement de n’avoir jamais pu gouverner réellement pendant son mandat.

L’outil au cœur des théories du complot

« This conspiracy marks one of the most dangerous and concerning scandals in American history. »

Conspiracy, complot en français : le mot était inscrit noir sur blanc dans la demande officielle de Donald Trump, publiée le 4 juin 2025, à destination du procureur général des États-Unis. Le président exigeait alors le réexamen de certaines actions présidentielles entreprises sous le mandat de son prédécesseur, Joe Biden.

Point central de son argumentaire : l’utilisation de l’« autopen » pour signer des décrets. Cet appareil robotisé, capable de reproduire une signature manuscrite à l’encre en imitant fidèlement le geste de la main, serait, selon la galaxie MAGA, la preuve irréfutable que Joe Biden n’était plus en capacité d’exercer ses fonctions lors de son mandat.

La polémique survenait alors que Joe Biden révélait souffrir d’un cancer de la prostate avancé, et qu’il devait également faire face à des révélations évoquant des épisodes de confusion et de perte de repères temporels lorsqu’il était encore président.

Présentation de l'utilisation d'un autopen par un constructeur // Source : Capture Numerama
Présentation de l’utilisation d’un autopen par un constructeur. // Source : Capture Numerama

Concrètement, l’autopen, c’est quoi ?

L’autopen n’est pourtant ni une nouveauté ni un gadget réservé à l’ère Biden. Il s’agit d’un dispositif mécanique utilisé depuis des décennies par les présidents américains. Il leur sert à apposer leur signature sur des documents officiels, lorsque leur présence physique est impossible ou lorsque le volume de documents à signer devient trop important.

Loin d’être un simple tampon, l’autopen utilise un bras robotisé qui trace la signature du président à l’encre, reproduisant le mouvement exact de la main. Les modèles modernes, comme le Ghostwriter, nécessitent une authentification biométrique ou via code PIN pour fonctionner, garantissant que l’utilisation de la signature reste strictement encadrée.

Au 19e siècle, Thomas Jefferson en utilisait déjà une version primitive, le polygraphe, pour copier ses lettres. Bien plus tard, Gerald Ford et Lyndon B. Johnson y recouraient pour les documents administratifs courants. En 2005, sur avis du Département de la Justice, George W. Bush a reconnu sa légalité, même s’il ne l’a pas utilisé. Barack Obama a également signé des textes de loi à distance grâce à l’autopen lors de déplacements à l’étranger. Oublier ce passé, c’est ignorer que l’autopen a servi aussi bien à des présidents démocrates que républicains. Par exemple, l’usage de l’autopen par Obama pour prolonger le PATRIOT Act n’a jamais été contesté devant les tribunaux, et la légalité de l’outil a été confirmée à plusieurs reprises par le DOJ (département de la justice des États-Unis).

Enfin, fait notable : Trump lui-même a validé des documents signés à l’autopen durant son premier mandat.

Démystifier les accusations MAGA

Mais, alors, d’où vient la polémique si cet outil a été tant de fois utilisé ? Eh bien de l’extrême droite américaine. Plus précisément, du groupe Heritage Foundation, qui a lancé cette accusation en mars 2025 dans le but d’annuler les grâces présidentielles accordées par Joe Biden. Leur argument, résumé par la formule « Celui qui détient le stylo détient le pouvoir », ne résiste pas à l’examen du fonctionnement réel de l’autopen.

Aussi, il est nécessaire de rappeler que Joe Biden a régulièrement évoqué publiquement les décisions qu’il a signées, que ce soit lors de conférences de presse ou dans ses communications officielles. Ce qui rend caduque l’argument selon lequel il aurait été tenu à l’écart des décisions prises durant son mandat.

Au fond, le débat sur l’autopen relève d’un levier pour Donald Trump qui cherche à démanteler l’héritage politique de Joe Biden. L’autopen reste un outil low-tech, encadré par des procédures strictes. Aucun tribunal n’a jamais invalidé un document signé à l’autopen, et l’équipe de Biden a qualifié les accusations de « ridicules ».

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