Tesla propose une mise à jour logicielle sur ses Model S 70 qui améliore de 5 kWh la batterie de la voiture. Les prémisses d’un nouveau business model ?

Les Model S, X et 3 de Tesla sont de belles inventions, des produits de luxe qui montrent l’ambition d’Elon Musk de bousculer le marché de la voiture électrique et celui de la voiture autonome. Mais si l’on ne voit que le produit fini, l’automobile, on passe à côté des autres inventions de Tesla et qui, cette fois, dessinent peut-être le futur de l’automobile, en tant qu’industrie.

En effet, les nouvelles Model S commercialisées par la marque ont une particularité plutôt intrigante de prime abord : le modèle annoncé comme équipé d’une batterie de 70 kWh peut débloquer 5 kWh de plus moyennant 3 000 dollars. Ce déblocage ne nécessite pas un tour au garage : il s’opère comme un achat in-app sur smartphone : le client achète son bonus et Tesla débloque à distance, par une mise à jour logicielle, les 5 kWh restant de la batterie. Bien entendu, ce n’est pas une opération magique : les Model S 70 et les Model S 75 embarquent tous les deux une batterie de 75 kWh.

Tesla a deux intentions derrière ce système qui parait un peu étrange pour qui n’est pas habitué à avoir à débloquer des composants matériels sur un produit qu’il a acheté. La première, c’est une question de logistique : en mettant la même batterie sur tous les modèles, Tesla peut optimiser la fabrication de ses voitures et donc accélérer la production tout en baissant ses coûts à la source.

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La seconde, c’est un argument commercial : certaines personnes n’auront pas besoin de ces 5 kWh en plus, qui correspondent à 30 km à peu près sur route, et Tesla leur propose une voiture un peu moins cher. S’ils changent d’avis plus tard, ils pourront toujours ajouter les quelques milliers de dollars en plus que ceux qui ont pris le modèle 75 kWh ont déjà payé. Pourquoi ne pas tout simplement enlever l’option à 70 kWh du catalogue, puisqu’elle n’existe matériellement pas et que 5 kWh de plus ou de moins ne sont pas vraiment un changement radical pour l’utilisateur ? C’est là que cela devient intéressant.

En proposant une mise à jour logicielle qui débloque du matériel sur la voiture avec une partie du produit qui ne change pas radicalement ni la voiture ni l’autonomie, Tesla semble s’être donné les moyens de tester ce nouveau type de business model. L’industrie automobile faisait déjà beaucoup de marges sur les options ajoutées au cas par cas sur les voitures selon le désir des clients et elle proposait aussi des mises à jour logicielles payantes (l’Autopilote de Tesla fait par exemple partie d’un pack additionnel). Cette fois, Tesla fait un pas en plus et mélange les deux pratiques, rendues possibles par une voiture connectée en permanence à Internet.

Tesla ouvre peut-être la voie à un changement plus radical dans la manière où sont vendues les voitures

Ce faisant, la firme ouvre peut-être la voie à un changement plus radical dans la manière où sont vendues les voitures, dans la mesure où intégrer tout le matériel en option dans le modèle de base et permettre à l’utilisateur de le débloquer permet au constructeur de réaliser des économies importantes en n’ayant qu’une seule chaîne d’assemblage pour un seul modèle et non de multiples ramifications. Un enjeu pour Tesla qui a rendu encore plus complexe le challenge que la firme s’était elle-même donnée : elle souhaite désormais produire 500 000 véhicules par an d’ici 2018 et plus 2020. Les précommandes record de la Model 3 y sont pour quelque chose, mais du coup, tous les moyens sont bons pour optimiser les usines.


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