Le musée d’Orsay propose, depuis le 3 octobre 2023, une expérience en réalité virtuelle : La Palette de Van Gogh. Numerama a testé : faut-il y dédier du temps, lors de votre visite au musée ?

Vincent Van Gogh est arrivé à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890. Il y décède quelques mois plus tard. Mais cette période particulièrement prolifique signe un renouveau artistique, source de certains des plus grands chefs-d’œuvre qu’on lui connaît aujourd’hui. C’est à cette époque spécifique de sa vie qu’est dédiée l’exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise : Les derniers mois, organisée par le Musée d’Orsay. Elle a ouvert ses portes le 03 octobre 2023, et se tiendra jusqu’au 4 février 2024.

Sur place, à quelques pas de l’entrée de l’exposition, une salle sombre a été aménagée : une douzaine de sièges, accompagnés d’une douzaine de casques de réalité virtuelle. L’expérience, nommée La Palette de Van Gogh, dure 10 minutes. Cela vaut-il le coup de s’y immerger ?

La Palette de Van Gogh en réalité virtuelle

La nausée lors des expériences en réalité virtuelle semble être, décidément, un lointain souvenir. En tout cas pour les installations muséales de ce type. On avait déjà été surpris pour la Joconde en réalité virtuelle au Louvre, dont la qualité technique était bluffante et l’expérience très plaisante, même pour les amateurs et les amatrices d’un regard plus organique sur l’art. Le constat est similaire pour La Palette de Van Gogh : l’immersion est qualitative — il s’agit d’une image 4K et d’un casque VIVE XR Elite –, et offre un complément intéressant à la visite.

La modélisation reconstitue la palette de Van Gogh. On se retrouve aussi face à des tableaux, expliqués. // Source : ViveArts/Lucid Realities
La modélisation reconstitue la palette de Van Gogh. On se retrouve aussi face à des tableaux, expliqués. // Source : ViveArts/Lucid Realities

Ce n’est d’ailleurs pas véritablement de la réalité virtuelle, mais de la réalité mixte : il vous faudra bouger vos mains dans l’air pour interagir… sans aucune manette en main, donc. De fait, il faudra mettre votre égo de côté : oui, au début, il est assez perturbant d’agiter les mains dans le vide, sans voir ce qu’il y a autour. On se sent au début quelque peu ridicule (ce qui est probablement un peu le cas), mais comme les autres personnes ont aussi un casque sur la tête, on finit par lâcher-prise.

La Palette de Van Gogh est une immersion assez littérale dans une palette de Van Gogh, qui a été préservée. Vous pourrez observer cette même palette, physiquement, dans la salle d’exposition. C’est un don du docteur Paul Gachet au musée d’Orsay, en 1951. Vincent Van Gogh avait effectivement utilisé cette palette pour parachever le portrait de sa fille, Marguerite Gachet. C’est la seule qui nous soit parvenue.

La véritable palette, telle qu'exposée au musée d'Orsay. // Source : Marcus Dupont-Besnard
La véritable palette, telle qu’exposée au musée d’Orsay. // Source : Marcus Dupont-Besnard

Ainsi, casque sur la tête, on se retrouve à la surface de la palette. Autour de nous, la texture de la peinture forme des monts et des vallées. Pour parvenir à cette modélisation, les ingénieurs ont procédé à plusieurs scans non destructifs de la palette, à une précision infra-millimétrique.

Par moments, on se retrouve face à des bulles de peinture : il nous faut les pousser, les déplacer avec les mains (la fameuse réalité mixte) pour les mélanger. L’interactivité consiste essentiellement à « toucher » ainsi la matière picturale du peintre, qui prend vie et coule autour de nous.

L’expérience n’est pas que technique : le récit, bien sûr, joue un rôle important. Il est narré par une Marguerite Gachet fictionnelle (interprétée par l’actrice franco-américaine Rebecca Marder, VF et ENG), qui livre des anecdotes sur Van Gogh et ses méthodes de création. S’ajoute un personnage : Le Martin-pêcheur, issu de l’un des tableaux célèbres du peintre. Celui-ci guide notre regard tout au long de l’expérience, pour savoir que faire dans cet environnement modélisé.

La modélisation 3D est très réussie. Notre regard peut tourner à 360 degrés, une immersion totale. // Source : LucidRealities/ViveArts
La modélisation 3D est très réussie. Notre regard peut tourner à 360 degrés, une immersion totale. // Source : LucidRealities/ViveArts

En résumé : On recommande. Bien que l’expérience soit assez courte (10 minutes), elle est joliment complémentaire : elle apporte une touche ludique à cette exposition déjà exceptionnelle en soi — ce sont parmi les plus belles œuvres de Van Gogh. Son atout est d’utiliser un véritable objet, la palette, que l’on peut regarder de nos propres yeux durant l’exposition. La réalisation minutieuse de l’ensemble (visuels, mouvements, écriture, documentation) aboutit à une expérience particulièrement soignée, donc plaisante et instructive. La technologie joue ainsi très bien son rôle de complément, comme elle ne peut se substituer à la poésie du regard organique.

Infos pratiques : La salle VR est ouverte de 9h40 à 17h20 durant toute la durée de l’exposition. Le prix du billet coûte 6 euros, en plus de l’entrée dans le musée. La narration est disponible en français et en anglais.

Nouveauté : Découvrez

La meilleure expérience de Numerama, sans publicité,
+ riche, + zen, + exclusive.

Découvrez Numerama+

Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !