Le Premier ministre Jean Castex a utilisé un jet pour aller voter dans sa commune historique. À l’heure du rapport alarmant du GIEC, cet usage immodéré d’un avion privé est mal passé.

Dimanche 10 avril 2022, le Premier ministre Jean Castex décolle en Falcon depuis Vélizy-Villacoublay (près de Paris), pour atterrir à Perpignan à 8h30, avant de redécoller pour le trajet retour à 10h30. La raison ? Jean Castex souhaitait voter à Prades, la ville dont il a longtemps été maire.

La séquence — qui se voulait symbolique, car il aurait pu faire une procuration — a eu toute l’attention des caméras pour des images de quelques minutes. Mais un autre symbole est venu se superposer : celui de la pollution. L’aviation est un moyen de transport très polluant, notamment en raison du kérosène utilisé comme carburant (mais aussi de sa production en amont). Au total, ce mode de transport représente environ 5 % des sources de gaz à effet de serre.

Le problème est particulièrement significatif sur de petites distances lorsque le vol n’est vraiment pas nécessaire, tant et si bien que l’un des enjeux écologiques est de privilégier le train plutôt que l’avion sur ces trajets.

Plusieurs milliers de kg de CO2 pour un trajet

En l’occurrence, la distance parcourue représente presque 1 400 kilomètres (Vélizy-Villacoublay vers Perpignan, puis le retour), pour finalement moins de deux heures passées sur place. Si ce trajet avait lieu dans un avion commercial classique, avec plusieurs passagers, l’empreinte carbone serait de plus de 1 000 kg de dioxyde de carbone (CO2) pour l’ensemble du trajet, d’après le calculateur Ecotree. C’est déjà énorme : cela représente 14 jours d’éclairage de la tour Eiffel en comparaison, d’après le calculateur.

Mais le fait est que le vol de Jean Castex n’était pas un vol commercial, puisqu’il a utilisé un jet privé de la République spécifiquement pour ce bref déplacement. L’empreinte carbone n’est pas la même : elle est plus élevée, puisqu’il s’agit d’un vol dédié à une seule personne. D’après le calculateur ComparePrivatePlanes, où l’on peut sélectionner le modèle de jet (en l’occurrence un Dassault Falcon 900), l’empreinte carbone serait de 2 230 kg pour la distance, soit un total de 4 460 kg pour l’aller-retour.

C'est un Falcon qui a utilisé par Jean Castex. // Source : Wikimédias
C’est un Falcon qui a utilisé par Jean Castex. // Source : Wikimédias

Dans le tweet devenu viral de Loup Espargilière, fondateur du média Vert, le journaliste estime que ce total équivaut à ce qu’un Français émet en 6 mois. Il se trouve qu’un Français émet, en moyenne, 32,6 kg de CO2 par jour en fonction de ses activités, ce qui n’atteint un chiffre de 4 460 kg qu’après plus de 5 mois.

Si l’empreinte carbone du vote de Jean Castex a tant fait polémique, c’est parce qu’il intervient à un moment charnière : alors que l’écologie a été peu présente pendant la présidentielle, le rapport du GIEC alerte sur 2025 comme date butoir pour les émissions de gaz à effet de serre, qui devront ensuite être réduites de 40 % d’ici 2030, pour espérer toucher du doigt le meilleur scénario. Dans ce contexte, l’usage d’un jet privé pour un simple vote fait mauvaise impression.

Ce n’est pas la première fois que Jean Castex est épinglé sur ce sujet. Début 2022, Mediapart livrait une enquête sur sa « passion immodérée » pour les jets de la République.

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