Un chercheur a regroupé les signaux électriques émis par les champignons, avant de les identifier à ce qu’il compare à des mots. C’est une hypothèse, mais il estime qu’on pourrait y voir une forme de langage.

Les champignons papotent-ils ? C’est la théorie d’Andrew Adamatzky, dont les recherches ont été publiées dans la revue Royal Society Open Science, le 6 avril 2022. Il estime que les champignons utilisent, d’une certaine façon, des « mots », dans un langage qui ne serait pas sans rappeler celui des humains.

Lorsque vous les croisez dans les sous-bois, les champignons vous donnent l’impression d’être bien silencieux. Sauf que des signaux électriques s’échangent sous terre via leurs filaments, appelés hyphes, et dont l’ensemble forme le mycélium. Mais à quel point cela reflète-t-il une communication entre les champignons ? C’est toute la question.

Les signaux électriques se traduisent par des pics et des creux variés. Ce sont justement ces pics qu’Andrew Adamatzky a analysés, et il pense avoir identifié des modèles, des groupes de pics, qui ressembleraient au langage humain.

Une analyse linguistique des signaux électriques

Pour conduire cette analyse, Andrew Adamatzky a inséré des microélectrodes au sein du mycélium des 4 espèces de champignons — l’enoki, la branchie fendue, le fantôme et la chenille. « Partant du principe que les pointes d’activité électrique sont utilisées par les champignons pour communiquer et traiter l’information dans les réseaux de mycélium, nous regroupons les pointes en mots et fournissons une analyse linguistique et de la complexité de l’information de l’activité de pointes fongiques », détaille l’auteur dans son papier.

« Blablabla », demanda le champignon. « Blabla ! », répondit l'autre champignon.  // Source : Pexels
« Blablabla ? », demanda le champignon. « Blabla ! », répondit l’autre champignon. // Source : Pexels

Et ce regroupement des pointes électriques a effectivement permis à Andrew Adamatzky de détecter ce qu’il appelle des « trains d’activité », c’est-à-dire plusieurs ensembles de pics électriques similaires, revenant à plusieurs reprises et s’étendant dans le temps. Pour l’auteur, ces groupes sont très similaires aux « mots » que l’on retrouve dans les langages humains. Au total, il a identifié 50 modèles de pics électriques, ou « mots ».

« Nous avons constaté que la distribution de la longueur des trains de pics, mesurée en nombre de pics, suit la distribution de la longueur des mots dans les langues humaines », explique Adamatsky. Il a effectivement mené, dans son article, une comparaison linguistique avec notamment l’anglais, le suédois, le russe. La longueur des « mots » présentait des similarités avec l’anglais et le russe.

L’auteur ne livre pas d’explication potentielle sur les informations que s’échangeraient les champignons via ces signaux électriques.

Doit-on en conclure dès lors que les champignons utilisent bel et bien un langage de communication comme le nôtre ?

Au-delà du risque d’un anthropocentrisme (une vision du vivant basée sur des conceptions humaines), ce serait un peu rapide d’en arriver là : il s’agit à ce stade d’une hypothèse. Celle-ci est toutefois intéressante, puisqu’elle essaye de décrypter, avec de nouveaux paradigmes, la communication au sein d’un organisme bien différent de nous. Mais n’en concluons pas si vite que les champignons utilisent à proprement parler ce que nous concevons comme des « mots », il faudra d’autres recherches. Vous ne verrez pas de sitôt « champignon » dans Google Traduction.

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