Des animaux tels que les poulpes ressentent la douleur. La législation britannique le prend dorénavant en compte.

Qu’est-ce qu’un être vivant « conscient » ? « La conscience est la capacité de ressentir, par exemple des sentiments de douleur, plaisir, faim, soif, réconfort, joie, confort, excitation », répond un rapport publié ce 25 novembre 2021 par le ministère britannique de l’Environnement. Et c’est à partir de cette définition que ce rapport en arrive à la conclusion que les crustacés décapodes et céphalopodes (poulpes, homards, crabes…) sont des êtres conscients.

De fait, au Royaume-Uni, ce constat va entraîner un amendement à l’Animal Welfare (Sentience) Bill. Cela signifie que dans la loi britannique, ces animaux seront officiellement reconnus comme conscients. « Les crustacés et les céphalopodes ont sans aucun doute une expérience du monde extrêmement différente de la nôtre. Ce qui importe, cependant, c’est de savoir si cette expérience implique une expérience consciente du plaisir et de la douleur  », explique le rapport publié par le ministère.

Que dit la science sur la conscience de ces invertébrés ?

Cette expérience de la douleur, du plaisir ou d’autre sentiment conscient n’est plus en doute. « La science est maintenant claire : les décapodes et les céphalopodes peuvent ressentir la douleur et il est donc normal qu’ils soient couverts par cet élément vital de la législation  », a commenté Zac Goldsmith, le ministre chargé du bien-être animal. C’est bel et bien la conclusion à tirer de l’état de la science sur le sujet. En l’occurrence, la décision du Royaume-Uni se base sur un rapport de 100 pages publié en novembre 2021 par la London School of Economics and Political Science, et qui synthétise plus de 300 études.

En février 2021, une étude publiée dans la revue iScience démontrait que les céphalopodes, et les poulpes en particulier, ressentent les émotions liées à la douleur. Si d’autres études scientifiques l’ont déjà suggéré, il s’agissait alors de la première preuve concluante. L’expérience prouvait que les poulpes peuvent être plongés dans un « état affectif négatif durable » exactement similaire à celui qui caractérise aussi la douleur chez les mammifères.

Un poulpe. // Source : Pixabay

Un poulpe.

Source : Pixabay

L’un des auteurs de cette étude rappelait que de tels travaux ont d’importantes implications : « Connaître la réponse à cette question est plus qu’une simple curiosité scientifique ; elle est essentielle pour faire progresser les initiatives visant à traiter les céphalopodes de manière plus humaine. »

Or, c’est très exactement le résultat premier de la reconnaissance par le Royaume-Uni du caractère conscient de ces êtres : apporter « des mesures proportionnées pour réglementer les pratiques qui sont à l’origine de préoccupations raisonnables et généralisées en matière de bien-être animal ». L’amendement apporté à l’Animal Welfare (Sentience) Bill va donc permettre une protection des décapodes et des céphalopodes, aux côtés des vertébrés qui, eux, sont déjà largement reconnus comme tels et protégés. Cela peut aider à stopper des pratiques cruelles, comme l’ébouillantage vivant des homards.

Le Royaume-Uni semble donc rejoindre des pays comme la Norvège, la Suède ou l’Autriche dans la protection de ces espèces. Il faut prendre garde cependant aux effets d’annonce. Cet amendement devra être suivi d’une mise en pratique concrète, sinon, ce ne serait que du « greenwashing » dans le domaine de la biodiversité.

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