Les États-Unis réalisent que les batteries au lithium sont un maillon indispensable au développement de filières vertes innovantes. Et qu’ils ont beaucoup de retard par rapport à la Chine dans ce domaine. L’administration Biden a dévoilé un vaste plan pour corriger le tir.

Les batteries au lithium constituent un secteur stratégique, et les États-Unis s’aperçoivent qu’ils ne les ont pas prises suffisamment au sérieux. Alors que la Chine s’est hissée au rang de premier fabricant de batteries et joue un rôle majeur dans la structuration du marché du lithium, les US font office de second rôle. Vu leur production actuelle, note The Verge, ils ne seront pas capables de fournir plus de la moitié des batteries lithium-ion que les véhicules électriques devraient utiliser sur leur sol d’ici 2028, si rien n’est fait pour corriger le tir. Les batteries au lithium sont essentielles au verdissement du réseau électrique avec l’intégration d’énergies renouvelables intermittentes (éolien, solaire).

« Les projections montrent qu’il y a un réel risque que les entreprises américaines ne profitent pas de la croissance des marchés domestiques et mondiaux. Nos chaînes d’approvisionnement des secteurs des transports, de l’aérien et de l’énergie seront vulnérables et dépendantes d’acteurs étrangers sur des technologies clés », alerte le ministère américain de l’Énergie.

Le salar d'Uyuni en Bolivie est un gros pourvoyeur de lithium. // Source : Coordenação-Geral de Observação da Terra/INPE

Le salar d'Uyuni en Bolivie est un gros pourvoyeur de lithium.

Source : Coordenação-Geral de Observação da Terra/INPE

Sécuriser l’accès au lithium

Pour ne pas passer à côté du boom de l’économie verte, ce dernier a dévoilé un plan d’action plutôt ambitieux. Le département se fixe ainsi pour objectif de développer d’ici la fin de la décennie, une chaîne d’approvisionnement complète sur son sol : de l’extraction du lithium, à la fabrication des batteries en terminant par le recyclage de celles-ci.

Le plan détaille cinq étapes centrales pour atteindre cet objectif :

  • Sécuriser l’accès aux ressources brutes et raffinées, et réduire la dépendance aux ressources dont la disponibilité est moins stable (par exemple, en développant des batteries au lithium qui n’utiliseraient pas ou moins de cobalt et de nickel)
  • Aider au développement d’une filière de traitement de ces ressources, car pour l’heure « les US dépendent majoritairement des marchés internationaux » ;
  • Stimuler les filières nationales de fabrication de composants de batteries ;
  • Structurer une filière de recyclage de ces équipements et de ces ressources ;
  • Soutenir la recherche et le développement de technologies de stockage d’énergie.

Relever ces défis ne sera cependant pas une mince affaire. Le lithium a beau être présent en quantité sur Terre, sa production est pour l’heure cantonnée à quelques sites précis. La quasi-totalité du lithium provient ainsi des mines d’Australie, ou des salars en Bolivie, au Chili et en Argentine.

La demande en lithium va être multipliée par 40

Ce nombre d’acteurs restreint fait redouter à l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) que les industries vertes émergentes n’aient pas les ressources dont elles ont besoin, en temps et en heure. « Les chiffres montrent un décalage imminent entre des ambitions climatiques mondiales accrues et la disponibilité de minerais critiques indispensables pour concrétiser ces ambitions », alerte l’AIE. Son rapport sur le sujet précise que la demande en lithium va exploser dans les décennies à venir : elle devrait être multipliée par 42 d’ici 2040.

Le message a visiblement été reçu par les États-Unis. Par l’Europe aussi : l’UE a présenté sa feuille de route en septembre dernier afin de corriger le tir. Elle part, elle aussi, de loin souligne Les Échos : on ne recense qu’une unique mine de lithium active dans la zone européenne (au Portugal). La quasi-totalité du lithium dont l’UE a besoin provient donc d’importations.

La France a d’importants gisements de lithium

L’Union européenne, et la France en particulier, ont pourtant un vrai potentiel. Le Bureau de recherches géologiques et minières françaises (BRGM), estime ainsi que « la France pourrait être autonome pour le lithium avec un potentiel dépassant les 200 000 tonnes de lithium métal ». D’importants gisements se trouvent en effet dans  le Massif central et dans les saumures géothermales d’Alsace.

La mise en place de nouveaux sites d’extraction en Europe et dans le monde pouvant prendre des années, les scientifiques s’intéressent cependant aussi à des sources alternatives, comme le lithium contenu dans l’eau des océans par exemple. Une équipe de la King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) indiquait ainsi le 3 juin avoir mis au point un dispositif permettant d’extraire le lithium de cette eau à un coût contenu. Selon eux, le dispositif n’a besoin que de 5 dollars d’électricité pour extraire de l’eau de mer, un kilo de lithium.

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