Les quantités de glace perdues depuis les années 1990 sont « faramineuses », selon les scientifiques à l’origine de cette étude inédite par son ampleur dans les zones étudiées.

Des scientifiques britanniques ont étudié des centaines de relevés satellites récoltés entre 1994 et 2017, afin d’identifier l’impact exact du réchauffement climatique sur les glaciers, montagnes et banquises du monde entier. Les auteurs de cette étude, parue en août 2020 dans The Cryosphere, ont pu calculer le volume « faramineux » de glace perdu ces dernières décennies. Le chiffre obtenu est impressionnant : 28 000 milliards de tonnes de glace ont été perdus en 23 ans, que ce soit en Arctique (7 600 milliards), en Antarctique (6 500 milliards), dans les glaciers des montagnes (6 200 milliards), au Groenland (3 800 milliards). C’est au Nord que la perte est la plus importante.

Le taux de perte de glace a augmenté de 57 % depuis les années 1990, relèvent les scientifiques. Un taux que les auteurs de cette étude relient clairement au changement climatique. « Il ne fait aucun doute que la grande majorité de la perte de glace sur Terre est une conséquence directe du réchauffement climatique », écrivent-ils dans le papier de recherche.

Des déplacements de populations à prévoir

Quand la glace fond, elle ne disparaît pas : elle se transforme en eau, rejoignant les océans terrestres. Les scientifiques ont calculé que ces 28 000 milliards de glace ont déjà contribué à une augmentation de 3 cm du niveau mondial de la mer. Et cette augmentation est vouée à augmenter, ce qui aura des conséquences humaines. Les auteurs expliquent en effet que l’élévation du niveau de la mer va mener au déplacement de populations entières, des millions de personnes.

La perte de glace sur la surface de la planète a des conséquences pour les communautés humaines et pour la biodiversité. // Source : Nasa

La perte de glace sur la surface de la planète a des conséquences pour les communautés humaines et pour la biodiversité.

Source : Nasa

Dans leur papier de recherche, les scientifiques ont également calculé l’impact de ces pertes glacières sur l’écosystème planétaire. « La perte de banquise a causé des réductions dans l’albédo planétaire », concluent-ils. L’albédo correspond à la part de rayonnement solaire qui est réfléchie lorsqu’elle atteint la planète : cette part est renvoyée dans l’espace et ne contribue pas à réchauffer la planète. La banquise, surface réfléchissante, joue un rôle clé dans ce mécanisme. Lorsqu’elle fond, l’albédo se réduit lui aussi inévitablement.

La perte d’albédo fait partie du processus de réchauffement, et cela génère de graves désordres dans la « santé » générale de la biodiversité sur Terre. De nombreuses espèces ne sont pas préparées physiologiquement à des températures dépassant un certain seuil. L’humanité en fait partie, et c’est la raison pour laquelle des températures records, comme en Inde, sont inquiétantes. Par ailleurs, la perte des glaciers dans les montagnes a aussi une conséquence bien spécifique : cela entraîne une réduction des sources d’eau fraîche. Or, de nombreuses communautés humaines dépendent de ces sources.

« Ce que nous avons trouvé nous a stupéfié », confie l’un des auteurs au Guardian. « Dans le passé, les chercheurs ont étudié des zones spécifiques — comme l’Antarctique ou le Groenland — où la glace fond. Mais c’est la première fois que l’on examine toute la glace qui disparaît de la planète entière. » Et évidemment, quand les données sont mises à l’échelle planétaire, on comprend encore mieux l’ampleur du problème et l’urgence de la situation : une région comme le Groenland a atteint un stade où, même si l’on stoppait maintenant toute activité génératrice de gaz à effet de serre, la banquise locale continuerait à fondre pendant plusieurs années. L’enjeu est maintenant de réduire ce nombre d’années.


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