Jennifer Doudna souhaite que l’usage de la méthode CRISPR soit mieux contrôlé. La biochimiste a contribué à l’invention de cette technologie. Il y a un an, un autre scientifique s’en était servi sur des embryons humains.

La biochimiste Jennifer Doudna, professeure à l’université de Californie à Berkeley, souhaiterait que les usages de la méthode CRISPR soient mieux contrôlés. La scientifique qui a contribué à l’invention de cette méthode, surnommée le « ciseau génétique », s’est exprimée brièvement dans la revue Science le 15 novembre 2019, a repéré MIT Technology Review.

La spécialiste profite de ce qu’elle appelle un « anniversaire non désiré » : il y a un an, le scientifique chinois He Jiankui présentait au monde les premiers « bébés CRISPR », nés après une modification génétique sur des embryons humains. « La saga des ‘bébés CRISPR’ devrait susciter une discussion et un débat actifs sur la modification de la lignée germinale [ndlr : toutes les cellules, y compris les gamètes] humaine », écrit Jennifer Doudna.

Une méthode controversée inventée en 2012

Jennifer Doudna a accompagné l’équipe de la microbiologiste française Emmanuelle Charpentier, qui a mis au point la technique « CRISPR-Cas9 » en 2012. Cette méthode consiste à « couper » dans l’ADN à l’aide d’une enzyme, Cas9, afin d’éliminer un gène précis. À la fin de l’année 2018, He Jiankui a voulu utiliser cette méthode sur des embryons car il estimait qu’elle permettrait d’immuniser de futurs enfants contre le VIH (responsable du sida) lorsqu’un des parents est séropositif. L’expérience avait rapidement inquiété des scientifiques : ils craignaient que la santé des enfants nés ait été mise en danger par cette manipulation.

« Une fois que les détails du travail de He ont été révélés, il est devenu évident que même si l’édition d’embryons humains est relativement facile à faire, il est difficile de le faire bien et avec la responsabilité des conséquences médicales à vie », avance Jennifer Doudna dans ce texte. La biochimiste rappelle que des scientifiques ont préconisé un moratoire sur les techniques d’éditions du génome humain, pendant l’année écoulée. Jennifer Doudna estime que la mesure n’est pas la plus satisfaisante : « Au lieu de cela, les parties prenantes doivent s’engager dans une réglementation réfléchie de la technologie sans l’étouffer. »

Le test permettrait de dépister un cancer en moins de 10 minutes. // Source : Pixabay/CC0 (photo recadrée)

Le test permettrait de dépister un cancer en moins de 10 minutes.

Source : Pixabay/CC0 (photo recadrée)

Il n’est pas très surprenant que la scientifique préconise un encadrement renforcé de la méthode CRISPR plutôt que de recommander de cesser d’utiliser la technologie. Il suffit de regarder la fin du texte pour le comprendre : il mentionne que Jennifer Doudna est impliquée dans plusieurs entreprises qui ont fait de l’édition de gènes leur spécialité. Jennifer Doudna a participé à la création de Caribou Biosciences, d’Editas Medicine et d’Intellia Therapeutics.

Néanmoins, la prise de position de l’une des inventrices du ciseau génétique, afin d’inciter à mieux encadrer cette méthode, est révélatrice des questions éthiques suscitées par CRISPR-Cas9. En Russie, de nouveaux tests génétiques sur les ovules d’une femme sourde ont commencé.

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