C’est le point positif de toute cette histoire : le fait qu’Elon Musk se soit permis de fumer un joint en direct a convaincu la NASA de vérifier les procédures internes chez SpaceX. Les enjeux sont trop importants.

C’est une séquence qui a fait couler beaucoup d’encre, début septembre : lors d’une interview accordée à une chaîne YouTube, Elon Musk s’est permis de fumer un joint. L’intéressé n’était toutefois pas en situation d’illégalité : la Californie a légalisé l’usage récréatif de cannabis en début d’année et c’est dans cet État que l’entretien avec le fondateur et patron de SpaceX s’est déroulé.

Si elle a pu divertir les internautes, cette scène a manifestement suscité quelques crispations à la NASA. Au point que l’agence spatiale américaine, qui travaille depuis maintenant dix ans avec la société d’Elon Musk, a décidé d’enclencher une enquête sur la sécurité de son prestataire. Boeing, l’autre grand partenaire industriel de la NASA, est aussi concerné.

La capsule Dragon V2. // Source : SpaceX

La capsule Dragon V2.

Source : SpaceX

Contrôle en 2019

Ce grand passage en revue débutera en 2019 et devrait durer un mois. Il ne s’agit pas de contrôler les détails techniques des appareils en cours de conception chez SpaceX et Boeing, mais de se pencher sur la culture d’entreprise des deux groupes en matière de sécurité, indique William Gerstenmaier, l’administrateur adjoint responsable du programme d’exploration spatiale habitée.

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Jim Bridenstine.

Source : US Congress

Interrogé par le Washington Post, l’intéressé entend regarder « tout ce qui pourrait avoir un impact sur la sécurité » : le nombre d’heures de travail des employés, les styles de leadership et de gestion, la politique de chaque groupe sur l’usage de médicaments et de drogues, le bon fonctionnement des processus internes permettant de remonter les préoccupations des employés en matière de sécurité, etc.

La perplexité de la NASA peut se comprendre : après tout, SpaceX comme Boeing sont les deux entreprises qui s’occuperont des vols habités de l’agence spatiale américaine. Si les écarts de conduite que l’on prête à Elon Musk ne signifient en aucune façon que le reste de l’entreprise part à vau-l’eau, il n’en demeure pas moins que le milliardaire américain est l’un des visages publics de ce projet.

C’est ce qu’a fait comprendre Jim Bridenstine, l’administrateur de la NASA : « En tant qu’agence, nous ne nous dirigeons pas seulement nous-mêmes, mais nous entraînons aussi nos partenaires. Nous devons montrer au public américain que lorsqu’on met un astronaute à bord d’une fusée, il est en sécurité ». Et cela, même si ce n’est pas Elon Musk qui s’est occupé de l’ingénierie en tant que telle.

Dans des déclarations séparées, SpaceX et Boeing mettent en avant la qualité de leur culture d’entreprise, qui selon le premier « dépasse toutes les exigences contractuelles applicables » et « assure l’intégrité, la sécurité et la qualité de ses produits, de son personnel et de son environnement de travail », pour le second. Reste à attendre le verdict de la NASA, qui promet de ne rien laisser passer.


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