La France et l’Union européenne sont-elles prêtes face à la nouvelle donne dans le secteur spatial ? Un parlementaire, qui s’en inquiète, a obtenu un début de réponse de la part du gouvernement.

La France et l’Union européenne sont-elles bien armées pour faire face à la nouvelle donne dans le secteur spatial ? La question préoccupe Jean-Luc Lagleize, député de la Haute-Garonne et par ailleurs coprésident du groupe d’études sur le secteur aéronautique et spatial à l’Assemblée nationale, aux côtés de son collègue, Pierre Cabaré.

Elle le préoccupe tellement que le parlementaire s’est fendu d’une question écrite — parue au Journal officiel le 9 octobre — à l’attention de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Quelques semaines plus tôt, l’intéressé était aussi intervenu oralement lors d’une séance en hémicycle, début août, pour solliciter un avis du gouvernement.

Jean-Luc Lagleize

Jean-Luc Lagleize.

Source : Antoine Lamielle

Risque de perte de leadership ?

L’élu observe non sans une certaine appréhension l’émergence d’acteurs privés, qui font preuve de plus en plus d’audace dans le domaine spatial, mais aussi l’intérêt croissant de certains États, qui sont en pleine ascension économique, désirant à leur tour entrer dans le cercle fermé des puissances spatiales, pour des raisons de prestige national, économiques et de souveraineté.

Sont notamment cités, dans le premier cas, les entreprises américaines SpaceX, Amazon, Google et Facebook et, dans le second cas, la Chine, la Corée, l’Inde, Israël, ou les Émirats arabes unis.

« La France et l’Europe ont toujours été des leaders mondiaux en matière de lanceurs et de conception de satellites, gage de sécurité et de compétitivité », commente Jean-Luc Lagleize. Or « l’apparition des acteurs privés bouscule les champions industriels français, notamment avec des projets innovants comme le lanceur réutilisable et à bas coût », relève-t-il.

« l’apparition des acteurs privés bouscule les champions industriels français »

L’arrivée de ces nouveaux challengers, présentés par le député comme autant de « bouleversements majeurs » auxquels il faut s’adapter, pourrait remettre en cause « le leadership » du Vieux Continent dans ce « nouvel âge spatial ». Il en va notamment de l’indépendance, économique et politique, de l’Union européenne, en témoigne la mise au point de Galileo, pour ne plus dépendre que du GPS.

Si la question écrite du député n’a pas encore reçu de réponse, des éléments ont toutefois été fournis cet été par Frédérique Vidal à l’Assemblée nationale. La ministre, dans une brève réponse orale, a égrainé les diverses mesures qui sont prises au niveau national mais aussi européen pour non seulement rester dans la course, mais être en mesure d’être en pointe.

Prometheus, Callisto, Themis…

Outre le système européen de positionnement par satellite Galileo, qui promet des « retombées économiques, que ce soit dans le domaine de l’agriculture ou dans celui de l’automobile », la mise au point de la nouvelle fusée Ariane 6 a été rappelée (celle-ci sera moins coûteuse à fabriquer et à utiliser), tout comme celle du futur moteur Prometheus, qui sera réutilisable et moins cher à construire que Vulcain 2.

La ministre a aussi rappelé l’existence de projets prometteurs dans le domaine des lanceurs réutilisables. Il y a tout d’abord le projet Callisto, un véhicule spatial de 15 mètres entièrement réutilisable dont le premier vol d’essai est prévu fin 2020 (avec un aller-retour jusqu’à 50 km d’altitude environ). À plus long terme, il y a aussi Themis qui est dans les cartons et qui est attendu pour 2025.

Deux projets qui répondent à la stratégie de SpaceX.

Frédérique Vidal a aussi mentionné les satellites OneWeb au travers d’Airbus, une initiative qui veut entourer la Terre d’une flotte de 700 satellites interconnectés qui diffuseraient, à 1 200 km d’altitude, un accès à Internet pour le monde entier, le lancement d’un fonds d’investissement spatial (CosmicCapital) sous l’égide de l’agence spatiale française, pour soutenir l’activité des startups.

Enfin, la ministre a évoqué les sommes qui seront mobilisées au niveau européen : pas moins de 16 milliards d’euros devraient être engagés par Bruxelles entre 2021 et 2027 pour soutenir deux programmes-clés : Galileo mais aussi Copernicus, un programme d’observation de la Terre dans lequel sont notamment actifs les satellites Sentinel 2-B et Sentinel-3B.


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