L'autisme est un atout professionnel pour le numérique. C'est en filigrane la position de la firme allemande SAP, spécialisée dans la conception de logiciels. Le groupe compte recruter plus de 650 personnes touchées par l'autisme d'ici 2020, soit l'équivalent de 1 % de sa masse salariale. Selon SAP, ces individus ont des capacités particulières dans le domaine du numérique.

Dans le domaine médical, l'autisme est un handicap. L'Organisation mondiale de la santé définit l'autisme comme un "trouble envahissant du développement, caractérisé par un développement anormal ou déficient, manifesté avant l'âge de 3 ans avec une perturbation caractéristique du fonctionnement dans […] les interactions sociales réciproques, la communication et les comportements au caractère restreint et répétitif".

Répertorié dans la classification internationale des maladies, l'autisme nécessite une prise en charge des personnes qui en sont affectées. Des traitements existent, certains étant très novateurs. L'entreprise française de robotique Alderaban a par exemple lancé un programme dédié aux centres éducatifs spécialisés. Cela leur permet d'utiliser le robot Nao pour contribuer à la thérapie des mineurs atteints de ce trouble.

Mais l'autisme peut aussi être un atout. C'est en tout cas la position revendiquée par la société allemande SAP. Le groupe allemand spécialisé dans la conception et la vente de logiciels compte recruter des centaines d'individus frappés par l'autisme dans les prochaines années. La raison ? Ces personnes disposeraient de prédispositions particulières pour les technologies de l'information et de la communication.

"L'innovation vient des extrémités. Ce n'est que par l'embauche d'individus qui pensent différemment suscitent l'innovation que SAP sera prêt à relever les défis du 21ème siècle", a commenté Luisa Deplazes Delgado, l'une des responsables de la société, à la BBC.

Selon la chaîne, six employés ont d'ores et déjà été recrutés sur ce critère. Ils travaillent aujourd'hui en Inde (Bangalore) comme testeurs de logiciels. L'entreprise compte recruter d'ici 2020 l'équivalent de 1 % de sa main d’œuvre globale (65 000 salariés) sur cette caractéristique médicale. Cela représente 650 personnes. Et cela ne prend pas en compte, a priori, les autres salariés pris en raison de leur handicap.

En France, selon le ministère du travail, "tout employeur du secteur privé et tout établissement public à caractère industriel et commercial occupant au moins 20 salariés, doit employer, dans une proportion de 6 % de son effectif salarié. Cette obligation d’emploi s’applique établissement par établissement pour les entreprises à établissements multiples".

Il est précisé que "l'employeur peut se libérer de son obligation d’emploi en versant une contribution financière à l’Association pour la gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées ou conclure un accord de branche, de groupe, d’entreprise ou d’établissement". Il peut également s'en acquitter partiellement dans certains cas (stages, sous-traitance…).

Si plusieurs considérations ont pu jouer dans la décision de SAP, et s'il y a une part de communication, il est heureux de voir que celle mise en avant n'est pas l'image de marque de la société ni une quelconque considération financière. Même si celles-ci ne peuvent être écartées, SAP a plutôt mis en avant les prédispositions particulières à l'égard du numérique qu'auraient les personnes touchées par l'autisme.

Car l'enjeu reste l'intégration sociale et professionnelle de ces individus.

( image : Autism Awareness Ribbon – CC BY-SA Melesse )


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