Son nom ne vous dit peut-être rien, mais Cody Wilson est considéré comme la quatorzième personne la plus dangereuse sur Terre par le magazine Wired. La raison ? Le jeune homme, un étudiant américain, manifeste une grande passion pour les armes à feu, au point d’avoir lancé une plateforme, DEFCAD, proposant de récupérer des plans pour les concevoir soi-même, via une imprimante 3D.
Son dernier projet a fait sensation. En effet, il a réussi à « imprimer » un pistolet capable de tirer un vrai coup de feu. Surnommée le « Liberator », l’arme reste néanmoins hautement perfectible avant d’être utilisable normalement : au second essai, le percuteur n’a pas réussi à atteindre le seuil de l’amorce de la cartouche dans la chambre en raison d’un décalage au niveau du chien de l’arme, explique Forbes.
L’ensemble de l’arme est composé de plastique. Chaque pièce doit être imprimé séparément avant l’assemblage. Un seul élément de l’arme est toutefois fait de métal, afin que l’activité de Cody Wilson soit légale aux États-Unis. En effet, la législation américaine oblige les fabricants à rendre leurs armes repérables par les détecteurs de métaux (Undetectable Firearms Act of 1988).
Mais encore faut-il que celui qui imprime l’arme le sache et accepte effectivement d’introduire cette pièce métallique dans sa création. Or même à supposer que cet élément soit indispensable afin justement d’obliger celui qui fabrique l’arme à l’intégrer, il finira par apparaître des alternatives de ladite pièce en plastique ou dans un autre matériau.
Avant la naissance du Liberator, Cody Wilson s’était illustré en essayant de concevoir une version du fusil d’assaut AR-15 avec des pièces en plastique créées avec une imprimante 3D. Six coups ont pu être tirés avant ne casse. L’étudiant espérait à l’époque que l’arme puisse tirer vingt fois avant qu’elle cède du fait de la fragilité du plastique, d’autant que le fusil conservait des pièces d’origine.
#DEFCAD has gone dark at the request of the Department of Defense Trade Controls. Take it up with the Secretary of State.
— Defense Distributed (@DefDist) 9 mai 2013
Le grand pas en avant effectué par Cody Wilson et les membres de Wiki Weapons inquiète toutefois le gouvernement américain. La direction des contrôles commerciaux en matière de défense a obligé la plateforme DEFCAD a interdire l’accès public aux fichiers permettant de créer chez soi le pistolet Liberator. Ce qu’elle a fait.
Mais l’intervention des services du ministère de la défense est illusoire. Certes la suppression des plans du Liberator a été obtenue sur DEFCAD. Mais comment le Pentagone compte empêcher leur partage sur les réseaux P2P ou via les hébergeurs spécialisés ? The Pirate Bay liste cinq liens BitTorrent via lesquels sont actifs plusieurs milliers d’internautes.
Pour Cody Wilson, l’intervention des autorités américaines sur ce sujet illustre le potentiel de l’impression en trois dimensions. Interrogé par le Guardian, il pense que la convergence entre cette technologie et le partage de fichiers sur Internet va faire exploser toute la législation sur les armes à feu avant d’afficher sa préférence pour un assouplissement des lois pour autoriser la possession d’armes automatiques.
Le jeune homme est toutefois conscient qu’il est aujourd’hui plus facile de se rendre dans une armurerie et d’acheter une arme bon marché. C’est en tout cas le cas aux USA. L’état actuel de la technologie ne permet pas encore de rendre compétitive l’impression 3D d’une arme à feu. Mais elle le sera un jour, pour quelques centaines de dollars. Ce qui est, au regard du processus, relativement abordable.
Avant l’injonction faite à Defense Distributed, l’association non lucrative qui gère la plateforme DEFCAD, les téléchargements les plus importants sont venus des pays suivants : États-Unis, Espagne, Brésil, Allemagne et Royaume-Uni. Au total, les plans ont été récupérés plus de 100 000 fois. Sans compter les téléchargements actuellement en cours via BitTorrent et ailleurs.
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