Avant Thomas Pesquet, d’autres Français sont partis dans l’espace, dont Philippe Perrin. En 2002, il a passé deux semaines en apesanteur pour assembler l’ISS. Comment sa famille a-t-elle vécu cette mission périlleuse ? L’astronaute se confie à Numerama.

La peur est un cadeau pour les astronautes. Cette émotion est une information, qui les guide dans l’environnement dangereux de l’espace. Mais qu’en est-il de leurs proches ? Si l’astronaute est confronté régulièrement au risque dans sa carrière, que ce soit à l’entrainement ou en mission, sa famille y est beaucoup moins préparée.

Comment les proches des astronautes vivent-ils la situation ? « C’est très difficile », reconnaît Philippe Perrin. Il sait de quoi il parle : cet astronaute est le neuvième Français à être parti dans l’espace, en 2002. Dans un long entretien accordé à Numerama, le spationaute s’est confié sur les risques de son métier pour ses proches.

Découvrez le récit de Philippe Perrin, l’astronaute français parti dans l’espace avant Thomas Pesquet, dans notre vidéo :

Philippe Perrin s’est envolé dans l’espace à bord de la navette spatiale Endeavour, afin d’assembler la Station spatiale internationale (ISS). Au total, il a passé deux semaines dans l’espace. À cette occasion, il est sorti 3 fois hors de la station en scaphandre, soit l’une des phases les plus périlleuses pour un astronaute — et donc forcément terrifiante pour ses proches restés sur Terre. C’est d’ailleurs ce qu’il relate aussi dans son ouvrage En apesanteur, publié en avril dernier et préfacé par la nouvelle astronaute française Sophie Adenot.

Pour la famille des astronautes, « c’est une charge, une peine »

« La difficulté des métiers dangereux, c’est qu’on prend des risques, on les assume, raconte Philippe Perrin à Numerama. Quelque part, on peut même aimer ça. J’aime m’assurer que je sais gérer le danger et en faisant ça je prends des risques. Je l’assume, pour moi, c’est facile. La difficulté, c’est que ce risque-là, on le fait porter sur les épaules de ceux qui restent. Eux, ils n’ont pas les moyens de savoir ce qu’il se passe, ils ne sont pas en capacité de gérer ce danger, de savoir qu’on va prendre les mesures pour l’éviter. Pour eux, c’est une charge, une peine. »

Philippe Perrin et sa famille. // Source : Nasa/Collection de Philippe Perrin
Philippe Perrin, au centre, entouré de sa femme Cécile et de ses filles Juliette (à gauche) et Marie. // Source : Nasa/Collection de Philippe Perrin

La famille proche de Philippe Perrin a vécu les trois sorties extravéhiculaires de l’astronaute en temps réel, grâce aux retransmissions de la Nasa. « J’ai sur le scaphandre deux caméras. C’est une peine pour ma femme, elle était capable de voir en temps réel mes sorties dans l’espace. Elle sait qu’elle ne peut rien faire, donc c’est terrifiant. » Les enfants de l’astronaute ont aussi suivi la mission périlleuse de leur père. « Même les enfants ont compris qu’il se passait quelque chose. Je sais que ma fille, la plus grande, a compris, parce que ma mère me disait que pendant tout le vol, elle dessinait. C’était son moyen d’évacuer son stress, mais elle dessinait des crashs de fusée. »

@numerama

« Ma fille dessinait des crashs de fusée » : Philippe Perrin, astronaute français, a passé deux semaines dans l’espace pour assembler l’ISS. Comment sa famille a-t-elle vécu cette mission périlleuse ? L’astronaute se confie à Numerama, dans une vidéo longue disponible sur YouTube. #numerama #espace #témoignage #storytime #famille #astronomie

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En rentrant sur Terre, Philippe Perrin décide qu’il ne repartira plus dans l’espace, pour ne plus jamais faire revivre cette angoisse à ses proches. « Après avoir fait ce vol magnifique dans l’espace, j’ai décidé d’arrêter, parce que je n’avais pas forcément envie d’imposer ça ni à ma femme ni à mes enfants. […] On ne peut pas imposer ça à ceux qu’on aime. Les risques, on les assume pour soi-même, mais on ne peut pas les assumer pour les autres. »

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