L’enquête sur l’échec de la fusée européenne Vega C au mois de décembre a achevé ses travaux et trouvé un responsable : un défaut dans une tuyère de moteur.

La perte de la fusée européenne Vega C a maintenant une explication claire. Un peu plus de deux mois après l’échec de la mission VV 22, qui a entraîné la destruction de deux satellites (Pléiades Neo 5 et 6), la commission d’enquête indépendante chargée d’élucider l’affaire a rendu ses conclusions. Celles-ci ont été partagées le 3 mars 2023.

C’est bien en raison d’une baisse progressive de pression durant la deuxième phase de vol que le lanceur a échoué. Ce phénomène, observé lors de l’ascension — il était question d’une « sous-pression » –, conservait toutefois une origine mystérieuse. Il semblait de toute évidence lié à l’étage appelé Zefiro 40, car il a eu lieu quand son propulseur fonctionnait.

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La fusée Vega-C au décollage. // Source : ESA – M. Pedoussaut

Un problème de tuyère en carbone

L’enquête sur le raté de décembre confirme que c’est bien dans le Zefiro 40 que se niche le problème. Plus précisément, il a été mis en lumière que la « cause de l’échec est une détérioration graduelle de la tuyère du Zefiro 40 ». Cette dégradation vient probablement d’un manque de contrôle dans la qualité du matériau utilisé pour la fabrication de la tuyère, note la commission.

L’insuffisante homogénéité du matériau sur cette pièce est ainsi jugée responsable de la « sur-érosion thermomécanique inattendue du composite carbone/carbone constituant l’insert du col de tuyère », poursuit le compte-rendu. Cette tuyère a été achetée par la firme italienne Avio, spécialisée dans la propulsion et l’aérospatiale, en Ukraine.

Ces constats ont engendré deux décisions : la première est que la fusée Vega se passera à l’avenir de ce composite carbone/carbone pour la tuyère. « Les critères d’acceptabilité [ne sont] pas suffisants pour en garantir l’aptitude au vol », relève le rapport. En conséquence, « ce matériau composite spécifique [est] désormais interdit de vol. »

Source : ESA-Manuel Pedoussaut
La fusée Vega-C succède à Vega. // Source : ESA-Manuel Pedoussaut

La seconde est la sélection d’un matériau alternatif au composite carbone/carbone. Il est dit qu’Avio a déjà « mis en œuvre une solution alternative pour les prochains cols de tuyères du Zefiro 40 », en s’appuyant sur ArianeGroup, qui assurera sa fabrication. Ce matériau sert déjà sur les tuyères des autres étages de la fusée Vega, Zefiro 23 et Zefiro 9.

Il y a également quelques autres nouvelles rassurantes : l’enquête n’a pas révélé de faiblesse dans le design du Zefiro 40. En outre, la nature du problème relevé avec ce col de tuyère fait que la qualification des moteurs Zefiro 23 et Zefiro 9 n’est pas non plus remise en question. En outre, les sous-systèmes du lanceur ont réagi durant le vol « conformément à leur conception ».

Quand revolera Vega-C ?

Reste maintenant la question-clé : quand la fusée Vega C pourra-t-elle retourner sur le pas de tir ? C’est hélas pas pour demain. Le calendrier prévisionnel prévoit un retour opérationnel vers la fin 2023. C’est loin, mais la commission a édicté une série de recommandations pour s’assurer que la solution technique pour corriger le Zefiro 40 soit sûre.

Ainsi, il est demandé « des tests et analyses supplémentaires afin de garantir la fiabilité de la qualification de la solution alternative retenue », mais aussi de re-qualifier le moteur Zefiro 40 avec le matériau alternatif. Enfin, il s’agit aussi de garantir durablement la production fiable du lanceur et, à travers lui, de ses différents composants.

Mais si la fusée Vega C ne revolera pas immédiatement, sa version précédente (qui se nomme juste Vega) pourra revenir aux affaires beaucoup plus vite. En effet, les moteurs Zefiro 23 et Zefiro 9 n’étant pas affectés (le Zefiro 40 ne sert que sur la Vega C), Arianespace pourra utiliser ses deux derniers lanceurs Vega vers la fin de l’été 2023 et ainsi résorber un peu le trou capacitaire européen.

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