La pièce est baptisée La Machine de Turing, mais c’est bien le célèbre mathématicien qui est au centre de l’attention. Portée par un beau duo, l’œuvre théâtrale explore l’intrigante personnalité d’Alan Turing, l’homme qui a déchiffré Enigma.

« De toutes les choses immatérielles, le silence est l’une des plus lourdes à porter. Et justement, ma vie était remplie de secrets… » Qui était vraiment Alan Turing ? Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le mathématicien et cryptologue britannique qui a déjoué la machine Enigma n’était pas aussi célèbre qu’aujourd’hui. C’est sur cette époque de sa vie que s’ouvre la pièce La Machine de Turing, actuellement jouée au Théâtre Michel à Paris.

En 1952, Alan Turing vient d’être cambriolé à son domicile. Il dépose une plainte au commissariat de Manchester, où le sergent enquêteur Ross s’intéresse moins à l’argenterie dérobée chez le professeur qu’à son étrange passé. Peu à peu, il déroule le fil de la vie d’Alan Turing, de son amour précoce pour les chiffres à son rôle crucial dans le déchiffrage d’Enigma, ainsi qu’à son homosexualité durement jugée par la société de son époque.

Benoit Solès incarne Alan Turing (à gauche) et Amaury de Crayencour joue le sergent Ross (à droite). // Source : Fabienne Rappeneau (photo recadrée)

Benoit Solès incarne Alan Turing (à gauche) et Amaury de Crayencour joue le sergent Ross (à droite).

Source : Fabienne Rappeneau (photo recadrée)

L’homme devant, la machine en arrière-plan

Enigma, problème de la décision, intelligence artificielle… Même si la technologie et les calculs jalonnent la pièce jusqu’à se trouver dans son titre, c’est bien l’histoire personnelle du mathématicien dont il est avant tout question sur scène. Alan Turing est présenté sous diverses facettes : candide lorsqu’il parle de sa passion pour le film d’animation Blanche-Neige, qu’il a vu plusieurs fois au cinéma, opiniâtre lorsqu’il veut percer les secrets d’Enigma, et touchant lorsqu’il parle de sa solitude et des chiffres qui étaient ses seuls véritables amis.

L’intégralité de la pièce repose sur un solide duo. Selon les représentations, ce sont Benoit Solès ou Matyas Simon qui incarnent Turing. Trois personnages se succèdent pour donner la réplique au mathématicien, tous incarnés par le même comédien : Amaury de Crayencour ou Éric Pucheu. À chaque représentation, l’un des comédiens se glisse tour à tour dans la peau du sergent Ross, puis d’Alan Muray (l’amant d’Alan Turing) et d’Hugh Alexander (le cryptanalyste et joueur d’échecs britannique avec lequel Turing a travaillé à déchiffrer Enigma).

La rencontre entre Alan Turing et Arnold Muray. // Source : Fabienne Rappeneau (photo recadrée)

La rencontre entre Alan Turing et Arnold Muray.

Source : Fabienne Rappeneau (photo recadrée)

Des clins d’œils à l’informatique moderne

Pendant 1 heure et 30 minutes de face-à-face, les machines pensantes d’Alan Turing s’illuminent en arrière plan. Le mathématicien « sort » parfois d’une scène pour prendre à part le public et lui raconter sa vie pleine de non-dits. Celles et ceux qui connaissent déjà bien l’histoire d’Alan Turing, ou qui ont vu le film Imitation Game, risqueront peut-être de trouver que la pièce s’en approche trop. Le dialogue prend clairement le pas sur l’action et la pièce n’évite pas quelques raccourcis historiques.

Mais le choix de véritablement chercher à comprendre la personnalité d’Alan Turing, plutôt que de raconter sa vie dans une simple perspective chronologique, fait tout l’intérêt de la pièce. La mise en scène est moderne et le texte fait plusieurs clins d’œil au futur de l’informatique, dont les spectateurs sont contemporains. Si vous voulez faire découvrir l’histoire d’Alan Turing à vos proches, vous pouvez les amener voir La Machine de Turing.

La pièce est jouée au Théâtre Michel de Paris jusqu’au 4 janvier 2020. Vous pouvez acheter vos places sur le site du théâtre ou sur BilletReduc.


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