Les mèmes de chats sont parfois plus sérieux qu’il n’y paraît. Voici une petite compilation de ceux qui ont marqué le Web, chacun à leur façon.

Parce que c’est aujourd’hui la journée internationale du chat et que nous sommes en août, le mois où l’actualité ronronne, nous vous proposons une petite sélection des meilleurs mèmes de chats qui ont marqué le Web.

Cela peut sembler innocent, mais les chats ont en réalité une vraie place dans la culture Web. Une dizaine d’années après celui que l’on considère souvent comme le premier mème (ce bébé qui danse), ils ont été au cœur d’un phénomène important : les Lolcat.  Il s’agit de mèmes dédiés au félin qui ont proliféré sur Reddit, 4Chan, des blogs ou des sites spécialisés. En 2007, ils ont fait débat. Le Times of London les a qualifiés de tendance « la plus stupide » qui ait jamais existé, tandis que d’autres comme le Star se sont félicités de l’existence de ce « plaisir coupable, drôle et étrangement addictif ».

Un mème de 1870

Les chats n’ont pas attendu la création d’Internet pour être drôles. En fait, on en trouvait déjà en… 1870. Le photographe Harry Pointer était un maître en la matière. Ce moldu anglais est connu pour une série de cartes de visite (qu’il utilisait pour se vendre) sur lesquelles figuraient ses chats. Il a aussi réalisé de nombreux clichés de ses animaux de compagnie, dans des poses plus ou moins incongrues. S’ils ont été aussi populaires, c’est parce qu’Harry Pointer y ajoutait toujours une petite phrase sarcastique. De gauche à droite, on peut lire les légendes suivantes : « Amène le dîner Betsy », « Miss Tabbie à la patinoire » puis « Le thé de 17 heures ».

Les premiers Lolcat // Source : Harry Pointers

Les premiers Lolcat

Source : Harry Pointers

Les premiers Lolcat ont donc été des cartes postales, que l’on s’envoyait pour se fêter la bonne année ou donner quelques nouvelles. La série, qui comporte près de 200 photos, s’appelait les « Brighton Cats ».

I Can Has Cheezburger ?

Bien des années après les photos de Harry Pointer, naissent les Lolcat modernes sur le Web. Celui que vous voyez ci-dessous — où figure un joli British Shorthair — est l’un des premiers à avoir bénéficié d’une vraie viralité :

L’image de base vient d’autres plateformes. Elle a été republiée avec cette légende par un blogueur lorsqu’il a créé son site de mèmes, ICHC (pour I can has cheezburger). Le blogueur est un Hawaïen nommé Eric Nakagawa, qui se faisait surnommer Cheezburger — sa petite amie, Kari Unebasami, était Tofuburger d’après Know your mème.

Le succès de ICHC a été immédiat. D’après le Time, des investisseurs l’ont racheté dès septembre 2007, pour la modique somme de 2 millions de dollars. Car oui, les sites de mèmes et Lolcat sont parfois un vrai business.

Le compte Twitter de Cheezburger est toujours actif, et il compte aujourd’hui 1,5 million d’abonnés. Il contient, évidemment, beaucoup de mèmes de chats.

Le réseau Cheezburger, qui rassemble des dizaines de sites tiers, générerait quant à lui 192,5 millions de pages vues par jour selon les analyses de Quantcast.

Les Happy cat

Les Happy cat (littéralement, « chats heureux ») sont une catégorie de Lolcat à eux seuls. Il n’en existe pas un seul, mais des dizaines. Voici quelques-uns des félins heureux les plus populaires :

Captures d'écran

Captures d’écran

Les Happy Cat ont été popularisés au tout début des années 2000, sur des forums. D’après Know the meme, le tout premier serait apparu en 2003 sur la publicité d’une marque de croquettes russe. Il s’agit tout simplement du chat gris que l’on aperçoit sur le mème ICHC.

La publicité a été archivée. On ignore s’il s’agit de la véritable première occurrence de ce chat gris.

Selon Know your meme, le chat s’appelait Frank. Il était né en 1994 et il est malheureusement décédé en 2007, alors qu’il était malgré lui à l’apogée de sa gloire.

Longcat vs Tacgnol

Le Longcat, c’est ce petit chat blanc au regard apeuré dont la hauteur a impressionné les internautes.

Des chats longs // Source : Captures d'écran

Des chats longs

Source : Captures d'écran

C’est probablement l’un des chats qui a fait l’objet du plus grand nombre de montages Photoshop au monde. On le compare à un fromage coulant qui s’étend, à la Tour Eiffel (qu’il dépasse bien évidemment) ou on en fait un monstre prêt à ravager des villes entières.

Le chat s’appelle Shiroi, soit « blanc » en japonais. Il aurait été publié sur Futaba, un forum local, entre 2004 et 2005, puis partagé sur 4chan dès 2007. Comme l’ont remarqué certains internautes, la manière dont il est détourné en monstre dans une ville n’est pas sans rappeler un vieux sketch humoristique des Monty Python. Voici l’extrait en question, daté de 1971 :

Le Longcat moderne a un ennemi, le chat noir Tacgnol. La guerre entre eux deux fait l’objet de toute une mythologie, que l’on appelle Catnarok. Selon ce mythe, le Longcat devra se battre contre le Tacgnol dans un combat lors du Caturday, un jour longtemps dédié au partage de mèmes de chats. Ils seront mis au courant de la date précise du combat par un Ceilingcat (voir plus bas).

Capture d'écran

Capture d’écran

Le Ceiling cat

Le Ceiling cat (chat de plafond) est un chat roux dont la tête dépasse d’un trou.

Capture d'écran

Capture d’écran

On ignore qui a publié la première version de l’image sur le Web. De nombreuses personnes ont revendiqué en être à l’origine, en publiant notamment des photos sous différents angles. Certains ont expliqué que le chat était mort en 2010, mais là encore, il est difficile de le prouver.

Selon Know your meme, la photo aurait d’abord été mise en ligne en 2003 sur FunnyJunk, un site où les internautes peuvent voter pour leurs images préférées. Baptisé à l’époque « Stalker kitty »,  il n’aurait eu aucun commentaire pendant 4 ans, avant de devenir une célébrité.

Dès 2006, la légende de ce chat est devenue (en anglais) « Le ceiling cat vous regarde vous masturber ». L’image est depuis utilisée pour signifier cette idée de surveillance peu discrète, mais très angoissante. Elle est si populaire qu’elle a été intégrée dans la mythologie de Catnarok. Selon la bible des Lolcat, le Ceiling cat serait ni plus ni moins que le dieu des chats.

À l’inverse, le Basement cat (chat de la cave), un chat noir, serait le diable incarné.

Le mème du Ceiling cat a connu un renouveau en juin 2018, lorsqu’une internaute a publié sur Twitter plusieurs photos sur son compte. On y voit un chat que sa mère a trouvé dans un trou du plafond. Son tweet a été aimé plus de 100 000 fois.

Le Keyboard cat

Le Keyboard cat, c’est l’histoire d’une vidéo YouTube de chat qui joue au piano… et fait plus de 55 millions de vues.

Disons-le : la vidéo est de qualité médiocre. Ceci est lié à l’époque où la vidéo a été filmée… car elle date des années 1980. Le chat roux tigré s’appelait Fatso et appartenait à un certain Charlie Schmidt.

Il l’a publiée sur YouTube des années après avoir capturé ces instants, en 2007. Deux ans plus tard, elle a été partagée par un vidéaste dans un mashup qui montrait un homme tombant dans les escaliers. Depuis, le Keyboard cat est régulièrement utilisé pour illustrer des situations d’échec.

Fatso est mort en 1987 selon le Guardian. Charlie Schmidt a aussi publié des dizaines de vidéos avec Bento, son autre chat. On le voit ici jouer du piano comme son défunt copain.

Bento est également mort, en mars 2018.

Grumpy cat

Grumpy cat était une légende à elle toute seule. Malheureusement, cette petite chatte qui avait l’air toujours grognon est décédée au mois de mai 2019.

Flickr

Flickr

Le félin avait un visage particulièrement expressif, probablement à cause de son nanisme. Il avait 7 ans lorsqu’il est mort, des suites d’une infection urinaire.

Une photo de la chatte avait été publiée sur Reddit en septembre 2012. Elle avait été visionnée plus d’un million de fois, en seulement 48 heures, sur le site d’hébergement Imgur.

grumpy-cat-meme

Grumpy cat est rapidement devenu l’anti-Happy cat. Son potentiel de mème était tel que ses maîtres en ont fait un véritable produit marketing. Elle faisait ainsi des séances de dédicaces à travers le monde et avait tout un lot de produits dérivés à son effigie, du tote bag aux coques de téléphones, en passant par les vêtements. Elle a même eu un rôle dans une publicité Friskies pour promouvoir de la nourriture pour chat. Ses propriétaires ont attaqué en justice une entreprise qui avait utilisé son image sans leur accord et ont remporté pas moins de 700 000 dollars.

L’animal a fait l’objet de détournements en France lors de la dernière campagne présidentielle, où il a été comparé à Jean-Luc Mélenchon, devenu à l’occasion… GrumpyChon.


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