Tous les week-end, retrouvez sur Numerama la compilation hebdomadaire de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright.

Cette semaine, le Copyright Madness revient sur ContentID qui a encore produit des dommages collatéraux, Netflix et le réalisateur de la série documentaire Wild Wild Country ou encore un brevet sur la couleur noire. Bonne lecture et à la semaine prochaine !

Copyright Madness

Silence ! On sait de longue date que le système de gestion des droits sur YouTube est complètement hors de contrôle. Mais ses ratés nous étonneront toujours. Cette semaine, le musicien américain Getter a annoncé sur Twitter qu’il était obligé de supprimer tous les vlogs qui figuraient sur sa chaîne : des dizaines de vidéos enregistrées pour la plupart sur des lieux de concerts ou d’événements. Toutes ces vidéos se sont vues infliger des strikes par le robot de YouTube chargé de la police du droit d’auteur, à cause des musiques jouées sur place et captées par le micro du musicien pendant le tournage de ses vlogs. Attention si vous tournez des vidéos dans un bar ou un supermarché qui passent de la musique d’ambiance. YouTube pourrait bien ensuite se charger de vous réduire au silence…

Les contenus peuvent être démonétisés. // Source : YouTube

Les contenus peuvent être démonétisés.

Source : YouTube

Paparazzi. Le métier de paparazzi n’était déjà en lui-même pas très glorieux, mais voilà que ces voleurs d’images et profanateurs de la vie privée ont trouvé une nouvelle combine pour faire fructifier leur business douteux. C’est la top model Gigi Hadid qui en a fait les frais : elle avait publié sur son compte Instagram une photo d’elle-même trouvée sur Internet qu’elle n’avait à l’origine pas autorisée. L’agence de paparazzi pour laquelle travaille le photographe qui a pris le cliché lui a intenté un procès pour violation du droit d’auteur ! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Hadid est inquiétée de la sorte par des photographes sans scrupule. Se faire tirer le portrait sans autorisation ne suffit plus, il faut aussi risquer de se faire faire les poches ensuite !

Footage de gueule. Netflix, le réalisateur et le producteur de la série documentaire Wild Wild Country sont poursuivis pour violation de droits d’auteur par la Fondation internationale Osho, qui est issue d’une secte fondée et dirigée par le gourou Osho qui a existé dans les années 80. Le documentaire diffusé sur Netflix retrace l’histoire de cette secte en interviewant des fidèles ou des personnes qui en ont fait partie. Le documentaire contient également des extraits vidéos (footages) de l’époque utilisés pour témoigner et montrer comment fonctionnait la secte. La fondation s’oppose à cette réutilisation et considère qu’elle est victime d’une violation de copyright. Rechercher la paix intérieure et l’argent sont deux concepts littéralement opposés…

Wild Wild Country

Wild Wild Country

Source : Netflix

Trademark Madness

Trolling. Au début de l’année, Mac Donald’s a subi une grosse déconvenue, puisque la marque qu’il détenait sur le Big Mac a été annulée pour cause d’usage abusif. Le géant du fastfood s’en était pris à la petite chaîne irlandaise Supermac, qui avait réussi à prouver en justice que Mac Donald’s utilisait sa marque à des fins d’intimidation. Cette semaine, c’est Burger King qui s’est engouffré dans la brèche ouverte par cette annulation pour faire du trolling de très, très haut niveau ! Dans l’un de ses magasins en Suède, les noms de ses burgers ont été remplacés par d’autres propositions comme « The Kind of Like a Big Mac, but Juicer and Tastier » ou « Big Mac-ish but Flamed Grilled Of Course ». Un beau coup de marketing dans lequel on a bien envie de croquer à belles dents !

burger-king

La marque rivale de McDo.

Source : Mike Mozart

Patent Madness

Noir, c’est noir. Il y a trois ans, l’artiste contemporain Anish Kapoor avait déclenché la colère dans le monde de l’art en achetant une licence exclusive pour être le seul au monde à pouvoir utiliser le pigment Vantablack. Cette peinture développée à l’origine pour l’armée a la particularité d’être d’un noir quasiment absolu, absorbant 99, 96 % des rayons lumineux. Beaucoup de critiques avaient été émises à l’encontre de l’artiste, l’accusant d’utiliser son argent et le droit des brevets pour s’approprier une couleur au détriment des autres. Une contre-attaque a été lancée par un Américain dénommé Stuart Semple qui a trouvé le moyen, par un autre procédé, de produire une peinture qui absorbe entre 98 et 99 % de la lumière. Il lui a donné le nom de Black 3.0 et a réussi une campagne de financement participatif sur Kickstarter pour son lancement mondial. Mais dans la description du projet, une mention précisait qu’il était rigoureusement interdit ensuite de donner cette peinture à Anish Kapoor ! On espère que cela le fera entrer dans une colère noire…

Feuille d'aluminium froissée couverte de Vantablack

Feuille d'aluminium froissée couverte de Vantablack.

Source : Surrey NanoSystems

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à celles et ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

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