Note : Baïam a changé de nom et devient Kuala.
La journée commence alors que vous jouez devant la maison avec vos trois frères et sœurs. Tout à coup votre maman vous interpelle, tracassée par vos bêtises. Mais la cause de son tourment est en fait tout autre : votre papa est alité, en bien mauvais état et suffisamment malade pour l’empêcher d’accepter la mission de Raloou Pali le pirate. C’est donc à vous de vous en charger. Elle consiste à dénicher, en moins de cinq jours, un maximum de trésors sur une des iles de l’archipel de Kuala.
Seul ou à plusieurs, chaque joueur prend un des quatre livrets correspondant à un personnage. Chacun dispose d’une caractéristique bien particulière : Kyk et sa force phénoménale, Grobeille la reine des énigmes, Sarah qui peut parler aux animaux, et enfin le vif et agile Neta. Tout le monde ouvre son livret sur la première page et on commence à lire, ensemble, le début de l’histoire. S’agissant d’un jeu à scénario, nous ne dévoilerons rien dans cet article qui pourrait vous gâcher la surprise.
Comme dans un livre dont vous êtes le héros, chaque case de cette bande dessinée contient des numéros, plus ou moins cachés, permettant d’aller vers d’autres cases, pour poursuivre l’aventure et dénicher des trésors. Mais, et c’est vraiment très astucieux, ce que vous voyez dans votre livret est par moment différent de ce que voient les autres, en fonction de votre personnage.
Ainsi, si vous êtes Neta, vous apercevrez peut-être un numéro dissimulé en haut d’un arbre, car vous seul savez y grimper, grâce à votre agilité. Les autres ne voient rien à cet endroit précis. Mais Sarah, qui connaît le langage des animaux, verra peut-être un autre numéro à côté de l’oiseau perché sur la branche de ce même arbre, et pourra récolter un indice en discutant avec lui. De même, certaines cases sont accessibles uniquement à tel ou tel personnage, et il peut même arriver que le groupe se sépare.
Régulièrement, des numéros sont fondus dans le décor : le contour des briques d’un mur, qui permet d’accéder à une cache, un nœud dans le bois d’un bureau qui ouvre le tiroir, etc. Il faut bien tout observer, prendre son temps, et tenter. Parfois ça rate, et le numéro qu’on a cru voir n’en était pas vraiment un, et la case sur laquelle on tombe ne correspond pas du tout à la situation en cours. Pas grave, on revient en arrière et on oublie ce qu’on a vu.
Le jeu est également parsemé d’énigmes. Certaines sont vraiment ardues mais restent tout de même accessibles. Un astucieux système basé sur des icônes permet de vérifier si nos réponses aux énigmes sont correctes ou non. Surtout, vous trouverez des rubis, des perles et des petites statuettes tout au long de votre aventure. Chacun de ces trésors correspond à un niveau de difficulté choisi en début de partie.
Enfin, certaines cases comportent une icône de soleil représentant une journée qui passe. La partie s’arrête après cinq jours de chasse aux trésors : on ne perd jamais à Kuala, on ne meurt pas, on réussit juste plus ou moins bien notre mission. Au bout de ces cinq jours, Raloou Pali le pirate nous échange le fruit de nos trouvailles contre des pièces d’or, grâce à une règle de calcul prenant en compte le nombre de joueurs, leur âge et la difficulté choisie, de manière très intelligente et équitable. Mais à quoi sert donc cet or ? Jouez à Kuala pour le savoir…
Pourquoi c’est bien
Kuala reprend le principe des livres dont vous êtes le héros, qui fleurissaient à la fin des années 80, mais sous format bédé. Mais surtout, ici, vous êtes LES héros. Cette possibilité de jouer à plusieurs est bien évidemment la grosse originalité du jeu. Et ça marche à merveille, que vous soyez seul ou accompagné d’un, deux ou trois camardes. Le jeu fonctionne et est très plaisant avec des enfants notamment. D’autant plus que l’histoire et les illustrations devraient leur plaire. Mais Kuala ne leur est pas exclusivement réservé : on y prend tout autant de plaisir en tant qu’adulte. Bien sûr, le scénario reste basique, mais c’est agréable et frais. Et n’oublions pas qu’il s’agit d’un jeu, pas d’une « vraie » bande dessinée dont l’histoire est primordiale.
Comme tous les jeux narratifs basés sur des scénarios (tels Château Aventure ou T.I.M.E. Stories par exemple), Kuala n’est pas rejouable à l’infini. Comme un livre classique en somme. Mais le jeu permet néanmoins de rejouer plusieurs fois chaque histoire, en prenant d’autres embranchements, avec d’autres personnages pour explorer d’autres voies, et avec un nombre différent de joueurs. Bref, on ne se sent à aucun moment spolié et on prend plaisir à chaque partie, même si certaines cases ont déjà été vues auparavant.
Les illustrations, fraiches, détaillées et tout en rondeur, participent aussi au plaisir du jeu.
Une BD dont vous êtes LES héros
Une fois arrivé au bout de Kuala, et après avoir volé tous les trésors de la carte, n’hésitez pas à essayer les autres titres de l’éditeur. Tous reprennent ce principe de BD dont vous êtes le héros, mais à jouer en solitaire cette fois, avec un seul livret. Bien sûr, rien ne vous empêche de vous y mettre à deux, avec un enfant par exemple, pour l’aider. Mais Kuala est le seul opus de la gamme à proposer cet astucieux système de livrets multiples et différents. La collection s’étend sur différents univers, adaptés à différents âges, certains étant même plutôt réservés à un public ado/adulte.
https://www.youtube.com/watch?v=nGoVklE9AGM
Bref, Kuala est rafraîchissant, original et vraiment plaisant. Sa rejouabilité est suffisante pour ne pas être frustré. On lui souhaite tout le succès qu’il mérite et on croise les doigts pour voir d’autres boites basées sur le même principe.
- Kuala est un jeu de Shuky
- Illustré par Gorobeï
- Coédité par Blue Orange et Makaka
- Pour 1 à 4 joueurs à partir de 7 ans
- Pour des parties d’environ 45 minutes
- Au prix de 24,90 € chez Philibert
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