En 2023, on espère que vous ne vous contenterez pas d’un sapin généré par Midjourney et qu’un beau sapin, roi des forêts, trônera dans votre salon. Mais la question du caractère plus ou moins écologique des sapins synthétiques ou naturels se pose encore. Par chance, nous avons depuis quelques années des données suffisamment fiables pour y répondre.

À l’approche de Noël (surprise, cela tombe encore le 25 décembre cette année) et plus généralement de la période des fêtes de fin d’année, vient immanquablement la tradition du sapin. À la rédaction, nous n’avons pas encore jeté notre dévolu sur l’arbre de Noël qui trônera de notre côté de l’open space. Mais depuis que le plastique existe, l’équipe sapins naturels affronte l’équipe sapins artificiels. Cette querelle des Anciens et des Modernes d’un nouveau genre ne peut être tranchée que par la science.

Il serait assez facile de croire que les sapins artificiels sont plus écologiques que les sapins naturels (qui sont somme toute de vrais arbres abattus pour une tradition), mais la question est en réalité un peu plus complexe et a été particulièrement bien documentée ces dernières années (une étude en 2009, une autre en 2018).

Sapins de Noël artificiels : avantages et inconvénients

Le sapin artificiel a plusieurs défauts qui en font, de manière générale, un choix vraiment peu écologique : il s’agit de plastique, matière peu éco-friendly dans la plupart des cas, qui se recycle mal et n’est pas biodégradable. En plus, bien souvent, le sapin artificiel a été assemblé en Chine : il faut donc ajouter à la note environnementale le trajet de l’objet. Sans parler des produits qui auraient échappé aux contrôles et dans lesquels on pourrait trouver des traces de plomb, ce qui n’est vraiment pas conseillé pour votre santé. On trouve des « sapins » à partir de 3 € sur AliExpress, vendus en France : autant dire qu’ils n’auront pas vu l’ombre d’une homologation.

Un sapin artificiel. // Source : www.yourbestdigs.com
Un sapin artificiel. // Source : www.yourbestdigs.com

Une étude menée au Canada sur l’impact environnemental des sapins artificiel a montré que si vous optez pour un tel objet, vous devrez le garder plus de 20 ans pour que son impact sur l’environnement soit le même que si vous aviez opté pour un sapin naturel chaque année. Cette mesure a été minimisée par d’autres études qui ont estimé qu’il fallait au moins 10 ans d’utilisation pour arriver à ce résultat.

Des sapins de luxe existent aussi : Balsam Hill se félicite par exemple d’obtenir un réalisme maximal avec un procédé breveté pour créer des aiguilles avec du polyuréthane. À plus de 100 € pour les petits modèles et jusqu’à 1 400 € pour des modèles décorés, la marque promet une fabrication « à la main » et des sapins capables de durer « une vie entière ». C’est visiblement le prix de la qualité… et du respect de l’environnement.

En bref, vous avez plutôt intérêt à apprécier le sapin en plastique que vous avez choisi et à avoir pris un modèle de bonne qualité qui ressemblera encore à quelque chose dans 10 ans ou 20 ans. Vous devrez également avoir l’espace pour le stocker en sécurité afin qu’il soit propre d’une année sur l’autre. La somme à débourser peut être conséquente. Et elle élimine la quasi-totalité des sapins de Noël artificiels vendus dans les grandes surfaces à l’approche des fêtes…

Sapins de Noël naturels : avantages et inconvénients

À l’opposé, les sapins naturels ont quelques avantages qui sont bien souvent ignorés par les consommateurs. Premièrement, les sapins de Noël ne participent pas à la déforestation de notre planète, comme les marques de sapins artificiels tentent de le faire croire (même celle de luxe citée plus avant) : comme tous les produits agricoles de consommation, on les fait pousser pour cet usage, comme le précise l’Association Française du Sapin de Noël Naturel (AFSNN, oui, cela existe). Il existe donc bien des champs de sapins de Noël constitués d’arbres plantés uniquement pour décorer le mois de décembre.

Aux États-Unis seulement, ce sont 350 millions de sapins qui poussent précisément pour ce commerce et 30 millions sont coupés chaque année autour de Noël. Cela signifie que plusieurs dizaines de millions d’arbres plantés dans ces fermes servent toute l’année à créer un microcosme local : les arbres accueillent des animaux et offrent un terrain propice aux développements de végétaux. En réalité, on est presque à l’opposé de la déforestation : le business du sapin de Noël permet de financer et d’entretenir des forêts de sapin.

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Forêt de sapins – Tom Simpson

Cela signifie bien évidemment que pour réduire l’impact environnemental de votre achat, vous devez acheter local. Si le sapin de vos rêves vient de l’autre bout du monde et s’est fait livrer par avion puis par camion jusqu’à votre porte, enrobé dans du plastique, vous avez tout faux. Au lieu de cela, vous pouvez repérer un sapin qui a grandi en France grâce à son écusson Fleurs de France et un sapin qui a grandi dans une ferme respectueuse de l’environnement par son écusson Plante Bleue. Des labels régionaux existent aussi pour mettre en valeur les productions locales.

Quel que soit le sapin naturel que vous choisirez, il offre différentes possibilités de recyclage. Si vous habitez dans une maison et que vous avez un jardin, vous pouvez opter pour un sapin en pot que vous pourrez replanter — la reprise est globalement bonne si vous avez placé le sapin dans une pièce non chauffée avant de le replanter et que vous ne le plantez pas par temps de gel. Si vous habitez en appartement, vous pouvez le faire recycler : il aura alors une troisième vie en compost ou en copeaux. En revanche, le sapin n’est pas un excellent bois de chauffage.

Faites bien attention à la législation en vigueur dans votre ville avant de déposer votre sapin sur le trottoir. À Paris, par exemple, le mieux est d’aller déposer son sapin dans un point de collecte : en 2022, l’opération a permis de récupérer 114 000 sapins dans les 174 points de collecte de la capitale. Ils sont broyés sur place (pas de transport inutile) et utilisés pour tapisser les sols afin d’éviter la prolifération de mauvaises herbes.

En France, en 2015, 83,1 % des sapins achetés étaient des sapins naturels et 90 % d’entre eux étaient des sapins coupés (ceux qui ne peuvent pas se replanter).

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Un vrai sapin

En bref, on achète quoi comme sapin ?

Si vous optez pour un sapin de Noël artificiel, il faut que vous vous fassiez à l’idée que votre arbre en plastique ou polyuréthane a 10 à 20 ans devant lui. Privilégiez quoi qu’il arrive des productions européennes ou françaises qui n’utilisent pas de composés chimiques dangereux — plus facile à dire qu’à faire, dans la mesure où plus de deux tiers des sapins artificiels vendus sont faits en Chine, surtout les moins onéreux. On ne va pas se mentir, vous avez une grande chance de faire le choix le moins écologique en achetant un sapin de Noël artificiel.

Si vous optez pour un sapin de Noël naturel, vérifiez la provenance du sapin et choisissez-le en ayant à l’esprit ce que vous allez en faire après les fêtes. N’oubliez pas non plus que les sapins de Noël naturels poussent spécifiquement pour cet usage et ont plusieurs avantages pour l’environnement, de leur capacité à être recyclés à 100 % aux zones de plantation qui sont de véritables petites forêts abritant un écosystème naturel complet. C’est, d’après les différentes études, le choix le plus sûr.


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