Si vous jouez à World of Warcraft depuis des temps immémoriaux, vous savez que les fonctionnalités proposées d’une extension à l’autre finissent parfois par être abandonnées. C’est vrai pour Tourment, la tour des damnés, dans Shadowlands, les armes prodigieuses de Légion ou encore le Cœur d’Azeroth, dans Battle for Azeroth.
Quand Blizzard a eu l’idée de lancer le fief avec Warlords of Draenor, en 2014, on aurait pu croire que ce concept de proto-housing avant l’heure allait durer bien au-delà de la durée de vie de l’extension. Après tout, c’était une base personnelle prometteuse, que l’on pouvait (un peu) aménager. La sortie, deux ans plus tard de Légion, a sonné comme un cruel retour au réel. Le fief s’est mué en ville fantôme, inutile et désertée.
Alors, évidemment, au moment de signer enfin l’acte de propriété de votre toute nouvelle maison dans Midnight (accessible depuis le 3 décembre en accès anticipé, via les évènements de lancement de l’extension), il y a une question légitime qui se pose : à quoi bon décorer des heures durant son chez-soi, si c’est pour que Blizzard délaisse tout au moment de lancer The Last Titan (la 12e extension de WoW qui suivra) ?
Nous en avons discuté avec Jay Hwang (artiste principal) et Garth DeAngelis (directeur de production associé). Et, sur cette fonctionnalité bien spécifique, la stratégie du studio semble avoir changé, pour le meilleur.
Le housing est promis « evergreen » sur WoW : il existera au-delà de Midnight
Blizzard est conscient de son passif et de la frustration qui existe parfois chez les joueurs et les joueuses qui auraient bien voulu prolonger certaines fonctionnalités au-delà de l’extension concernée. C’est sans doute pour cela que lors de notre entretien, Jay Hwang a immédiatement dégainé un terme précis pour qualifier le housing (ou logis, en français) : « evergreen ». En clair, ce sera une fonctionnalité pérenne, impérissable.
« Le housing est conçu pour être ‘evergreen’, ce qui signifie que nous continuerons à le développer même après la fin de cette extension », a tenu à insister Jay Hwang.
L’artiste admet d’ailleurs à demi-mot les erreurs du passé, reconnaissant que cette approche beaucoup plus durable tranche avec les habitudes du studio : « Je sais que ce n’est pas similaire à certaines autres fonctionnalités d’extension [que nous avons faites auparavant]. Mais ceci est destiné à rester. »
Contrairement au fief, qui était intrinsèquement lié au scénario de la guerre sur Draenor (il servait de base opérationnelle de commandement pour diverses missions), le logis est une « couche » supplémentaire posée sur le jeu, indépendante de l’histoire du moment. Qu’importent les futurs dangers visant Azeroth, la maison demeurera — même si vous vous retrouvez sur un autre monde ou dans une autre dimension.
Une première version amenée à évoluer, avec la communauté
D’ailleurs, on n’assiste aujourd’hui qu’à la fondation du housing dans WoW — une sorte de version 1.0, suggère ainsi Garth DeAngelis. La fonction, qui était très attendue et très demandée, littéralement depuis des décennies, va évoluer dans les années à venir. D’ailleurs, le studio américain assure avoir un plan pluriannuel.
« Nous faisons un effort concerté pour continuer à faire grandir le housing », promet le directeur de production associé. « Et bien que nous ayons un plan, nous gardons une énorme flexibilité pour l’adapter à la façon dont les joueurs jouent ».
« Nous faisons un effort concerté pour continuer à faire grandir le housing »
Garth DeAngelis
Cette flexibilité tranche évidemment avec le souvenir qu’a laissé le fief, qui était rigide (des emplacements prédéfinis pour des bâtiments spécifiques). Le housing version 2025 sur WoW offre beaucoup plus de latitude — on peut orienter sa maison comme on le désire sur sa parcelle, et la placer où l’on veut. Idem pour les éléments décoratifs.
Il peut y avoir parfois des contraintes techniques — essentiellement des soucis de collision ou des positionnements d’éléments qui débordent de la parcelle du joueur –, mais les possibilités actuelles sont déjà beaucoup plus souples qu’autrefois.
Et bien sûr, sur les retours que la communauté seront scrupuleusement pris en compte, promet Jay Hwang qui souligne que l’évolution de ce système va dépendre aussi des joueurs et des joueuses : « Nous voulons le développer avec vous. Si vous nous dites, ‘on veut ce biome’ ou ‘on veut cet emplacement’, ce sont des choses que nous voulons entendre. »
Blizzard a des raisons objectives d’entretenir le housing
Au-delà des réponses données par le studio, deux arguments soutiennent l’idée que ce ne sont pas des paroles en l’air.
D’abord, l’investissement technique. Blizzard a dû remanier une partie du moteur de jeu, vieux de 20 ans, pour rendre cela possible. Or, on ne fait pas un tel investissement backend pour une fonctionnalité jetable de deux ans. Ou alors, ce serait une très mauvaise allocation de ressources et de temps au sein de l’entreprise. C’est aussi un investissement sur le futur.
Les perspectives de monétisation, le nerf de la guerre de toute entreprise. Blizzard n’est pas une œuvre de bienfaisance, et il convient de faire preuve de réalisme : avec des décorations et des styles qui peuvent faire l’objet de micro-transactions en boutique (ou via le comptoir), Blizzard a tout intérêt économiquement à ce que vous ayez envie d’entretenir votre maison le plus longtemps possible.
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