Incroyable mais vrai : pour la deuxième année consécutive sort un jeu Zelda dans lequel on joue Zelda. Après le très sympathique The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom paru l’année dernière, nous retrouvons la deuxième plus célèbre princesse de Nintendo dans un hack ‘n’ slash répondant au nom de Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau. Un titre tout ce qu’il y a de plus officiel bien qu’il ne s’agisse que un spin-off, et qui est surtout supposé corriger les deux principales errances de son prédécesseur : une finition franchement médiocre et instable, et surtout, un scénario non canonique qui avait fait hurler les fans.

Lors de la présentation officielle de la Nintendo Switch 2 en avril 2025, le constructeur japonais n’avait révélé que quatre exclusivités à venir d’ici la fin de l’année pour sa nouvelle machine, ouvrant le bal avec Mario Kart World puis Donkey Kong Bananza, avant d’être suivi en fin d’année par Kirby Air Riders et, donc, Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau.

Ce nouveau musō basé sur l’univers de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom présentait un point commun notable avec les trois autres titres exclusifs : un mélange évident de fluidité et de nervosité qui tranche avec son aîné, Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, conspué en son temps pour son framerate parfois inexcusable. Ainsi, quand Nintendo annonçait que cette nouvelle itération serait cette fois canonique contrairement au précédent volet, il y avait de quoi s’enthousiasmer. Mais 60 images par seconde et un scénario officiel peuvent-ils suffire à en faire un grand jeu ?

Un fléau resté dans les mémoires

Il y a cinq ans éclatait un terrible scandale, tout du moins aux yeux des fans de The Legend of Zelda. Le problème est qu’à l’inverse des épisodes ayant précédé un certain jeu de l’année 2017, ils sont désormais infiniment plus nombreux, et donc les errances de la licence éclatent plus aisément au grand jour. En effet, lorsque paraît Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau en novembre 2020, c’est la consternation pour bon nombre de joueurs ayant succombé à la magie de The Legend of Zelda: Breath of the Wild : ce spin-off de type hack ‘n’ slash proposait un scénario narrant des événements alternatifs reconnus comme non officiels, le rendant de facto inintéressant pour beaucoup. Et pour ceux aux yeux de qui cela n’avait aucune importance, ce deuxième épisode de la franchise Hyrule Warriors (née en 2014 sur Wii U) souffrait de toute façon d’une finition que l’on qualifiera de chaotique, pour rester poli.

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Dans Hyrule Warriors, on affronte des ennemis par hordes entières, et c’est vite le foutoir. // Source : capture Switch 2

Koei Tecmo, très associé à ce type de hack ‘n’ slash très spécifique que sa patrie d’origine appelle musō, se devait alors de redorer quelque peu son blason après un semi-échec qui avait refroidi pas mal de joueurs. Si d’aventure un nouvel Hyrule Warriors devait voir le jour, et en toute logique se baser sur les événements de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom (suite de The Legend of Zelda: Breath of the Wild parue en 2023 et également acclamée par la critique et les joueurs), il ne fallait pas reproduire ces deux impairs, aussi bien technique que narratif. Heureusement, l’éditeur a eu la riche idée d’envisager les choses autrement, en confiant la responsabilité d’un troisième Hyrule Warriors à un nouveau studio via une de ses filiales (AAA Games Studio), et surtout, d’en faire un jeu exclusif à la Nintendo Switch 2. De quoi espérer, au moins, un titre beaucoup plus solide et stable techniquement, et plus à même de nous offrir manette en mains les sensations de fluidité et de nervosité que ce genre si particulier exige.

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Si votre console contient une sauvegarde de Tears of the Kingdom, vous serez récompensé(e) ! // Source : capture Switch 2

Un joli petit musō

Bon, c’est gentil tout ça, mais un Hyrule Warriors (et un musō), c’est quoi ? À l’opposé du monde ouvert dont il s’inspire, ce titre fait la part belle aux combats (et à rien d’autre, vous pouvez oublier l’aspect exploration) à travers des missions se déroulant dans des zones assez cloisonnées. Vous y affrontez des vagues successives d’ennemis, parfois extrêmement nombreux, ce qui permettait à des consoles comme la première Switch de clairement afficher leurs propres limites… mais aussi à une machine comme la Switch 2 de montrer ce qu’elle a dans le ventre. La quantité affichée à l’écran de Bokoblins, de Lézalfos ou encore de golems venus des cieux de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom est parfois faramineuse, et ils constituent principalement de la chair à canon pour un roster de personnages assez varié, qui développe très vite une puissance redoutable. Chaque mission présente son lot de boss à la jauge de vie très longue à vider, mais assez inoffensifs si vous ne les affrontez pas soit en mode héroïque (la difficulté maximale), soit avec un gros écart de niveau par rapport à celui recommandé sur l’écran de sélection des missions.

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Les boss en tous genres sont légion dans Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau. // Source : capture Switch 2


Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau est par nature un jeu répétitif dans sa structure, et nous n’allons donc pas le sanctionner injustement pour cela. Dans un musō, on fait plus ou moins la même chose dans chaque mission, et c’est surtout le feeling des coups portés aux hordes et aux ennemis plus massifs qui rend l’ensemble jouissif, le tout couplé au fan service nécessaire pour rendre hommage à la licence dans laquelle il s’inscrit. En nous faisant incarner près d’une vingtaine de combattants, le titre de Nintendo offre une diversité intéressante dans l’approche des affrontements avec une gestion non négligeable des attaques élémentaires, et ajoute au gameplay de son aîné les artefacts Soneau, issus de Tears of the Kingdom et qui enrichissent la proposition des combats que Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau avait instaurée en 2020. Chaque arme est améliorable (et leur courbe d’évolution est assez impressionnante), tout comme les pouvoirs parfois propres à certains type de personnage, afin d’offrir une vague dimension (light) RPG à un tableau d’ensemble qui offre une assez belle illusion de choix.

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Les menus (et les objets) vous placeront immédiatement en terrain connu. // Source : capture Switch 2

Lore et la manière

Comprenez-le bien, ce n’est pas par la subtilité de son gameplay que ce nouvel Hyrule Warriors brille, mais plutôt par sa maîtrise. Enchaîner les différentes missions en alternant des personnages (imposés ou à choisir) dans différents biomes familiers d’Hyrule se fait avec un naturel déconcertant, la manière de les préparer pour bénéficier de divers bonus (recharge des attaques spéciales, gain d’expérience, etc.) est simple et efficace. D’une manière générale, on s’habitue étonnamment vite à l’ergonomie globale d’un titre qui rappelle constamment la maestria dont faisait preuve The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom à ce niveau, sans pour autant être conçu par la même équipe. Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau a de toute façon pour objectif évident de rendre hommage au chef-d’œuvre de la première Switch et s’y prend très bien, mais de façon quelque peu inégale.

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Univers lié à Tears of the Kingdom oblige, on revient explorer les Îles Célestes. // Source : capture Switch 2


Ce nouvel opus se voulant canonique, il s’inscrit dans une temporalité précise, celle du séjour de Zelda dans un passé que nous content les souvenirs sous forme de cinématiques à débloquer dans The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, et qui en expliquent le scénario. Pour cette raison, Link est absent des débats (il n’apparaît d’ailleurs pas sur la jaquette du jeu !) et Zelda est le premier personnage jouable, vite rejointe par le roi Rauru et sa sœur Mineru, derniers représentants du peuple Soneau. S’ensuit une quinzaine d’autres appartenant aux diverses tribus d’Hyrule, dont une grosse moitié d’inédits, et quelques surprises originales dont nous aurions aimé vous garder la surprise si la bande-annonce diffusée deux semaines avant la sortie n’avait pas tout spoilé. Puisque ce n’est du coup plus un secret pour personne : oui, on peut incarner un Korogu parmi les nouveaux personnages jouables et en plus, il parle. D’ailleurs, sans grande surprise, on retrouve avec plaisir les mêmes doubleurs français de qualité que dans les épisodes Switch de la franchise.

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Il n’y a pas « Zelda » dans le titre du jeu, donc forcément, on joue Zelda cette fois. // Source : Nintendo / Koei Tecmo


Fatalement, si l’on a joué à The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, les péripéties et rebondissements constituant le fil rouge de ce spin-off nous sont déjà connues, mais cela n’empêche pas Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau de nous offrir des cinématiques inédites par dizaines. Elles enrichissent ainsi une trame narrative déjà très intéressante et qui connaît son lot de nouveautés oscillant entre le touchant, le dramatique et même l’inattendu. Malheureusement, ce qui surprend un peu négativement, c’est que ces (très) nombreuses cinématiques semblent toutes avoir été conçues sur le moteur de la version Switch de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom. Ce n’est pas le fait de basculer subitement à 30 images par seconde qui choque (d’ailleurs, cela rend toujours mieux dans des cutscenes), mais plutôt le sentiment de flou et de résolution inférieure à celle des séquences de jeu, du coup clairement plus fin – alors qu’en général, on constate le phénomène inverse.

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Il y a quand même des Korogu cachés dans les différentes maps de combat, mais ils sont faciles à trouver. // Source : capture Switch 2

Un relatif manque de profondeur(s)

Il ne faut de toute façon pas regarder dans les détails pendant des heures pour se rendre compte que le dernier Hyrule Warriors en date n’a pas été pensé pour nous offrir une claque visuelle en comparaison du déjà magnifique The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom. L’aliasing demeure plutôt visible pour l’œil un minimum averti, et le jeu de Koei Tecmo ne semble pas vraiment pensé pour impressionner sur un écran 4K. Sa force réside clairement dans sa fluidité, absolument stupéfiante tant elle n’est jamais prise à défaut : en pas loin de 50 heures de jeu, qui nous ont permis d’atteindre 90% de complétion tout rond, nous avons ressenti des ralentissements légers à deux ou trois reprises seulement. Quand on sort du souvenir douloureux de Hyrule Warriors: L’Ère du Fléau (qui, même sur Switch 2, tourne en 30 images par seconde à peine stables), ça fait un bien fou.

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Ce nouvel Hyrule Warriors est très joli, mais ce n’est pas une claque non plus. // Source : capture Switch 2

Au final, les très nombreuses qualités de Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau en font un titre particulièrement plaisant à jouer, qui aura de grandes chances de ravir les fans d’une licence dont l’univers est respecté et soigné, à défaut de se marier à nouveau avec un gameplay d’une profondeur folle. D’ailleurs, puisque l’on parle de profondeur, on regrettera que celles d’Hyrule soient terriblement sous-exploitées, tout comme les îles célestes. Si ces biomes bien spécifiques à Tears of the Kingdom font bien partie de l’aventure, plus des trois quarts de cette dernière se situent sur terre, et on a l’étrange sentiment que AAA Games Studio ne savait pas trop quoi en faire.

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Un des très rares moments d’exploration souterraine dans un jeu qui se passe à l’extérieur 90% du temps. // Source : capture Switch 2

Fort heureusement, cela n’impacte pas vraiment la qualité de l’épopée franchement rafraîchissante que propose Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau, dont on préfère retenir les nombreuses qualités qui en font un excellent complément à The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, à défaut de s’avérer indispensable. Jamais trop long en dépit d’un contenu qui semble gargantuesque de prime abord, aucunement plombé par un abus de fan service (on appréciera d’ailleurs quelques thèmes musicaux inédits en plus de savoureuses réorchestrations originales), il constitue un investissement tout à fait rentable pour les possesseurs de Switch 2 en attendant le prochain vrai Zelda.

Le verdict

Hyrule Warriors  Les Chroniques du Sceau // Source : Nintendo
7/10

Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau

Voir la fiche
Sans aucune surprise, Hyrule Warriors : les Chroniques du Sceau est le jeu que l’on espérait qu’il soit, et c’est un peu pour cette raison qu’il est difficile de trop s’enflammer. Solide sur ses appuis, porté par un framerate impeccable et un gameplay franchement grisant et somme toute assez riche en surface, il pêche aussi par une répétitivité évidente inhérente à son genre, dont il est difficile d’attendre autre chose qu’un immense défouloir où la stratégie n’a d’importance qu’à un très haut niveau de difficulté. Pas particulièrement somptueux visuellement, peut-être parce qu’il ne veut pas faire passer les cinématiques de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom pour une relique d’un autre temps, ce troisième Hyrule Warriors est néanmoins une œuvre bien plus aboutie que ne l’était Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, notamment grâce à un apport scénaristique cette fois-ci officiel et franchement intéressant à suivre. Il en ressort un titre complet et satisfaisant, qui évite de trop en faire en dépit d’un contenu a priori mirobolant qu’on débloque finalement avec beaucoup de naturel, tant l’expérience d’ensemble a quelque chose d’étonnamment addictif. Vivement, quand même, le prochain vrai jeu Zelda que la Switch 2 sublimera sans l’ombre d’un doute.
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