Dès les premières minutes, j’ai cru m’être trompé de destination. Borderlands m’avait habitué à ses paysages sales, délabrés et poussiéreux ; or, me voilà propulsé non pas dans une déchetterie, mais dans des décors côtiers baignés de soleil. On est presque tenté de ranger son arme pour profiter du panorama… Mais ne vous y trompez pas : il faudra toujours fouiller les poubelles et ouvrir des toilettes pour trouver des munitions. C’est bel et bien un Borderlands.

Borderlands 4 : un vrai monde ouvert ?
La grande nouveauté ici, c’est que cette aventure ne se limite pas à cette baie paradisiaque : Borderlands 4 est pour la première fois conçu comme un véritable monde ouvert. Fini l’architecture segmentée de Borderlands 3 et ses incessants écrans de chargement — une plaie, surtout en plein farming. Il y a encore quelques zones séparées, mais elles sont plus rares et les temps de chargement sont bien moins longs. Tout ce que l’on voit est accessible et les nouvelles mécaniques de mobilité (grappin, planeur, double saut) renforcent cette sensation de liberté dans cet univers toujours unique que lui confère sa fameuse patte cartoon. Un univers qui gagne en ampleur, certes, mais pas toujours en charme : les biomes suivants peinent à égaler l’éclat de la zone côtière. La découverte d’un désert aride ou d’une région enneigée laisse rapidement une impression plus convenue, loin de la fraîcheur des débuts.

Dans ce monde ouvert, on y plonge rapidement. L’histoire nous pousse vite à plusieurs kilomètres de la zone de départ, muni de notre digirunner, le véhicule de notre personnage (heureusement, on n’aurait pas aimé tout se taper à pied). L’idée est séduisante sur le papier : donner au joueur l’impression de voyager librement à travers Kairos et de le laisser se faire surprendre durant ses pérégrinations. Mais une fois cet effet de nouveauté passé, le constat est plus nuancé. Hormis les loot caves et leurs boss ou bien la collecte des fragments de clés d’Arche, rien n’incite vraiment à explorer les moindres recoins du jeu. Les autres activités manquent d’enjeu : un peu de stockage à débloquer par ici, une horde surgie de nulle part pat là pour grind les défis… et la lassitude peut vite s’installer.

Une campagne mieux rythmée
Et c’est peut-être parce que l’exploration peine à captiver que l’on se tourne plus volontiers vers ce que Borderlands 4 raconte. L’histoire principale, sans être révolutionnaire, gagne en cohérence et en rythme. Les personnages sont mieux campés, les dialogues tombent plus juste et l’humour Borderlands – toujours présent – a perdu un peu de sa lourdeur potache. On rit encore, mais sans souffler. Au-delà de la narration, l’histoire est plaisante et se plie assez facilement si votre niveau d’équipement est à la hauteur. Les missions sont quand même souvent répétitives mécaniquement, avec l’utilisation du grappin à outrance, tirer ceci, activer cela… Les boss sont cools, mais manquent de vraies mécaniques : il suffit de tirer dans le tas et de sauter pendant de longues minutes, ce qui les rend globalement peu mémorables pour la plupart.


Un bon point toutefois : la santé ne se ramasse plus directement, il faut désormais utiliser un kit intégré à l’arsenal. Cela ajoute une petite touche de stratégie dans les fusillades, plutôt que de simplement bourriner et avancer en espérant en ramasser.

Du côté des quêtes secondaires, le jeu s’illustre particulièrement. Pour preuve, certaines m’ont plus marqué que certaines missions principales. La plupart reposent également sur une certaine routine, mais quelques-unes parviennent à se montrer vraiment inventives et à casser le schéma classique du « va-tuer-ramène ». Je pense notamment à ce braquage où l’on s’attend à repartir avec des armes légendaires ou un butin de valeur, et où l’on se retrouve finalement… avec des après-shampoings. C’est précisément dans ces détours décalés que l’on retrouve l’ADN de la série.
Points forts
- Sa progression gratifiante
- Son mode coop
- Ses quêtes secondaires WTF
Points faibles
- Le manque d’impact des armes
- Certains biomes qui manquent d’originalité
- L’exploration
La sandbox est toujours aussi généreuse
Mais Borderlands 4 ne se résume pas forcément à tout ce que l’on vient de citer précédemment. En réalité, le sel du jeu se trouve ailleurs : dans sa sandbox. Comprenez dans la montée en puissance de son personnage, dans l’optimisation de son build et de son arsenal. En gros, il faut que ça pète de partout, et sur ce terrain-là, le contenu du jeu reste largement appréciable.
L’arbre de compétences propose un système encore plus équilibré, qui oriente réellement le style de jeu. Les quatre personnages proposés au départ — Vex, Rafa, Amon et Harlowe — possèdent déjà chacun leur identité propre : certains sont plus tanky, d’autres davantage portés sur le DPS, quand d’autres encore se rapprochent d’un rôle de sorcier. Cette base différencie déjà franchement les approches. Si l’on ajoute à cela leur arbre de compétences et les trois spécialisations disponibles, il y a largement de quoi s’amuser en matière de builds. Cette diversité se ressent immédiatement. Rafa, le personnage que j’ai choisi pour cette aventure, peut se transformer en fin manipulateur de lames ou au contraire miser sur des tourelles automatisées. Dans un cas comme dans l’autre, l’efficacité est au rendez-vous, mais l’approche du combat change totalement. Et lorsque la lassitude s’installe, c’est un vrai plaisir de pouvoir modifier son style de jeu en cours de route. La réinitialisation de l’arbre de compétences est d’ailleurs facilement accessible depuis les planques.

Dans Borderlands 4, les armes et équipements légendaires retrouvent aussi de leur superbe. Leur taux de drop est plus faible et les rend un peu plus excitantes à obtenir. En outre, leurs effets sont toujours impressionnants sur le champ de bataille. En revanche, une fois sorti de ce cercle très convoité, la variété se fait moins sentir dans les raretés inférieures. Le studio communiquait sur des « 30 000 millions d’armes à feu » présentes dans le jeu. Dans les faits, c’est plus nuancé. On retrouve surtout de grandes familles avec des variations. Une même arme ramassée à deux moments du jeu affichera certes des statistiques ou un mode secondaire différents (feu, électrique, etc.), mais la sensation de jeu restera quasiment identique. La chasse au loot n’en perd pas son intérêt, mais l’effet de redondance finit par se faire sentir.
En revanche, l’un des vrais points qui me dérange dans Borderlands reste malheureusement présent dans ce dernier opus : le feeling des armes. J’ai constamment l’impression de tirer avec des pistolets à bille, sans réel impact sur la cible. Venant de Destiny 2, j’ai forcément une certaine exigence vis-à-vis du ressenti : quand je tire sur un ennemi, j’attends un impact clair, puissant, qui donne du poids à l’arme. Ici, voir simplement une barre de vie descendre et quelques points de dégâts s’afficher à l’écran est quelque peu décevant – et ce, quel que soit l’arsenal utilisé. On a surtout l’impression de tirer sur des cibles d’entraînement, et l’effet est encore plus flagrant face aux ennemis dotés de barres de vie plus fortes. Alors oui, la licence est fortement ancrée dans un univers cartoon, et je n’attends pas de Borderlands qu’il reproduise le réalisme d’un Battlefield ou même d’un Destiny. Néanmoins, le jeu gagnerait clairement à améliorer cet aspect tout en restant fidèle à sa direction artistique.

Ce manque de sensations pèse forcément sur l’expérience, notamment en fin de partie, à haut niveau (l’endgame). Même si, de ce côté-là, Borderlands 4 réussit à compenser avec une profondeur de contenu et une boucle de progression qui donnent envie de s’accrocher bien après la fin de la campagne. Gearbox a complètement repensé la formule : exit le Mayhem Mode controversé de Borderlands 3, place à un endgame structuré baptisé Chasseur de l’Arche ultime. Débloqué après la campagne et quelques missions supplémentaires, il fonctionne comme un New Game+ structuré en cinq niveaux de difficulté croissante. Chaque palier augmente la résistance et la dangerosité des ennemis, et se termine par une Mission Wildcard, où l’on affronte des adversaires dotés de nouveaux traits. L’équipement déjà acquis est automatiquement mis à l’échelle au début du mode, ce qui évite la frustration du « refarm ».
Pour ce qui est des performances, on sait que c’est un vrai sujet avec cet opus pour certains joueurs. Sur Steam, la note est vite tombée à moyenne, plombée par des baisses de cadence d’images par seconde, des bugs et un recours jugé trop obligatoire au DLSS. Pire, même certaines configurations PC haut de gamme peinent à dépasser les 60 images par seconde en haute définition (1440p) sans upscaling. Le PDG de Gearbox l’a même reconnu à sa manière, avec une sortie pour le moins discutable : « Le jeu est ce qu’il est. Si vous n’êtes pas satisfait, demandez un remboursement à Steam… ». Mais, concernant l’expérience vécue ici, aucun souci : Borderlands 4 tournait à environ 100 images par seconde en QHD (RX 9070 XT, Ryzen 9800X3D). Il reste alors peut-être à s’en assurer soi-même.
Le verdict

Borderlands 4
Voir la ficheOn a aimé
- Sa progression gratifiante
- Son mode coop
- Ses quêtes secondaires WTF
On a moins aimé
- Le manque d’impact des armes
- Certains biomes qui manquent d’originalité
- L’exploration
Gearbox n’a pas trahi sa recette, et c’est à la fois sa force et sa limite. Avec Borderlands 4, le jeu réussit sa mue avec un monde ouvert enfin fluide et un endgame robuste qui donnent envie d’y passer des heures. Si le ressenti des armes reste en retrait et que certains environnements sentent le déjà-vu, la progression, les builds et les quêtes secondaires inventives rappellent pourquoi la série reste satisfaisante à une ère où les looter shooters en coop ne courrent pas les rues.
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