Alors que le manga rencontre un succès croissant dans le monde entier, l’OMPI et diverses institutions japonaises s’inquiètent des ravages du piratage sur l’industrie du manga. Ils pointent en particulier du doigt les effets du scanlation sur la vente des mangas. Pour sensibiliser les internautes, un concours de mangas a été organisé pour pointer du doigt les dangers du téléchargement illicite.

Originaire du Japon, le manga est une bande dessinée qui connaît depuis depuis près de vingt-cinq ans un succès considérable en Occident. La publication d’ouvrages comme Akira et Dragon Ball, ainsi que l’émergence des animés à la télévision, notamment à travers le Club Dorothée, ont contribué à populariser la culture nipponne (ou en tout cas un certain pan du divertissement japonais) dans de nombreux pays du monde.

Aujourd’hui, les mangas envahissent les étals des librairies et des distributeurs spécialisés, que ce soit en Europe, en Asie ou sur le continent américain. De son côté, la France est l’un des principaux marchés du manga depuis de nombreuses années, ayant même réussi le petit exploit de devenir en 2006 le deuxième pays consommateur de mangas, après le Japon.

Bande dessinée populaire, en particulier chez les jeunes, le manga semble promis à un avenir radieux. Des œuvres toujours plus nombreuses sortent chaque année et les éditeurs de mangas n’ont jamais été aussi nombreux. Mais si ce genre est un pilier du divertissement et de la culture au Japon, l’industrie du manga au pays du Soleil Levant est pourtant menacée par le piratage.

Un concours sponsorisé par l’OMPI

C’est l’analyse de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). L’institution onusienne a organisé un concours, repéré par Calimaq sur Twitter, dont l’objectif est d’expliquer les méfaits du piratage sur l’économie réelle. Le concours, soutenu par le ministère japonais des affaires étrangères (MOFA) et le bureau japonais des brevets (JPO), vise à alerter les passionnés de mangas des risques engendrés par le piratage.

L’OMPI pointe en particulier du doigt la pratique du scanlation, contraction des termes scanning (numérisation) et translation (traduction), qui vise à scanner un manga puis de le traduire dans une autre langue afin de le rendre accessible gratuitement à d’autres internautes. Une pratique illicite, puisqu’elle se déroule sans le moindre accord avec les ayants droit.

Selon l’OMPI, si cette pratique fait le bonheur des fans, elle cause également d’importants dommages à l’industrie du manga. Elle aurait ainsi, entre 2007 et 2009, causé la chute des ventes de mangas aux Etats-Unis de 30 % et forcé l’un des leaders de la publication manga outre-Atlantique à licencier 40 % de ses employés. D’où l’idée d’un concours pour sensibiliser les internautes.

Le manga

C’est Emiko Iwasaki qui a remporté le concours, avec le manga Honmono (pdf). L’histoire se déroule dans une petite ville et relate l’arrivée d’un nouveau magasin en ville. Jusqu’ici rien de bien surprenant, sauf que ce magasin copie presque tout d’une autre boutique déjà implantée : vitrine, logo, services… rien n’est épargné par le nouveau magasin. Même le nom, Duns Mart, s’inspire très fortement de la première boutique, Dons Mart.

Plusieurs rebondissements se succèdent dans cette bande dessinée de 60 pages et disponible en anglais. À la fin, le héros remarque qu’une des employées du magasin concurrent (celui qui copie tout) utilise un produit contrefait qui risque de la mettre en danger. Réalisant qu’elle a failli mourir à cause de ça, elle réalisé tout le danger que représente la contrefaçon et le piratage et revient dans le droit chemin.

Et l’employée de Duns Mart de dire au héros que « toutes les employées de Duns Mart ont quitté leur travail et qu’elles ont décidé de chercher un véritable emploi dans une entreprise où elles seront fières de travailler« . Tout est bien qui finit bien.

Le manga dessiné par Emiko Iwasaki n’est pas sans rappeler une campagne anti-piratage conduite en 2009 par la MPAA en Nouvelle-Zélande. Le lobby du cinéma américain avait distribué à l’époque 17 000 BD à la sortie des salles de cinéma afin de prévenir la jeunesse néo-zélandaise des risques que fait porter le téléchargement illégal sur la santé de l’industrie cinématographique.


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