Dans les années 1980, elles étaient les stars de l’animation japonaise, parcourant les toits en toute discrétion pour voler tous les tableaux et autres œuvres d’art sur leur passage : les héroïnes de Signé Cat’s Eyes ont ainsi enchanté l’enfance de milliers de téléspectateurs, fascinés par leurs aventures.
Plus de quarante ans plus tard, les trois sœurs reviennent sous une nouvelle apparence, plus moderne, avec de fortes influences françaises, pour TF1. Et depuis ses débuts, le 11 novembre 2024, Cat’s Eyes connaît un immense succès auprès du public. Mais cette adaptation en prise de vues réelles est-elle vraiment fidèle au manga et à la série animée originaux ? L’auteur japonais Tsukasa Hōjō, qui a créé les personnages, a pu donner son avis sur la question, pendant le tournage.
Un document de 50 pages pour convaincre
Cinq ans : c’est le délai qu’il a fallu aux équipes de Cat’s Eyes pour convaincre les représentants de Tsukasa Hōjō, afin d’adapter la fameuse série animée japonaise, en France. Dans le dossier de presse constitué par TF1, les deux producteurs de Big Band Story, Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont-Jubien, racontent ainsi qu’ils ont dû mettre au point un document très détaillé de 50 pages pour décrire leur projet.
En 2018, ils se rendent ensuite à Rome pour rencontrer les plus proches collaborateurs du mangaka, à qui une rétrospective est dédiée. « Ils vérifiaient si on était sérieux et si on connaissait vraiment le sujet », raconte Benjamin Dupont-Jubien. « Il a fallu montrer patte blanche ! Son équipe était très curieuse et ouverte aux propositions, mais voulait connaître les moindres détails du projet. »
Tsukasa Hōjō a imposé des règles essentielles
Pendant cinq ans, la production a donc été en contact quasiment toutes les semaines avec Tsukasa Hōjō et ses équipes, pour élaborer la série française. « Le plus important était de construire une relation de confiance », estime Mehdi Sabbar. « Il existe peu d’adaptations de manga en Europe et aux États-Unis parce qu’il y a souvent une incompréhension entre les Japonais et les Occidentaux, un vrai choc des cultures. Nous avons été en concurrence avec d’autres producteurs européens et américains. Nous avons finalement obtenu les droits parce que les ayants droit ont apprécié la démarche artistique. »
L’idée de développer une origin story des trois personnages principaux de Cat’s Eyes, dont le passé était jusque-là très flou, a notamment séduit le mangaka. La transposition de l’intrigue à Paris a également été un élément déterminant pour obtenir son accord, puisque le lieu lui plaisait beaucoup. Mais avant de valider le projet et de participer activement à la création de la série à chaque étape du tournage, Tsukasa Hōjō a tout de même imposé quelques règles qui lui semblaient essentielles.
« Par exemple, les Cat’s Eyes ne tuent pas », analyse l’auteur. « Elles font aussi très attention aux œuvres d’art qu’elles volent et subtilisent uniquement les tableaux qui sont liés à leur père. Toujours dans le même ordre d’idée, elles achètent les outils qu’elles utilisent pour cela. Tam, Sylia et Alexia ne sont pas des voleuses dans l’âme, ce sont des jeunes femmes ordinaires. »
« Trouver sa propre identité pour toucher les gens »
En dehors de ces quelques conditions concernant la personnalité de ses héroïnes, Tsukasa Hōjō a offert une liberté totale aux créateurs de Cat’s Eyes, version 2024. Régulièrement présent sur le tournage de la production de TF1, l’auteur estime ainsi que cette adaptation à la sauce française a su « offrir un nouveau regard sur cette histoire ».
« Ce n’est pas en essayant de coller à une image dessinée ou à un manga que l’on parvient à retranscrire quelque chose de « juste » », affirme-t-il. « Il ne faut pas essayer de faire un lien direct, mais au contraire trouver sa propre identité pour toucher les gens. En l’occurrence, je pense que cette série a parfaitement réussi à le faire. » Il serait difficile de faire un plus beau compliment à Cat’s Eyes, dont la diffusion se poursuit jusqu’au 9 décembre 2024, sur TF1.
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