Le gouvernement a présenté de nouvelles mesures pour contrer le « cyber-islamisme ». Parmi les leviers annoncés figure le renforcement du portail Internet-Signalement (PHAROS).

Les répercussions politiques à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur tué parce qu’il avait montré en classe des caricatures de Mahomet, se poursuivent, plus d’un mois et demi après les faits. Outre le durcissement du projet de loi contre le séparatisme (qui reprend l’idée du floutage des policiers et entend durcir les sanctions contre la fuite de données personnelles), l’installation d’une « unité de contre-discours républicain » a aussi été avancée, pour combattre la « propagande islamiste ».

Et début décembre, Marlène Schiappa, qui occupe la fonction de ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, a présenté de nouvelles mesures, dont la principale a pour effet de muscler PHAROS (Plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements). Pour cela, deux actions sont annoncées : l’arrivée de renforts et une réorganisation en interne afin de pouvoir assurer un fonctionnement sans discontinuer.

Ouverte en 2009, PHAROS est accessible au public via le portail gouvernemental Internet-Signalement. Il permet de signaler un contenu ou un comportement illicite sur le net, comme de la pédopornographie, de l’apologie du terrorisme, de l’incitation à la haine, du racisme, de la xénophobie ou de l’antisémitisme, et des escroqueries et des arnaques en ligne. Elle n’est pas conçue pour porter plainte, signaler une fraude à la CB ou alerter sur des violences sexistes et sexuelles.

Facebook

La plateforme s’occupe notamment des contenus haineux publiés sur le net. // Source : Facebook

Pour ces cas de figure, ainsi que d’autres situations non traitées par PHAROS, à l’image des malveillances électroniques (piratage, hameçonnage, rançongiciel, etc), il faut se tourner vers des services en ligne dédiés, qui ont été conçus pour recueillir ces alertes spécifiques. Cette multiplication des outils de signalement que l’administration met en place n’est par contre pas vraiment pratique pour l’internaute, qui se retrouve à devoir retenir différents canaux d’alerte.

Quoiqu’il en soit, PHAROS va bénéficier de fonctionnaires supplémentaires. Il est donc annoncé 20 policiers et gendarmes en renfort, tous « spécialistes dans la lutte contre la cybercriminalité ». Par ailleurs, la plateforme PHAROS est « désormais mobilisée 24h/7j ». En clair, le traitement des signalements venant des internautes se fera sans discontinuer (car le site, lui, était bien entendu toujours accessible, y compris la nuit, le week-end ou pendant les vacances scolaires).

C’est de toute évidence une consolidation très importante des moyens dévolus à PHAROS. Fin 2019, Le Parisien signalait qu’il n’y avait eu que 27 policiers mobilisés pour faire tourner la plateforme, alors qu’elle avait reçu pas moins de 213 000 signalements en l’espace de onze mois. Un an auparavant, PHAROS faisait face à un rythme moyen de 3 100 alertes reçues chaque semaine. Depuis 2009, la courbe des notifications envoyées aux forces de l’ordre n’a pratiquement jamais cessé de monter.

Reprise des contacts avec les géants du net

Deux autres actions figurent dans le plan de lutte contre le cyber-islamisme présenté par la ministre. Il y a d’abord une densification des réunions du Groupe de Contact Permanent, qui se verra tous les quinze jours. L’instance a été lancée en 2015, quelques mois après le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo. Ce groupe compte dans ses rangs plusieurs poids lourds du net (Google, Facebook, Twitter, Apple, Microsoft, etc.) mais aussi les représentants de différents ministères.

Il s’agira de « travailler concrètement avec les forces de sécurité intérieure sur l’inversion de la logique de signalement, les réponses aux réquisitions émises par Pharos, le partage d’informations sur les contenus d’apologie du terrorisme ainsi que la lutte contre la propagande terroriste », précise le communiqué de Marlène Schiappa. Ce groupe, qui a été qualifié de « très utile », avait été quelque peu délaissé ces derniers temps, avec l’arrêt de réunions depuis 2019.

Quant au dernier volet du plan dévoilé le 1er décembre, il consiste à signer une convention avec l’association Point de Contact pour déployer un conseiller gendarmerie au sein du service de signalement en ligne des contenus illicites. Cette présence doit permettre une coopération renforcée avec les services de l’État, selon Marlène Schiappa. Point de Contact participe d’ailleurs au Groupe de Contact Permanent.


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