Thierry Breton est encore dans la course, mais rien ne dit que le Français parviendra à franchir la ligne d’arrivée. Choisi par Emmanuel Macron pour siéger au sein de la nouvelle Commission européenne, le candidat a réussi ce mardi 12 novembre à franchir une première étape importante dans le processus de nomination, puisqu’il a décroché l’approbation de la commission des affaires juridiques du Parlement européen. Mais avec difficulté.
L’instance est en effet apparue extrêmement divisée sur le cas Breton : sur les 23 votes exprimés, 12 seulement se sont prononcés en sa faveur, tandis que les 11 autres voix s’y sont opposées. À titre de comparaison, les autres candidats examinés par la commission — un Hongrois et un Roumain — ont été approuvés à l’unanimité. C’est dire si le profil du candidat est clivant. Et ça promet pour le grand oral de Thierry Breton, devant le Parlement européen, le 14 novembre.
Dossiers sensibles et stratégiques
Au regard de la composition actuelle de l’hémicycle, le vote pourrait s’avérer très serré, et peut-être défavorable pour l’ancien ministre de l’économie et des finances. Si toutes les formations de gauche et les centristes s’entendent pour rejeter la candidature de Thierry Breton, elles ont les effectifs pour y parvenir. Comme le pointe la journaliste Mehreen Khan, du Financial Times, Thierry Breton n’a pour l’instant pas réussi, aux yeux de nombreux élus européens, à prouver l’absence de conflits d’intérêt.
Le portefeuille dont Thierry Breton aura la charge est celui du marché intérieur, un intitulé qui décrit mal l’étendue réelle des dossiers qui seront de la responsabilité du Français. Outre les enjeux d’industrie de défense et d’espace, il aura aussi à travailler sur des sujets comme l’intelligence artificielle, la souveraineté numérique, les superordinateurs et la cybersécurité, des secteurs dans lesquels Atos a de gros enjeux commerciaux à défendre et à faire fructifier.
Démissions et déport éventuel
Cela étant, depuis qu’il a été désigné par Emmanuel Macron, Thierry Breton a déclaré avoir quitté les mandats qu’il remplissait dans divers conseils d’administration (comme Carrefour et Worldline, mais aussi l’opérateur télécoms sénégalais Sonatel et une filiale française de la Bank of America). Il a aussi cédé ses actions qu’il détenait dans Atos et son ancienne filiale Worldline. Il a aussi démissionné de l’ensemble de ses mandats au sein du groupe Atos à la fin du mois d’octobre.
Selon l’Élysée, il est certain que l’intéressé se déportera aussi sur les dossiers sur lesquels son avis serait susceptible d’être de poser problème — ce qu’il faisait déjà du temps où il était ministre, assure le gouvernement. Ainsi, l’intéressé est censé laisser la main à ses collègues à la Commission européenne sur certains sujets. Reste à savoir s’il ne risque pas de devoir très régulièrement se mettre en retrait, vu la variété des activités de ses précédents groupes.
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