Les témoignages se sont multipliés depuis le 26 août sur Twitter. Des dizaines de femmes dénoncent des faits de harcèlement, des abus sexuels et viols qui auraient été commis par des personnalités du monde du jeu vidéo. Certains noms sont revenus, poussant quelques studios de développement à prendre la parole à leur tour sur le sujet.
Nathalie Lawhead, une développeuse indépendante, est à l’origine de la vague de témoignages qui s’inscrit dans le mouvement #MeToo. Le 26 août, elle a publié une série de tweets dans lesquels elle raconte ses débuts dans le secteur des jeux vidéo.
Elle raconte que des professionnels influents auraient profité de sa situation précaire pour abuser d’elle. L’un d’entre eux, un compositeur de musique, l’aurait violée.
i wrote a post that you should read
— Nathalie Lawhead (@alienmelon) August 26, 2019
calling out my r*pist & naming nameshttps://t.co/Cc3mHGfiBg
please read it
if you believe me please share it, please rt it, put it on full blast
i don't want any woman to ever get hurt by him again
[TW: sexual assault, game industry "legends"]
À la suite de ce premier témoignage, des dizaines de femmes l’ont soutenue. Certaines ont expliqué avoir subi des situations similaires. Des faits de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle ou de viols ont été rapportés sur Twitter.
Un développeur licencié
Parmi les personnalités accusées, plusieurs noms reviennent. Le studio Finji s’est exprimé publiquement sur Twitter ce 28 août. Le développeur, compositeur et designer Alec Holowka qui travaillait sur l’un de ses jeux (Night in the woods) a été accusé d’avoir eu des comportements abusifs à l’encontre de plusieurs femmes. La développeuse Zoë Quinn raconte qu’il l’aurait agressée sexuellement.
I’ve been silent about this for almost my entire career and i can’t do it anymore. Sorry if this is rambling and messy, I’m scared shitless to out an industry legend like this but I can’t live with the secret anymore 1/2 pic.twitter.com/DpbhtuaoEP
— zoë “bi fieri” quinn (@UnburntWitch) August 27, 2019
L’équipe de Night in the woods a indiqué qu’elle prenait ces accusations « très au sérieux ». « En conséquence, nous cessons notre collaboration avec Alec », a-t-elle fait savoir.
This week, allegations of past abuse have come to light regarding Alec Holowka, who was coder, composer, and co-designer on Night In The Woods. We take such allegations seriously as a team. As a result and after some agonizing consideration, we are cutting ties with Alec.
— Night In The Woods (@NightInTheWoods) August 28, 2019
Les projets en cours de développement seront annulés ou reportés. Les équipes expliquent avoir été particulièrement choquées par les révélations qui étaient « très difficiles » pour eux à encaisser.
Des réactions encore timides
Un autre studio a réagi en répondant aux sollicitations du média spécialisé Kotaku. Cela concerne cette fois les accusations faites par Nathalie Lawhead. Elle racontait dans son article de blog que Jeremy Soule, l’homme qui l’aurait violée, aurait volontairement nui à sa réputation après son agression. Il aurait notamment influencé son nouveau patron, Gregory MacMartin, le co-fondateur d’Interdimensional Interactive. Ce dernier n’est pas revenu sur le fond de l’affaire, mais il nie toute influence de la part de Jeremy Soule. « Sa seule implication dans le studio a été de composer de la musique pour nos jeux », a-t-il indiqué, reconnaissant toutefois qu’il était ami avec l’agresseur présumé.
Ces réactions sont pour le moment les seules à avoir été publiées. Aucun autre studio et surtout, aucune des personnalités incriminées, n’a pour le moment réagi, malgré les sollicitations des médias.
Les témoignages eux, continuent de se multiplier. Ils concernent aussi bien des faits d’abus sexuels que des récits sur la grande précarité du milieu. De nombreuses femmes racontent ainsi comment elles auraient travaillé durant des mois pour des studios sans être rémunérées pour leur travail.
In this post from 2016, a former developer at ChuckleFish recounts how the CEO Finn "Tiy" Brice leveraged a large amount of unpaid labor from desperate developers who didn't realize what they were signing up for. pic.twitter.com/1ldYYdkug5
— Notnikki (@notnikki8) August 23, 2019
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