Girls do porn, une entreprise partenaire de Pornhub, était accusée par 22 femmes d’abus. Ses propriétaires ont finalement été arrêtés, 4 mois après le dépôt d’une première plainte.

Elles étaient 22 à avoir déposé plainte en juin dernier, mais elles seraient plus de 100 victimes au total, rapportait Vice. Des femmes avaient attaqué en justice une entreprise nommée Girls do porn. Elle était accusée d’avoir diffusé des vidéos pornographiques sur le site de son partenaire, Pornhub, sans le consentement des femmes qui y figuraient.

Ses dirigeants ont finalement été arrêtés et sont poursuivis pour trafic sexuel, dans le cadre d’une seconde enquête judiciaire. Ceci a poussé Pornhub à rompre le contrat qui les liait, raconte The Verge ce 14 octobre. Jusqu’à présent, le site avait laissé en ligne les vidéos mises en cause dans la première plainte : il estimait n’être qu’un simple hébergeur de contenus. Il en avait même parfois fait la promotion.

De fausses promesses faites aux victimes

Une copie de la première plainte est disponible en ligne. Il s’agissait d’une action collective qui rassemblait 22 victimes. Elle visait Girls do porn, un partenaire de Pornhub qui publiait ses vidéos sur le site du géant.

Girls do porn était poursuivi pour fraude et abus émotionnel : les 22 plaignantes affirment qu’elles n’avaient pas donné leur accord pour que des vidéos pornographiques dans lesquelles elles apparaissent figurent sur Pornhub. Des dizaines d’autres femmes, bien qu’elles ne se soient pas jointes à l’action en justice, ont témoigné de faits similaires.

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Toutes racontent la même histoire. Girls do porn les a approchées entre 2009 et 2018 pour créer des contenus. Elles ont accepté, mais uniquement aux conditions rassurantes qui leur avaient été promises. L’entreprise leur avait expliqué qu’il ne serait jamais question de les diffuser à grande échelle. Les images — où l’on aperçoit leur visage, mais jamais celui de leurs partenaires masculins — devaient uniquement être vendues sous forme de DVD, à des « collectionneurs privés » australiens et néo-zélandais.

L’une des actrices amateur raconte que la société a proposé de lui verser un pot-de-vin pour qu’elle dise du bien d’elle auprès des autres femmes. Ils voulaient qu’elle dise qu’« il n’y aurait pas de conséquence ». C’était avant qu’elle comprenne qu’ils diffuseraient tout sur Girls do porn, puis sur Pornhub.

Des victimes ont précisé que les contrats avaient été signés alors qu’elles étaient sous l’influence de l’alcool et donc qu’elles n’étaient pas en mesure de prendre une décision éclairée ou comprendre tout ce qui était écrit. D’autres ont été manipulées et mises sous pression jusqu’à ce qu’elles signent. Aucune copie du contrat ne leur a été donnée.

Les femmes concernées étaient particulièrement jeunes. L’une d’entre elle a filmé sa scène le jour même de sa majorité. Dans une vidéo, on voit Girls do porn lui apporter un gâteau d’anniversaire pour l’occasion.

Dépression et harcèlement

Girls do porn était l’une des sections les plus populaires de Pornhub. Le site en faisait d’ailleurs régulièrement la promotion pour inciter les internautes à prendre des abonnements payants. C’est uniquement de cette manière qu’ils pouvaient accéder aux vidéos complètes de Girls do porn. Les vidéos avaient été vues des centaines de millions de fois au total et 11 étaient toujours en ligne sur Pornhub au moment de la plainte, avait rapporté l’avocat, Me O’Brien. Les conditions d’utilisation du site stipulent pourtant bien que Pornhub a le droit de supprimer les vidéos problématiques de Girls do porn. Interrogé par Motherboard, le vice-président de l’entreprise avait seulement expliqué que les internautes pouvaient signaler les contenus concernés afin qu’elles soient supprimées. La plateforme se dédouanait par ailleurs de tout ce que publient d’autres sociétés sur son site, estimant qu’elle n’est qu’un banal hébergeur.

La plateforme se dédouane de tout ce que publient d’autres sociétés sur son site

Les victimes racontaient que leur vie avait été ruinée. Certaines sont tombées en dépression, d’autres ont subi des moqueries, du harcèlement en ligne ou du rejet de la part de leur famille qui ne voulait « plus rien avoir à faire avec elles ». Comme l’a remarqué Vice, plusieurs d’entre elles ont effacé toute trace d’elles sur les réseaux sociaux et sur le Web, de peur d’être retrouvées. Des internautes ont en effet jugé bon de révéler leur identité, même lorsqu’elle n’était pas renseignée dans la vidéo.

Cette histoire posait la question du contrôle des vidéos publiées sur PornHub. Katelyn Bowden, la fondatrice et CEO d’un groupe militant contre le revenge porn, avait expliqué à Vice qu’il était extrêmement courant de voir des contenus de ce type sur Pornhub. Il est très simple d’y publier des vidéos et la plateforme ne vérifie visiblement même pas le consentement chez ses partenaires qu’il met en avant.

Les propriétaires de Girls do porn ont finalement été arrêtés. Ils sont désormais poursuivis pour trafic sexuel. Ceci n’est pas lié directement à la plainte des 22 femmes, a fait savoir Vice. Il s’agirait de deux actions en justice distinctes. Ils risquent la prison à vie et une amende pouvant atteindre 250 000 dollars. L’un d’entre eux n’a pu être retrouvé et est désormais considéré comme un fugitif par la justice américaine.


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