Pékin a décidé depuis avril de rendre inaccessible l’encyclopédie collaborative Wikipédia. Toutes les versions linguistiques du projet sont touchées.

On connaissait depuis longtemps le goût de la Chine pour le blocage des sites dont les informations ne plaisent pas au pouvoir central. Cette passion pour la censure s’est à nouveau manifestée courant avril avec la fermeture de tous les accès à Wikipédia. C’est ce qu’a signalé début mai le projet OONI (Open Observatory for Network Interference), mais l’information était passée inaperçue.

Jusqu’à présent, les restrictions ne ciblaient que quelques déclinaisons de l’encyclopédie collaborative, comme la version du projet en mandarin ou celle rédigée en langue anglaise. Mais depuis le mois dernier, ce sont toutes les moutures qui sont interdites d’accès dans le pays, y compris les adresses dédiées au mobile. Citée par la BBC, la fondation Wikimedia déclare n’avoir reçu aucun avis de blocage.

« Fin avril, la fondation Wikimedia a déterminé que Wikipédia n’était plus accessible en Chine. Après une analyse approfondie de nos rapports de trafic interne, nous pouvons confirmer que Wikipédia est actuellement bloquée pour toutes les versions linguistiques », écrit l’organisation. En principe, l’emploi d’un VPN permet de contourner la censure du site, en faisant transiter la connexion par un autre pays.

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Wikipédia est bloqué globalement en Chine. // Source : Wikimédia

Triste anniversaire

Vu le timing du blocage, il est plausible que la décision chinoise ait à voir avec l’anniversaire des trente ans des manifestations de la place Tian’anmen. Celles-ci se sont déroulées du 15 avril au 4 juin 1989 et ont été marquées par une répression massive et sanglante de la population. Le bilan humain est incertain, mais il compte des centaines voire des milliers de morts et autant de blessés.

L’on pourrait objecter que Pékin n’avait qu’à bloquer quelques pages bien précises au lieu de tout censurer de manière aveugle. Il est toutefois possible que le déploiement de la connexion sécurisée (HTTPS), démarré en 2011 et généralisé à partir de 2013 après les révélations d’Edward Snowden pour empêcher des yeux indiscrets de savoir qui regarde quoi, ne lui permette plus une surveillance ciblée.

Wikipédia n’est évidemment pas le seul site à ne pas être le bienvenu dans l’Empire du Milieu. Les réseaux sociaux, surtout ceux venus des États-Unis, sont aussi soumis à une stricte censure, voire à un bannissement pur et simple, depuis de nombreuses années : c’est le cas de Facebook, YouTube, Instagram, WhatsApp, Twitch ou encore Twitter. Les sites bloqués se comptent en milliers.


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