La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne va mettre fin à quarante-six ans de vie commune entre les Britanniques et le reste du Vieux Continent. Aujourd’hui, l’heure est au détricotage des liens qui ont été tissés depuis bientôt cinq décennies. Et parmi les dossiers qui génèrent de la friction entre Londres et Bruxelles, il y a celui de Galileo, le système de positionnement par satellites conçu par l’Union.
Dans une déclaration faite le 1er décembre, le Royaume-Uni annonce que Galileo ne sera utilisé qu’à des fins civiles après le Brexit. Le pays a renoncé à s’en servir pour tout ce qui a trait à la défense nationale ou à la gestion des infrastructures critiques. La raison ? Londres n’a pas pu obtenir de la Commission européenne le droit de participer complètement à tous les aspects du développement de Galileo.
« Je ne peux pas laisser nos armées dépendre d’un système dont nous ne pouvons être sûrs »
« Les forces armées britanniques devaient avoir accès au système chiffré de Galileo quand il sera pleinement opérationnel en 2026. Toutefois, le Centre national de la cybersécurité et le ministère de la Défense ont conclu qu’il ne serait pas dans l’intérêt de la sécurité du Royaume-Uni d’utiliser les éléments sécurisés du système sans avoir été pleinement impliqués dans leur développement », écrit Londres.
La Première ministre, Theresa May, explique que dans ces conditions, il est attendu que le pays trouve des solutions alternatives. « Je ne peux pas laisser nos armées dépendre d’un système dont nous ne pouvons être sûrs. Ce ne serait pas dans notre intérêt national », dit-elle. Et cela, même si les pays de l’Union européenne sont très proches du Royaume-Uni et qu’ils ne constituent pas une menace.
Ainsi, pour tout ce qui est relatif au guidage des drones militaires, à la gestion des réseaux d’énergie ou à la fourniture de services essentiels aux smartphones, Londres va réfléchir à la conception de son propre système global de positionnement par satellite — il ne s’agira donc pas d’un système à portée régionale, une approche plus modeste mais bien moins coûteuse, à l’image de ce qui a été conçu en Inde et au Japon.
Il est précisé que le système britannique sera inter-opérable avec le GPS, le système conçu par les États-Unis à partir des années 1970.
L’exemple de Galileo
Pour lancer les études préliminaires sur un tel projet, le Royaume-Uni a d’ores et déjà mis sur la table 92 millions de livres sterling (environ 103 millions d’euros). Mais il faudra que le pays dépense des milliards s’il veut une couverture globale — sans compter que Londres a déjà participé significativement à Galileo. Sa contribution est estimée à plus d’un milliard d’euros.
Galileo, à titre de comparaison, est un programme dont les racines remontent à la fin des années 1990 et dont le déploiement doit s’achever vers 2020. Il a fallu mobiliser des fonds importants pour concrétiser ce projet. Sur la période courant de 2007 à 2030, le coût total de Galileo dépasserait les 10 milliards d’euros. Et cela ne prend pas en compte toutes les dépenses qui ont eu lieu avant.
Pour une couverture globale, l’Union européenne a prévu une flotte de 30 satellites, dont 26 satellites sont déjà en place. Ils doivent être répartis en 24 satellites opérationnels et 6 satellites de secours. À cela s’ajoutent les satellites de seconde génération, qui doivent être pour l’instant au nombre de 11, et qui seront déployés après 2020. Cela donne une petite idée du travail qui attend les Britanniques.
Mais cela ne les effraie pas. Depuis cet été, plus de cinquante entreprises britanniques ont manifesté leur intérêt pour le projet et une série de contrats clés font actuellement l’objet d’un appel d’offres, affirme le 10 Downing Street. Et Theresa May plastronne : « En tant qu’acteur global avec des ingénieurs de classe mondiale et des alliés inébranlables dans le monde entier, nous ne sommes pas à court d’options.»
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