Sept associations ont saisi les autorités de protection des données pour dénoncer les pratiques de Google en matière de géolocalisation. Elles se basent sur une enquête norvégienne pointant les stratagèmes de l’entreprise pour forcer l’activation de cette option.

Google s’attendait-il à ce que le Règlement général sur la protection des données personnelles entraîne une telle activité contre lui ? Depuis le 25 mai, de nombreux fronts ont été ouverts : on compte deux actions collectives (l’une de La Quadrature du Net, l’autre de NOYB), mais aussi une initiative de l’UFC-Que Choisir dénonçant les stratagèmes de manipulation de l’internaute.

À cette liste, non-exhaustive, il faut ajouter une action coordonnée de sept associations de consommateurs du Vieux Continent qui, chacune dans leur pays, alertent leur autorité de protection des données. Ces signalements ont lieu en Grèce, en Norvège, aux Pays-Bas, en Pologne, en République tchèque, en Slovénie et en Suède. Elles dénoncent les pratiques de Google en matière de localisation des utilisateurs.

Une enquête norvégienne

Au départ de cette manœuvre se trouve une enquête conduite par Forbrukerrådet, une association norvégienne.

« Le rapport montre que Google collecte les données de localisation des utilisateurs », détaille le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), dont est membre l’organisation nordique. Or, Google « utilise diverses astuces et pratiques pour s’assurer que les utilisateurs aient ces fonctionnalités activités, mais sans leur donner d’indications claires sur ce que cela implique effectivement ».

Qualifiés de « pratiques déloyales », ces stratagèmes « laissent les consommateurs dans l’ignorance quant à l’utilisation de leurs données personnelles. En outre, ils ne donnent pas aux consommateurs d’autre choix que de fournir leurs données de localisation, qui sont ensuite utilisées par l’entreprise à des fins très diverses, y compris la publicité ciblée », développe le BEUC.

Dans le détail, les pratiques que dénoncent les associations de consommateurs dont Google se sert pour inciter les internautes à partager les données de localisation sont les suivantes :

  • « Click-flow » trompeur : le « click-flow » lors de la configuration d’un appareil Android pousse les utilisateurs à activer l’historique de localisation sans être conscients de ce que cela implique.
  • Paramètres cachés par défaut : lors de la configuration d’un compte Google, les paramètres « Activité Web & App » sont cachés derrière des clics supplémentaires et activés par défaut.
  • Information trompeuse et déséquilibrée : les utilisateurs ne reçoivent pas suffisamment d’information lorsqu’on leur présente des choix et sont induits en erreur quant aux données recueillies et à la façon dont elles sont utilisées.
  • Incitation répétée : les utilisateurs sont invités à plusieurs reprises à activer l’historique de localisation lorsqu’ils utilisent différents services Google, même s’ils ont décidé de ne pas utiliser cette fonctionnalité lors de l’installation de leur téléphone.
  • Regroupement des services et manque de choix granulaires : si l’utilisateur veut des fonctionnalités telles que Google Assistant et des photos triées par emplacement, Google active le suivi de localisation invasif.

Consentement impropre

Pour les associations, il est évident que ces façons de faire ne sont pas du tout conformes aux dispositions du RGPD. Google ne dispose pas d’une base juridique valable pour le traitement de ces données, faute d’avoir pu collecter normalement le consentement des internautes. Celui-ci doit être libre, explicite, spécifique, informé. Or, le contexte dans lequel Google l’obtient ne respecte pas ces conditions.

D’autres associations ailleurs en Europe pourraient faire de même : le BEUC, dont fait partie l’UFC-Que Choisir ainsi que les associations plaignantes, déclare qu’une notification similaire aura lieu au Danemark et que le même scénario est susceptible de se dérouler en Allemagne. Le dossier sera aussi remonté à la Commission fédérale du commerce (FTC), dans le cadre du Dialogue transatlantique des consommateurs.

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