La loi se mêlera-t-elle bientôt du temps que vous consacrez aux réseaux sociaux et, plus généralement, du temps passé sur Internet ? C’est la perspective qu’a esquissée Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État au Numérique, lundi 10 septembre, à l’occasion de son passage sur RTL. Derrière cet horizon législatif, encore incertain, se cache l’enjeu de l’addiction aux écrans.
Car pour l’instant, l’heure est à la discussion : « on a lancé des états généraux sur les nouvelles régulations numériques pendant l’été et il y a un des thèmes qui est celui de la dépendance aux écrans », rappelle Mounir Mahjoubi. « Quel cadre imposer aux acteurs numériques en vue d’assurer la protection des personnes ? », se demandait ouvertement l’exécutif lors de cette annonce.
« Il va y avoir une grande écoute des Français. Si des Français sont intéressés, ils pourront exprimer leurs envies, leur vision du sujet ou simplement leur témoignage. Ce que je souhaite, c’est que l’on puisse culturellement se dire : quel est le rapport que l’on a vis-à-vis des écrans, des applications ? Que chacun puisse décider dans sa famille comment il va faire », continue le secrétaire d’État.
Et ensuite ? Alors peut-être que le débat — qui implique par ailleurs la ministre de la Santé Agnès Buzyn et Jean-Michel Blanquer à l’Éducation Nationale — fera surgir la nécessité d’une loi pour mieux encadrer (et, in fine, limiter) le temps que passent les internautes sur certains services. Cette piste reste toutefois hypothétique : d’autres actions peuvent être considérées, à commencer par une mobilisation des sites eux-mêmes.
Ces plateformes du net sont en effet les premières concernées, puisque ce sont elles qui conçoivent les outils sur lesquels les Français et les Françaises passent du temps. Cela n’a d’ailleurs pas échappé à Mounir Mahjoubi : à la question de savoir si l’on a la preuve que les géants du numérique font tout pour retenir l’internaute, l’intéressé réplique qu’on en a même « la certitude, puisqu’ils le reconnaissent eux-mêmes ».
Ce travail passe notamment par ce que l’on appel le test A/B qui consiste à soumettre à deux échantillons d’internautes (A et B) deux versions différentes d’un même item et voir celui qui répond le mieux à l’objectif fixé. Par exemple : quel bouton provoque le plus haut taux de clics si sa couleur est bleue ou rouge ? Celui qui donne satisfaction sera celui qui sera gardé ensuite.
« Les designers de ces expériences font tout pour créer des dépendances, des envies du retour, des envies de rester plus longtemps. Mais il y a une prise de conscience, et elle est dans le monde entier », observe Mounir Mahjoubi, qui souhaite non seulement que les géants du net se montrent plus transparents sur l’impact qu’ils ont sur les internautes, mais aussi qui ambitionne de transformer le rapport que l’on peut avoir face aux écrans.
Il est à noter que les plateformes n’ont pas nécessairement attendu la mise en place des états généraux sur les nouvelles régulations numériques pour commencer à lever le voile sur certaines informations. Depuis le 1er août, Facebook et Instagram indiquent le temps que vous passez sur chaque application. Fin août, YouTube a fait de même, à condition que l’historique du visionnage des vidéos soit activé.
Une approche similaire existe au niveau des systèmes d’exploitation mobile. Avec iOS 12, un indicateur de temps d’écran est disponible : il indique le temps passé sur les applis les plus utilisées, compare l’activité d’une semaine à l’autre, renseigne sur le jour en cours ou sur la semaine écoulée et ainsi de suite. Android aussi s’oriente dans cette direction avec Pie : un minuteur d’applications sera proposé.
Ces initiatives sont relativement bien accueillies par le secrétaire d’État : prenant le cas de l’outil proposé par Facebook, Mounir Mahjoubi déclare espérer « que quand les gens verront qu’ils ont passé cinq heures dessus, ça les aidera peut-être à se dire qu’il faut qu’il trouve un moyen de s’en éloigner un peu ». Si ce n’est pas suffisant, alors le législateur s’en mêlera.
Reste à savoir quel en sera le contenu. En la matière, le secrétaire d’État n’est pas entré dans les détails. Il a simplement pris l’exemple des mesures de prévention règlementées pour les jeux d’argent et de hasard. Parmi elles figurent la diffusion de messages sanitaires, l’obligation de mécanismes d’auto-régulation ou encore la possibilité de s’auto-interdire l’accès à ces jeux, sur une période choisie.
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