"C'est à ça qu'on reconnaît un bon ministre. On arrive dans son bureau furibard, et on ressort les mains vides mais avec le sourire", nous avait dit un excellent connaisseur des usages ministériels, après que la présidente de l'Hadopi fut ravie de son rendez-vous avec Fleur Pellerin. Malgré l'absence de toute promesse sur une augmentation de sa dotation budgétaire, Marie-Françoise Marais était sortie de son entrevenue avec l'hôte de la rue de Valois en saluant "le rétablissement du dialogue", et en disant même que la discussion avait "dépassé (ses) espoirs".

Une semaine plus tard, les espoirs de revalorisation du budget ont été douchés. Lors d'une première audition le 14 octobre dernier par la commission des affaires culturelles, la ministre de la culture avait laissé la porte ouverte en disant que "la discussion budgétaire pourra être l’occasion d’évoquer les difficultés rencontrées par cette autorité". Mais lors d'une nouvelle audition jeudi, Fleur Pellerin a refermé la porte. "Les arbitrages ont conduit à prévoir une subvention de 6 millions d’euros pour l’année prochain", et il n'y aura pas un centime de plus, a-t-elle prévenu.

Et l'Hadopi n'a pas pu compter sur le soutien de la commission des affaires culturelles, présidé par un Patrick Bloche (PS) qui n'a jamais caché son hostilité à la Haute Autorité — il faisait partie des quelques députés à s'être vaillamment battu contre sa création lors des débats parlementaires, quand le PS était encore dans l'opposition.

M. Bloche a estimé jeudi en présidant la séance que les 6 millions d'euros alloués à l'Hadopi étaient suffisants pour remplir ses missions, ce qui a fait sursauter la présidente Marie-Françoise Marais. Laquelle a rendu publique un courrier (.pdf) envoyé ce vendredi, dans lequel elle charge le député et la commission des affaires culturelles.

"Compte tenu du fait que la commission que vous présidez n'a pas souhaité entendre l'Hadopi depuis octobre 2011, mais aussi de vos refus répétés face aux sollicitations de dialogue avec mes services, je m'interroge sur les éléments qui fondent cette analyse", écrit-elle, pour demander à nouveau une audition. 

La présidence espère que l'amendement présenté notamment par Franck Riester, qui prévoit d'augmenter de 1,5 millions d'euros la dotation, sera adopté en séance plénière. Mais les espoirs sont maigres. 


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