Le Parti pirate ne pourra pas accéder dans l'immédiat au statut d'observateur à l'OMPI. Certaines délégations s'y sont en effet opposées, visiblement parce que la formation politique ne partage pas les mêmes vues que l'OMPI.

Le Parti pirate ne pourra pas accéder au statut d'observateur au sein de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Du moins, pas dans l'immédiat. La raison ? Certaines délégations estimeraient que le Parti pirate ne soutient pas les objectifs de l'OMPI, selon le compte-rendu de James Loves, le président de l'ONG Knowledge Ecology International (KEI).

Il est vrai que l'OMPI et le Parti pirate ne sont pas sur la même longueur d'onde. Lorsque le premier célèbre la journée mondiale de la propriété intellectuelle, le second met en garde contre l'utilisation abusive de cette notion (qui se retrouve dans l'identité même de l'agence onusienne). Lorsque le Parti pirate demande un assouplissement du droit d'auteur, l'OMPI y voit une perspective négative.

Effectivement, l'OMPI et le Parti pirate ne partagent pas une vision commune et ont parfois des objectifs opposés. Mais faut-il exclure ceux qui ne pensent pas de la même façon ? Faut-il se satisfaire d'un confortable entre-soi ? Il faut croire que c'est l'option privilégiée par quelques représentations nationales, peut-être soucieuses de ne pas être sous l'œil scrutateur du Parti pirate.

Selon James Loves, toutes les autres candidatures ont été acceptées sauf celle du Kenya innovation Council. C'est le groupe B de l'OMPI s'est opposé au Parti pirate ; celui-ci rassemble les USA, l'Europe de l'Ouest, le Canada, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, Israël, la Turquie, la Suisse, la Norvège et le Vatican.

L'opposition de l'Occident, au sein duquel les branches locales du Parti pirate obtiennent les meilleurs scores électoraux, s'était déjà manifestée l'an dernier. Trois délégations (USA, France, Suisse) avaient soulevé des objections à la perspective de voir le Parti pirate bénéficier du statut d'observateur, estimant que ce dernier ne pouvait revenir à un parti politique. Les observateurs ne pourraient être que des OIG ou des ONG.

Pourtant, le site de l'OMPI ne semble pas interdire aux partis politiques de participer. L'OMPI "est favorable à la participation […] d'organisations parties prenantes et de groupes d'intérêts aux réunions officielles des États membres. Elle s'emploie également à associer le plus largement possible […] toutes les autres parties prenantes aux processus de consultation et aux débats consacrés à des sujets d'actualité".

À la lecture de ce que doit être un observateur à l'OMPI, on ne voit pas en quoi le Parti pirate – un groupe d'intérêt – ne peut pas à son tour être partie prenante aux processus de consultation et aux débats consacrés à des sujets d'actualité… vu que les sujets du Parti pirate sont en grande partie les mêmes que ceux de l'OMPI. En outre, le Parti pirate International se voit comme une ONG "supportant les partis pirates tout autour du monde".

James Loves note toutefois qu'au sein du Conseil économique et social des Nations unies, plusieurs formations politiques (sociaux ou libéraux) ont obtenu un statut d'observateur et que leurs idéologies respectives n'a pas empêché l'organe onusien de fonctionner. Pour le présiddent de l'ONG, cette situation est quelque peu hypocrite, surtout au regard des propos publics tenus par les USA sur la liberté et la censure.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.