Le Roskomnadzor, tristement célèbre dans nos colonnes, a encore frappé.
Cette fois-ci, ce ne sont pas des services étrangers qui sont dans le viseur du chien de garde de l’Internet russe, mais la messagerie anciennement russe, Telegram, fondée par les Russes Pavel et Nikolay Durov dont le siège est désormais allemand.
Aleksandr Zharov, à la tête de l’agence de régulation des télécommunications a en effet fait savoir, ce vendredi matin, dans la presse russophone que l’échec des négociations entre les Durov et l’agence condamne le service de messagerie à se plier aux règles russes ou à être bloqué et censuré sur le web local. « Je suis dans l’obligation de reconnaître que nous avons épuisé les voix de négociations avec l’équipe de Telegram », concède le fonctionnaire.
Pour le Roskomnadzor, le logiciel viole les lois russes. Et en effet, les Durov devraient, selon la réglementation nationale, envoyer les données des utilisateurs russes à l’agence de surveillance afin de participer au registre national. Cette participation au registre est selon le chien de garde la seule condition pour travailler « dans le respect de la loi russe ».
Pour le moment, l’agence russe précise n’avoir reçu aucune réponse de la part de l’équipe de la messagerie. Et Zharov avance déjà des menaces. Dans le cas d’un refus ou d’une fin de non recevoir, la Fédération passera à la vitesse supérieure : «Telegram sera bloqué en Russie jusqu’à ce que nous recevions les informations requises. Le temps accordé par la loi au Roskomnadzor pour qu’il prenne cette décision est bientôt écoulé », prévient-il.
Si Telegram répond à la demande officielle, l’application devra remettre au Kremlin les historiques des discussions et les clefs de chiffrement des utilisateurs russes (ce que Telegram n’a probablement pas). En effet, un projet de loi du 9 juin, en attente à la Douma, prévoit d’ajouter à la réquisition des historiques, celle des clés de chiffrement des russes.
Rappelons que ces pressions politiques avaient poussé les Durov à quitter et la Russie, et la tête de Vkontakte, le réseau social qu’ils avaient créé mais que le régime a plus ou moins récupéré dans la main de ses créateurs.
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