Les instances dirigeantes du Parti Pirate ont décidé de rejeter une motion qui proposait aux Villeneuvois de faire obstacle à l'élection du candidat FN Etienne Bousquet-Cassagne lors du second tour de l'élection législative partielle de la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne, à Villeneuve-sur-Lot. Une décision qui a poussé l'une des cadres du Parti à la démission.

Le Parti Pirate s'offre une mini-crise politique en guise de dégâts collatéraux à l'affaire Cahuzac et à la succession de l'ancien ministre et député du Lot-et-Garonne. Alors que son candidat Cédric Levieux n'a réuni au premier tour que 0,19 % des suffrages exprimés, avec 62 voix sur 34 488 votants, le Parti Pirate a décidé jeudi de ne pas prendre position dans le second tour de l'élection législative partielle à Villeneuve-sur-Lot. Elle opposera le candidat du Front National Etienne Bousquet-Cassagne et le candidat UMP Jean-Louis Costes.

Dès l'annonce des résultats le 17 juin dernier, Cédric Levieux avait écrit qu'il refusait "pour l'instant" de donner une consigne de vote, en expliquant que "celles et ceux qui ont voté Pirate savent qu’ils sont libres de leur choix". "Je vais tâcher de fournir un petit questionnaire aux finalistes afin qu’ils puissent librement (eux aussi, il va sans dire) y répondre et montrer ainsi leurs positions sur les questions et positions du Parti Pirate. Cela sera peut-être profitable pour celles et ceux qui se demandent pour qui voter pour le second tour, qu’ils aient ou non voté pour le Parti Pirate… mais n’ayez pas trop d’illusions", ajoutait-il, dans un appel à peine voilé à voter blanc.

"Les deux derniers candidats encore en lice n’ont pas signé la charte Anticor … cela aide, n’est-ce pas ?", faisait-il remarquer.

Mais au sein des instances nationales du Parti Pirate, où toutes les discussions ont la particularité d'être rendues publiques dans des archives, la position à prendre a fait débat. "Le FN est un parti ouvertement contre les Droits de l'Homme, sceptique vis à vis de la démocratie, nous devons nous positionner clairement", implorait ainsi Antigone, coordinatrice du Parti Pirate en Bretagne. Mais pour Raphaël Isla, qui fut candidat en Midi-Pyrénées, la même chose peut être dite de l'UMP. Un avis largement partagé par les débatteurs.

"J'ai franchement du mal à dire que dans les faits le FN ce sont des gros connards alors que pour l'UMP c'est bon", répond lui-même Cédric Levieux. "S'il faut la merde servie au peuple pour qu'il comprenne que le FN c'est fascisme et compagnie… un député c'est pas si cher payé."

Un membre du Parti Pirate, Olivier Soares, tente de modérer. "Non la droite et l'extrême-droite ce n'est pas exactement kifkif. C'est maintenant qu'il faut montrer qu'on est un vrai parti politique et pas la bande de rigolos à laquelle on nous a injustement ramenés. Soyons un peu matures pour une fois. Si on commence à poser des questions au FN ça donne l'image qu'on est complètement naïfs."

Finalement, une motion visant à appeler les électeurs à "faire massivement barrage au représentant de l'extrême droite", tout en ayant "pas la moindre illusion sur la politique de Monsieur Costes", a été rejetée par   les cadres du parti, à 5 voix contre 3, et 2 abstentions.

Immédiatement, Clemencee, la coordinatrice du Parti Pirate dans les Pays de la Loire, qui avait proposé la motion, a annoncé sa démission. D'autres pourraient suivre.

Les démissionnaires ne pourront pas créer de Parti Pirate alternatif, sauf à adopter un nom radicalement différent, puisque le Parti Pirate a décidé de déposer son nom en tant que marque protégée par la propriété intellectuelle.

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