Depuis l’attentat à l’explosif survenu le 22 mai à Manchester, qui a fait une vingtaine de morts à la sortie d’un concert d’Ariana Grande, les éléments de l’enquête qui ont été communiqués par la police ou qui ont fuité dans la presse n’ont pas permis pour l’instant de montrer que l’auteur de l’attaque et ses complices éventuels ont utilisé les réseaux sociaux pour s’organiser.
Pour autant, le gouvernement britannique semble d’ores et déjà déterminé à mettre la pression sur les géants du net. Selon le Guardian, Theresa May entend demander aux grandes entreprises de la Silicon Valley de s’impliquer encore davantage dans la lutte contre les discours haineux, notamment en supprimant plus rapidement les contenus litigieux dès qu’ils sont signalés par les internautes.
« La première ministre va dire que la menace à laquelle nous faisons face évolue au lieu de disparaître, alors que Daech est en train de perdre du terrain en Irak et en Syrie. Le combat se déplace du champ de bataille à Internet », a expliqué une source gouvernementale haut placée au journal britannique. Et Theresa May entend bien rallier les autres pays membres du G7 à son point de vue.
« En particulier, elle veut utiliser le sommet du G7 pour demander à ses membres d’adopter une approche collective en travaillant avec les entreprises technologiques sur cet agenda et elle dira que [cette] industrie a une responsabilité sociale de faire plus pour enlever les contenus litigieux de ses réseaux », a-t-il précisé. Le sommet du G7 a lieu cette année en Sicile, du 26 au 27 mai.
Les géants du net ont une responsabilité sociale de faire plus pour enlever les contenus litigieux de leurs réseaux
Pour l’heure, la stratégie de Theresa May est d’obtenir l’engagement volontaire des géants du net. Cependant, le gouvernement britannique n’écarte pas l’idée de faire voter toutes les lois nécessaires qui permettraient de sanctionner financièrement les entreprises du numérique qui ne font pas suffisamment d’efforts pour effacer tous les contenus faisant l’apologie du terrorisme.
Lorsqu’elle était ministre de l’Intérieur, Theresa May avait en septembre 2014 annoncé sa volonté de créer un dispositif pour que les juges puissent interdire à des individus jugés extrémistes de diffuser des messages sur les réseaux sociaux sans autorisation préalable. Elle avait été solidaire d’un texte anti-terroriste de David Cameron quand il était premier ministre, pour lutter contre des contenus jugés nocifs sur le net.
Bien avant l’émergence de l’État islamique, Theresa May s’était déjà préoccupée du rôle des réseaux sociaux dans certains troubles sociaux. En 2011, la ministre de l’Intérieur avait ainsi organisé une réunion avec des sociétés ayant conçu des services de communication (Facebook, Twitter, BlackBerry) pour faire le point après les émeutes qui avaient éclaté à Londres et dans d’autres grandes villes du pays.
Les principales plateformes qui pourraient être concernées par les exigences de May proposent déjà divers outils de signalement des contenus litigieux. Elles disposent aussi de divers procédures qu’elles activent en cas de sollicitations d’autorités administratives et judiciaires, pour des transferts de données ou bien pour procéder à la suppression de certaines informations.
Mais ces procédures ne sont pas forcément automatisées : il peut y avoir un délai avant que des demandes soient traitées. En outre, des écarts peuvent être observés d’un pays à l’autre et certaines règles peuvent ne pas être appliquées uniformément ou correctement. On l’a ainsi vu avec Facebook, dont les règles de modération ont été exposées sur la place publique, qui emploie pourtant des milliers de modérateurs.
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