La figure d’Edouard Philippe ne marque pas encore les esprits. Ce député, énarque de 46 ans et très proche d’Alain Juppé est pourtant désormais premier ministre. Nommé par Emmanuel Macron, cet élu LR porte un bilan positif concernant les libertés individuelles sur le web.

Emmanuel Macron s’est-il intéressé aux positions d’Edouard Philippe concernant le web ? Peut-être pas, et pourtant, c’est à nos yeux une particularité de ce nouveau premier ministre. En effet, le futur locataire de la chancellerie a marqué le quinquennat précédent par des engagements forts pour le respect des libertés individuelles sur le web à deux moments importants.

Contre la loi de programmation militaire

Nous sommes au début du quinquennat Hollande lorsque la Loi de programmation militaire inquiète par son article 13. Promulguée par le gouvernement Ayrault, cette réforme contient une autorisation pour l’État de procéder à des collectes sur les réseaux, en temps réel et sans contrôle judiciaire. Dénoncée dans l’hémicycle, la loi entraine une saisine du Conseil Constitutionnel par le groupe d’opposition, alors UMP. Parmi les soixante députés ayant saisi les sages pour faire vérifier la constitutionnalité du texte du gouvernement socialiste, nous trouvons Edouard Philippe. En fin de compte, le président du groupe de droite finit par bloquer la saisine, mais derrière M. Bertrand, le nouveau premier ministre fait figure de frondeur dans sa famille politique sur la question du web.

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Contre la loi renseignement

Une coïncidence provoquée par une démarche d’alliances ? Probable, toutefois, le Maire du Havre récidive en 2015 avec la Loi Renseignement. Il vote contre la loi, comme seulement 35 députés UMP (sur 198). Et se fendait, dans Atlantico, d’une tribune le 8 avril 2015 sur les libertés individuelles. Notons qu’il se félicitait à l’époque de « l’unité nationale » créée par le gouvernement — une idée qui fera son chemin jusqu’à Matignon visiblement — mais tançait les dérives d’un texte « voté dans l’urgence ».

Le député se questionne alors, avec une précision technique toujours bienvenue dans la bouche d’un élu : « Croit-on réellement que l’instrumentalisation des hébergeurs et des prestataires de cryptologie, que le blocage des sites et la surveillance systématique des données personnelles – pardon, il ne s’agirait que des données de connexion ! – suffiront à réduire un adversaire qui dispose dorénavant de bases territoriales étendues, de moyens financiers significatifs et de solidarités nombreuses et actives ?  »

« pardon, il ne s’agirait que des données de connexion ! »

Le Premier Ministre œuvrera-t-il à la mise à mort du fichier TES comme l’a appelé Mounir Mahjoubi ? L’avenir nous le dira. Notamment son avenir politique car parmi les tâches qui attendent l’élu de droite, les législatives apparaisse comme la première urgence. Il devra assurer à M. Macron une majorité présidentielle alors que la France n’a pas encore tranché l’équilibre politique des cinq ans à venir.

De son côté, Twitter (et nous avec) s’amuse de sa ressemblance avec Trevor, le personnage complètement barré de GTA V.


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