Benoît Hamon présentait aujourd’hui plus en détail son programme pour l’élection présidentielle. À cette occasion, le candidat du Parti socialiste a précisé les objectifs de sa taxe sur les robots.

C’est l’une des innovations de cette campagne présidentielle. Dans son programme, Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste, propose une taxe sur les robots. L’idée ? Faire en sorte que les machines contribuent au financement de la protection sociale, par exemple pour alimenter le revenu universel d’existence, une autre proposition originale du vainqueur de la primaire citoyenne.

Cependant, les contours de cette taxation des machines restaient encore assez flous. Une imprécision que Benoît Hamon s’est efforcé de chasser jeudi 16 mars lors de la présentation officielle de son projet politique. À l’occasion d’un discours prononcé à la Maison de l’Architecture, à Paris, le champion du PS pour l’élection présidentielle a livré quelques éléments de clarification.

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CC Mathieu Delmestre

Lui président, Benoît Hamon mettra en place une taxation sur les robots de façon à financer un fonds qui devra accompagner les personnes remplacées par une machine à retrouver le chemin de l’emploi. L’objectif est ambitieux : il s’agit de compenser exactement le nombre d’emplois pris par les machines par la création de nouveaux postes, idéalement dans des secteurs peu susceptibles d’être robotisés.

Manifestement, la piste initiale consistant à se servir de la taxe des robots pour lancer le revenu universel d’existence semble aujourd’hui délaissée. En tout cas, elle entre en concurrence avec l’idée que les sommes obtenues avec ce prélèvement serviront à négocier le plus en douceur possible ce nouveau virage technologique dans le monde du travail.

Un fonds financé par une taxe sur les robots pour aider le retour à l’emploi pour les personnes remplacées par une machine

Cette réorientation du fruit de cette taxe a également été esquissée à l’occasion d’un entretien accordé au Parisien. « Je propose que la richesse créée par les robots serve à financer un fonds de transition travail dédié à la formation au retour vers l’emploi des personnes dont le travail est désormais effectué par une machine intelligente », a-t-il déclaré, en insistant sur le fait qu’il n’est pas le seul à le dire.

Le candidat socialiste s’est en effet appuyé sur deux grandes figures de l’industrie high tech américaine, à savoir Bill Gates, le fondateur de Microsoft, et Elon Musk, qui a donné naissance à une série d’entreprises à succès (PayPal, SpaceX, Tesla…), qui tiennent un discours assez proche sur ce sujet. Benoît Hamon a aussi convoqué l’OCDE pour asseoir le sérieux de sa proposition.

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CC Dan Ruscoe

Au sein de l’Union européenne, ces questions sont aussi d’actualité. Dans un rapport signé par Mady Delvaux, une eurodéputée luxembourgeoise, la Commission européenne est invitée à « envisager la nécessité de définir des exigences de notification de la part des entreprises sur l’étendue et la part de la contribution de la robotique et de l’intelligence artificielle à leurs résultats financiers, à des fins de fiscalité et de calcul des cotisations de sécurité sociale ».

Reste à savoir si les solutions de Benoît Hamon seront pertinentes. Mais le diagnostic, lui, a l’avantage d’ouvrir le débat.

« Est-ce que l’équation de Schumpeter — la destruction créatrice — fonctionne encore ? En partie oui, l’innovation technologique va déplacer certains emplois ailleurs. Mais il y a aussi de la destruction destructrice, strictement. Dès lors, comment s’adapte-t-on pour financer le retour à l’emploi des personnes qui ont été remplacées par des robots ? », conclut-il.


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