Google prévoit de déployer encore des mises à jours majeures de son moteur de recherche, qui impacteront de façon importante le classement de millions de sites internet, du jour au lendemain. Un comportement qui porte préjudice à un pan entier de l'économie numérique.

En fin d'année dernière, nous avions publié un article qui avait fait beaucoup réagir, sur l'irresponsabilité du comportement de Google en tant qu'agent économique. Il semble que depuis la situation ne s'est pas améliorée et même, qu'elle empire.

Google, en tant qu'entreprise privée, a évidemment le droit de modifier ses algorithmes comme bon lui semble, pour améliorer la pertinence de ses résultats, favoriser ses propres services (dans la limite de l'abus de position dominante), ou même pour plaire à des partenaires chatouilleux. Il n'a, juridiquement parlant, de compte à rendre à personne sur la neutralité et la pertinence des résultats qu'il propose. 

Prétendons même, soyons naïfs et surtout aveugles, que Google ne réalise ces changements d'algorithmes que dans le seul intérêt de ses utilisateurs, sans jamais chercher à écarter ce qu'il voit comme une concurrence.

Le poids de Google dans l'économie numérique est tel que tout changement majeur de son algorithme a un effet notable sur un nombre très important d'acteurs de cette économie. Certains gagnent avec les changements de Google, d'autres perdent. Mais depuis quelques années, et le phénomène s'accentue, ceux qui perdent perdent beaucoup plus, beaucoup plus vite, en beaucoup plus grand nombre. L'éléphant n'a aucun égard pour la porcelaine.

En effet, alors qu'il appliquait à un rythme très régulier ses retouches, infimes et donc souvent indolores, Google a décidé de changer de stratégie. Désormais, la formule du moteur de recherche est mise à jour peu souvent dans ses fondamentaux, mais avec un impact beaucoup plus fort. Encore ces derniers jours, Matt Cutts – le "monsieur SEO de Google" – a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à une nouvelle mise à jour avant un long moment, mais que la prochaine serait encore plus massive, avec un tout un ensemble de paramètres modifiés ou ajoutés.

Peu importe que ces mises à jour soient légitimes ou non. Le fait est qu'avec ce comportement brutal, Google fait régner la terreur chez des milliers de chefs d'entreprises qui vivent la peur au ventre, avec la crainte de se coucher le soir avec une certaine chalandise et de se réveiller le matin avec un apport de clientèle évanoui de moitié. En tant qu'agent économique de premier plan, ce comportement a un effet macro-économique potentiellement désastreux.

"Ne pas dépendre de Google". Simple à dire. Plus dur à faire.

Mettez-vous dans la peau d'un chef d'entreprise, à qui l'on répète de ne pas dépendre de Google, dans un marché où les faits restent malgré tout têtus (plus de 90 % des recherches sont faites sur Google en Europe). Que faites-vous lorsque malgré vos efforts de diversification, plus de la moitié de votre chiffre d'affaires provient des ventes réalisées en provenance de Google ? Refusez-vous ces ventes pour ne pas dépendre de Google ? Investissez-vous sereinement les gains obtenus via Google dans des projets de développement à long terme de votre entreprise ? Ou freinez-vous vos embauches et vos investissements pour ne pas vous retrouver à sec le jour où votre entreprise subira à son tour un changement d'algorithme majeur de Google, et perdra la moitié de son chiffre d'affaires en un claquement de doigts ?

Quand du jour au lendemain les règles du jeu peuvent changer, comment pilotez-vous votre stratégie ?

Des dizaines de milliers d'entreprises travaillant dans l'économie numérique évoluent avec ces choix cornélien en tête, et n'investissent pas sereinement, ou de façon cohérente.

C'est exactement comme si toute une zone commerciale vivait avec la crainte que les routes soient coupées, ou que les arrêts de bus soient démontés. Reprocherait-on aux commerçants d'avoir monté une entreprise qui dépend des transports routiers ?

Google n'a clairement pas pris la mesure de la responsabilité économique majeure qui est la sienne. Et il n'est malheureusement pas certain que les pouvoirs publics aient une réponse à y apporter.

(mise à jour : beaucoup de lecteurs nous les demandant régulièrement, voici des alternatives à Google)

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