Jeudi, une jeune étudiante de 19 ans a été arrêtée par la police de Bryan, au Texas, après que son véhicule est venu percuter l’arrière de la voiture des policiers. Lorsqu’ils sont venus la voir, la jeune fille aurait eu son « soutien-gorge défait » et aurait expliqué aux agents qu’elle était en train de prendre un selfie pour l’envoyer à son petit ami via Snapchat.
L’histoire aurait pu en rester à une simple anecdote que se racontent les collègues au commissariat. Le Département de Police de Bryan a toutefois voulu en faire un exemple à ne pas suivre, pour tous les jeunes qui seraient tentés de sexter au volant. Jusque là, tout va bien.
Mais alors qu’ils auraient pu se contenter d’un communiqué générique qui racontait l’histoire sans désigner l’identité de la demoiselle en question, la police a carrément publié son « mugshot ». Sa photo est brandie sur les réseaux sociaux, pour que le monde entier puisse la voir, et que tous ses collègues de fac puissent savoir que c’est elle qui expose ainsi sa poitrine devant son téléphone mobile. Les proches du petit ami, eux-aussi, peuvent désormais savoir que le couple échange ce type de messages.
Dissuader de conduire en état d’ivresse
Sur Facebook, où elle dispose de plus de 140 caractères pour faire honte à l’individu, la police texane communique explicitement le nom de la jeune fille, et raconte qu’elle a été remise en liberté après le versement d’une caution de 2 000 dollars. Elle a été arrêtée pour conduite en état d’ivresse. Mashable précise à cet égard qu’une bouteille de vin ouverte aurait été découverte dans la voiture.
Selon le Département du Transport de l’état du Texas, une personne est blessée ou tuée toutes les 20 minutes au Texas, dans des accidents provoqués ou aggravés par la consommation d’alcool. La loi prévoit une amende de 2 000 dollars en cas de première infraction, la suspension du permis de conduire, entre trois et 180 jours de prison, et une pénalité de 1 000 ou 2 000 dollars par an pendant trois ans pour renouveler son permis de conduire. En cas de récidives, les peines sont aggravées et peuvent aller jusqu’à 10 ans de prison.
C’est la soumettre à un harcèlement en ligne et hors ligne
L’histoire ne dit pas si la jeune femme a donné son accord pour que sa photo soit ainsi diffusée, en échange d’une réduction de peine.
Sur la page Facebook, la décision de la police fait débat. « Je suis heureux de ne pas avoir grandi à une époque où la police municipale vous met sous le feu des critiques du monde entier pour avoir fait une erreur, fut-ce une erreur très sérieuse », s’indigne ainsi un internaute. « Qu’importe tant que ça génère des followers supplémentaires sur la page, n’est-ce pas ? », demande-t-il. Dans le même sens, un autre prévient que cette pratique « soumet de façon injuste cette fille à un harcèlement en ligne et hors ligne et pourrait certainement avoir un impact négatif sur sa recherche de travail ou de stages ».
De fait, une page a déjà été créée au nom de la jeune fille, où d’autres photos d’elle sont présentées. Le lien a été donné par un internaute qui écrit qu’elle « est sexy », et son commentaire n’a pas été effacé par la police de Bryan.
Mais pour d’autres, la fin justifie les moyens. « Je préférerai être mise sous le feu de critiques avec lesquelles je peux vivre et que je peux corriger, plutôt que d’avoir tué un policier, et perdre mon diplôme d’ingénieure que d’être sous les barreaux », oppose une internaute. « C’est juste une leçon dans la vie, que les gens vont oublier, et elle pourra passer son diplôme et se faire plus de 100 000 dollars par an ! La vie, c’est toujours une question de leçons ».
Toutefois on rappellera que Google ne reconnaît pas aux États-Unis de droit à l’oubli, pas plus que Facebook. Son nom restera donc potentiellement associé à vie à cette anecdote malheureuse, lorsque des employeurs ou des amis chercheront à en savoir plus sur elle.
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